{joomplu:92} Bientôt nous allons vivre le point central de la Semaine Sainte la passion du Seigneur, le don de sa vie sur la croix. C’est le point central, par lequel tout s’est fait, mais bien sûr ce n’est pas le sommet. Le sommet, ce sera la résurrection, quand la mort ne peut retenir le Fils de Dieu fidèle à son Père. Demain, par sa façon de vivre le péché de l’homme qui s’abat sur lui dans l’injustice et le mépris, par sa fidélité à Dieu et à l’homme, Jésus détruit le péché. Au lieu de la vengeance, de la malédiction, du découragement, Jésus choisit l’amour, il choisit de se donner. Et ce don de lui sur la croix, il l’anticipe le dernier soir, à table avec ses disciples, en dépassant toute la signification du repas pascal juif. Le pain sera son corps livré, le vin sera son sang versé, et ses disciples feront cela à leur tour jusqu’au retour du Seigneur.

La messe est le don de Jésus sur la croix, le don de sa vie pour que nous vivions et que nous puissions nous unir à lui. La messe est le don de Jésus ressuscité, le corps d’un vivant qui est avec nous tous les jours.

Jésus a fait du bien par sa parole, par ses miracles ; maintenant il couronne ce service de l’humanité en donnant sa vie. Et pour faire comprendre que sa mort sur la croix sera un service de l’humanité, il prend la tenue de service et accomplit la tâche du serviteur : laver les pieds.

A sa suite, l’Église de tous les temps s’est mise au service de l’humanité. Même si ses interventions publiques ne sont pas souvent perçues ainsi, c’est bien d’un service qu’il s’agit. Un service sur tous les fronts. Les médias nous rapportent souvent des nouvelles du front de la morale sexuelle et très peu d’autres choses. Alors je vais le faire moi-même. Mi-avril, le cardinal Bertone, Secrétaire d’État du Saint-Siège a dit sa profonde déception face à l’attitude de l’Union européenne qui se barricade devant l’afflux massif d’immigrés venus d’Afrique du Nord. Il a évoqué « la situation de l’Afrique que l’on a exploitée et à laquelle on tourne le dos. Il faut élever la voix pour que cette Europe retrouve son âme, une âme de grande solidarité et de générosité à l’égard des populations qui sont dans le besoin. » Et un autre cardinal, Poupart, d’ajouter : « On ne peut pas rester indifférent face à ce qui se passe à quelques kilomètres de la très riche Europe ; la tragédie qui se déroule en Méditerranée interpelle les consciences, surtout celles des plus riches. »

Laissons-nous toucher par ces interpellations, comme par toutes celles qui visent à nous faire échapper à la banalisation de la sexualité ou à nous ouvrir les yeux sur les atteintes à la vie humaine fragile.

Le grand corps de l’Église veut être au service de l’humanité et chacun de nous dans ce corps nous y trouvons encouragement et appui pour nous mettre au service de notre prochain. Chacun servira selon son charisme, selon sa sensibilité. Il faut juste veiller à porter dans notre cœur le souci de tout l’homme. Évitons que les chrétiens se divisent comme le font les partis politiques de droite ou de gauche ; qu’il n’y ait pas ceux qui militent pour la vie de l’embryon ou du malade incurable tout en disant : que les immigrés rentrent chez eux ! Qu’il n’y ait pas ceux qui s’engagent pour davantage de solidarité tout en disant : en matière d’avortement ou d’euthanasie il faut laisser la liberté à chacun. Ou d’autres encore qui disent : oui au partage, mais laissons la question de Dieu bien enfermée dans l’espace privé, sans que jamais le projet de Dieu pour l’homme ne vienne interférer avec la vie publique. La particularité chrétienne est un service de tout homme et de tout l’homme. Encourageons-nous les uns les autres dans tous ces services à rendre dans tant de domaines. Et profitons des sensibilités de chacun pour enrichir notre vision de l’homme et de ses besoins. Dieu veut pour nous un cœur large comme le sien.