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Immaculée Conception, messe des équipes Notre-Dame

le 8 décembre 2007

Nous réunissons les équipes Notre-Dame le jour de la fête de l’Immaculée Conception et nous pourrions nous laisser questionner par ce choix. Pourquoi aujourd’hui ? L’Immaculée Conception de Marie, c’est un peu la fête de toute l’humanité dans sa beauté, toute l’humanité telle que Dieu la prévoyait et telle qu’il l’a restaurée. Aujourd’hui nous fêtons, non pas la conception virginale de Jésus, comme le texte d’évangile nous le laisserait croire, mais le fait que Marie, lors de sa conception à elle, n’a pas hérité du handicap commun à nous tous du péché originel.

Ce péché originel, qu’est-ce que c’est finalement ? Nous découvrons que lorsque nous nous laissons aller à notre spontanéité, à nos penchants premiers, ce n’est pas toujours vers le bien que nous nous dirigeons. Et même, vivre dans l’amour est parfois difficile, coûteux, et paraît contre nature. C’est cela finalement, le péché originel : cette profonde résistance à vivre seulement dans l’amour. Dans la vie conjugale spécialement on fait l’expérience de ce péché originel, de cette difficulté du bien et de l’amour, du fait que si on ne cherche pas constamment à remonter une certaine pente de lassitude et d’égoïsme on s’éloigne de l’union dans l’amour.

Aujourd’hui nous fêtons la bonne nouvelle suivante : quelqu’un de notre humanité, Marie, a été exempte de cet héritage pénible : le mal ne nous colle pas à la peau comme nous en avons parfois l’impression. Notre beauté intérieure est plus fondamentale, plus profonde, elle est nous, tandis que notre tendance au péché est une couche plus superficielle, qui n’adhère pas à notre cœur pour toujours. Cela ouvre pour nous une espérance : tous nos combats pour mieux aimer ne sont pas vains, ils trouveront un jour leur accomplissement en nous, un jour nous serons débarrassés de cette difficulté.

Nous nous rappelons de cela dans ce rassemblement de couples et de familles, et c’est très important car Jésus a fondé l’union du couple chrétien sur une vision de l’homme capable encore d’aimer comme Dieu l’envisageait dans son projet initial, capable d’aimer comme si le péché ne pesait pas lourdement sur nos vies : « au commencement de la création », dit-il à propos du mariage, « Dieu les fit homme et femme. A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu’un. Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni. » (Mc 10,7-9)

Dans le mariage chrétien, on est appelé à vivre une prouesse d’amour, un maximum d’amour, au point de dépasser cette lourdeur et ce repli sur soi qui nous empêchent d’aimer. Au vu de nos limites, cela semble impossible, et beaucoup en ont tiré cette conclusion. Aujourd’hui nous sommes venus nous imprégner de cette espérance : rien n’est impossible à Dieu.

Oui, rien n’est impossible à Dieu, et ce n’est pas dramatique de reconnaître ce fait universel : c’est vrai que je n’aime pas mon conjoint comme il ou elle l’attend ; c’est vrai qu’il ou elle ne m’aime pas comme je l’attends ; mais nous pouvons aller plus loin, rien n’est impossible à Dieu, nous pouvons faire de nouveaux pas l’un vers l’autre, inventer d’autre chemins encore pour nous rencontrer, pour nous ouvrir l’un à l’autre. Dans le combat contre le mal, dans le combat pour aimer, dans le combat pour nous ouvrir à l’autre, nous serons parfois blessés : le serpent blessera la descendance d’Ève au talon, dit le récit de la Genèse, et parfois cela nous handicape pour marcher. Mais le récit dit que nous blesserons le serpent à la tête, et dans tous les triomphes d’amour qui ont lieu dans vos couples ce n’est pas seulement une victoire personnelle que vous remportez mais vous faites progresser le Royaume de Dieu dans le monde et dans beaucoup d’autres cœurs, mystérieusement, parce que vous vous êtes ouverts à l’amour.

Pour aller de l’avant sur ce chemin, nous trouvons dans les points concrets d’effort proposés par le mouvement de quoi ne pas nous enliser. A chacun et à chaque équipe de voir comment renouveler son approche de ces points concrets, et de les présenter à Dieu dans cette espérance : rien n’est impossible à Dieu !