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le miracle de la rencontre

homélie du 8 février 2009, 5ième dimanche B

Aujourd’hui le Christ nous fait nous approcher de l’homme aux prises avec la maladie et la souffrance. Les mots de Job, il arrive dans notre vie qu’ils soient nos mots aussi : « A peine couché, je me dis : ‘Quand pourrai-je me lever ?’ Je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube... Mes yeux ne verront plus le bonheur. » (Job 7,4.7)

Comme l’homme est sensible à la souffrance ! Comme la souffrance est contraire à ce qu’il attend de la vie ! La souffrance est une grande menace pour l’homme et elle peut même le détruire aussi, en le remplissant d’amertume et de révolte.

Quand on est devant quelqu’un qui souffre, il n’y a pas grand-chose à dire, mais il faut rester avec lui, il ne faut pas le fuir. Il n’y a rien de pire que de sentir que les gens nous fuient parce que nous souffrons. Nous n’avons pas grand chose à dire, mais une des choses qu’il faut dire c’est : ne reste pas longtemps dans la révolte, ne te laisse pas envahir par l’amertume !

Il est bon de se révolter devant la souffrance, sinon nous ne pouvons pas canaliser cette répulsion naturelle, nous la refoulons seulement dans les tréfonds de notre être, où elle s’amplifie secrètement. Mais assez vite nous devons choisir de surmonter la révolte et de regarder autrement notre situation.

Dès le début de son ministère public, Jésus vient au devant de l’homme souffrant. Dimanche passé c’était un homme aliéné. Aujourd’hui, la belle mère de Pierre, et finalement tous les malades de la ville.

Comme nous aimerions, si nous sommes malade, bénéficier de cette même rencontre avec Jésus ! Si on disait : cet après-midi, Jésus vient chez untel, à la Rampe du Val, il y aurait tant de monde dans la rue qu’on ne pourrait plus passer... Mais il nous semble que souvent nous sommes plutôt dans la situation de Job, réduits à nous dire : « la vie de l’homme sur la terre est une corvée... Depuis des mois je n’y ai gagné que du néant... » (Job 7,1)

Pourtant je crois que la rencontre avec Jésus aujourd’hui est encore un miracle pour chacun de nous. Bien que ses conditions soient moins favorables. Car dans la situation de foi, un effort spécial est requis de nous pour sortir hors de nous-mêmes et nous ouvrir à Celui qui est présent.

Or toute souffrance enferme. Pour l’homme qui souffre, ce qu’il éprouve a tendance à devenir le centre du monde. Il se trouve devant un pari fou, le pari que le salut ne vient pas de considérer ce qui lui arrive de fâcheux, les perspectives qu’il peut avoir à vue humaine. Le pari de considérer très simplement le Seigneur qui est là et qui vient à nous. Par sa présence que l’on commence à accueillir, il peut déjà donner la paix et une joie qui ne peut venir que du Ciel. Notre cœur peut commencer à dire : Seigneur, tu es là et je vis tout avec toi. Le miracle de la rencontre avec Jésus se produit déjà.

Je terminerai en regardant aussi cette journée à Capharnaüm du point de vue de Jésus. Dans ces événements, il est l’homme à qui tout réussit. Mais son attitude vis-à-vis des esprits mauvais comme son retrait dans la prière laissent voir qu’il se méfie de cette célébrité. Malheureux l’homme à qui tout réussit, qui n’a rien ni personne pour le remettre en question ! Le ministère de la célébrité en a perdu tellement, hors de l’Église et aussi dedans. Mais Jésus se prémunit : il se retire, seul, à l’écart, pour prier. Loin de toute efficacité, loin d’un comportement qui serait salué par tous. Mais il remet à l’avant plan la première priorité, et l’être le plus essentiel : son Père.