homélie du 4e dimanche de l’Avent, 18 décembre 2016

Quand{joomplu:169} Dieu, voyant les difficultés dans lesquelles l’homme se débat, se propose de venir à son aide, la tentation première de l’homme est de vouloir se débrouiller par soi-même, sans sauveur, sans accepter de dépendre de Dieu. On le voit aujourd’hui dans la réaction d’Acaz : « non je ne demanderai pas de signe ! » (Is 7,12). On pourrait penser que cette réaction manifeste la grandeur de l’homme, à qui Dieu a donné une intelligence et une liberté pour qu’il soit le « père de ses actes », qu’il agisse de façon responsable. Mais en fait l’attitude de celui qui refuse un sauveur est comparable à l’entêtement de celui qui préfère rester dans une citerne plutôt que d’accepter qu’on lui tende une échelle.

Qu’est-ce que Dieu répond ? « le Seigneur lui-même vous donnera un signe » (Is 7,14). Finalement, Dieu n’a pas demandé notre avis. On le voit avec ce qui arrive à Marie et Joseph. À Marie, l’ange dit : tu vas concevoir un fils, il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut (Lc 1,31). De son côté, Joseph essaie de digérer la chose en « homme juste ». On le voit d’abord avoir des égards pour Marie qui se retrouve enceinte d’un autre que lui (Mt 1,19). Et ensuite, quand il sait que c’est de Dieu, il prend chez lui Marie, il accepte que tout son projet de vie soit chamboulé. Parce que ce qu’il cherche avant tout c’est de faire de la place à l’œuvre de Dieu dans le monde, quels que soient les inconvénients pour lui. Le juste fait une place à Dieu qui vient sans lui demander son avis. Il n’interpose pas sa volonté, ses réticences, ses peurs, mais la confiance le porte toujours plus loin.

Le signe que Dieu donne, c’est un enfant. Non pas un sauveur tout fait, accompli, qui n’a plus qu’à prendre les rênes du pouvoir. Dieu vient en enfant, un embryon, un fœtus, qui doit naître, grandir, se développer, et d’abord être accueilli dans un monde qui acceptera de lui faire une place. La visite de Dieu est sous forme d’une espérance, sous forme de quelque chose qui est en train de s’accomplir. C’est ainsi dans nos vies aussi. On ne voit pas le produit tout fait de l’action de Dieu en nous, mais c’est plutôt une histoire progressive que Dieu tisse en nous au fur et à mesure des pas que nous faisons avec lui.

Dans la seconde lecture, Saint Paul ne nous parle pas que d’un enfant. Il parle aussitôt de sa résurrection des morts, qui est la grande raison pour laquelle il se met à annoncer l’Évangile « pour que son Nom soit reconnu » (Rm 1,5). Nous n’allons pas fêter le petit Jésus mais Dieu qui vient dans le monde, qui ne l’abandonne pas à ses soubresauts car il l’aime. Nous allons fêter la venue de celui qui sera vainqueur de la souffrance et de la mort. Dans notre vie intérieure aussi, laissons le Christ aller jusqu’au bout de son œuvre. Jésus naît et grandit en nous. Il agit et il sauve. À chaque eucharistie il meurt et ressuscite en nous. À chaque confession il guérit nos blessures, et chaque jour il attend que notre cœur s’unisse à son cœur. Ainsi nous deviendrons lumière pour ceux qui nous entourent et qui cherchent une espérance. Laissons le Seigneur habiter en nous par toute sa puissance.