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les valeurs chrétiennes partent du centre de la personne

Nous nous interrogeons beaucoup, ces derniers jours, sur les valeurs chrétiennes. Et ça tombe bien pour nous que le Christ aujourd’hui vienne nous redire ce qui vaut vraiment pour lui. La première valeur chrétienne c’est de cultiver l’amour de Dieu. Et pas de le cultiver simplement à l’occasion quand il nous reste du temps ou de l’énergie, mais de tout notre cœur, de tout notre esprit, de toute notre âme, de toutes nos forces. La deuxième valeur chrétienne est l’amour du prochain, comme l’amour de soi-même.

La première valeur chrétienne, c’est l’amour de Dieu. Parfois, parce que l’on voulait éviter un amour de Dieu qui serait une évasion dans un paradis artificiel, une sorte d’opium du peuple, on a dévalué l’attachement premier à Dieu, on en a fait un accessoire pour chrétien de luxe, tandis que le chrétien normal serait surtout celui qui s’engage pour son prochain, y compris à l’heure de la messe du dimanche. Je ne crois pas qu’on puisse faire rentrer cette conception dans le cadre de l’évangile, au vu de ce que Jésus nous dit aujourd’hui. Pourtant, saint Jean fait bien d’insister envers nous tous lorsqu’il écrit dans sa lettre : Nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier. Si quelqu'un dit : « J'aime Dieu », alors qu'il a de la haine contre son frère, c'est un menteur. En effet, celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, est incapable d'aimer Dieu, qu'il ne voit pas. Et voici le commandement que nous avons reçu de lui : celui qui aime Dieu, qu'il aime aussi son frère. (1 Jn 4,19-21)

Jésus nous commande d’aimer Dieu parce que le rapport qui convient entre nous et Dieu c’est l’amour. Pour bien le sentir, nous pouvons nous demander tout ce que ce rapport avec Dieu n’est pas.

Il n’est pas un rapport de rivalité, où je ne vis qu’en disputant à Dieu tout avis sur ma vie, sur ma conduite, où je ne suis libre que parce que je m’oppose à Dieu ou que je le nie.

Il n’est pas un rapport de soumission peureuse, où je crains le péché, et par-dessus tout le péché en matière sexuelle, parce que j’imagine que je ne mérite pas le pardon mais seulement la sanction.

Il n’est pas un rapport de respectueuse distance, où je considère que Dieu me laisse libre et que j’ai juste à ne pas trop l’embêter pour pouvoir faire toutes mes petites histoires, moyennant quelques messes du dimanche.

Non, le rapport qui convient entre nous et Dieu, le rapport que nous ne pouvions pas inventer nous-mêmes, c’est un rapport d’amour.

Envers Dieu, envers mon prochain c’est-à-dire tous ceux qui sont à ma portée, le bon rapport est l’amour. Mais comment aimer ? Pour une part, nous ne sommes pas maîtres de l’amour, et nous penserions d’ailleurs que l’amour ne se commande pas. Sûrement, l’amour est un élan que Dieu lui-même met en nous, et c’est pour cela que l’amour commence par lui. Mais il y a une part qui nous incombe : aimer, c’est rendre son cœur disponible. Disponible pour Dieu, disponible pour chacun. Nous pouvons nous demander chacun : mon cœur est-il disponible, ou est-il bien à l’abri derrière toutes sortes de murs et de portes verrouillées ?

Nous avons inventé bien des moyens de nous dérober à nos semblables et à Dieu, que ce soit dans notre famille ou par rapport à tous ceux qui sont au loin. Pourtant nous ne vivrons vraiment qu’en ouvrant notre cœur. Notre cœur est le bien le plus précieux que Dieu nous a fait. Savoir à quoi nous appliquons notre cœur est le choix le plus grand que nous faisons. Pour pousser dehors tous les soucis et inquiétudes qui peuvent assiéger notre cœur, nous pouvons implanter un souci nouveau, un souci aimant de l’un et l’autre qui sont là près de moi et aussi de ceux qui sont plus loin.

Je vous laisse avec quelques mots de sœur Emmanuelle : « J’ai pensé à vivre d’amour. L’amour est plus fort que la mort. La mort attaque tout ce qui est matériel, et dans l’amour tout ce qui était plaisir passager. Mais tout ce qui était don, et don gratuit, ne peut pas mourir. »

homélie du 30°dimanche, 26 octobre 2008