homélie du 2e dimanche de Pâques 2015

Nous sommes aujourd’hui au{joomplu:32} dimanche de la miséricorde : le deuxième dimanche de Pâques qui, selon une demande du Christ à Sr Faustine Kowalska, est devenu dimanche de la miséricorde, jour pour se rappeler l’amour du cœur de Dieu et pour y recourir sans crainte. La miséricorde divine, c’est l’amour actif de Dieu. Car Dieu sait encore mieux que nous que l’amour est vivant lorsqu’il est partagé. Au contraire, l’amour à sens unique est un amour mort, et il fait souffrir. Dieu qui nous aime ne laisse pas tomber les bras, il ne dit jamais « c’est bon, restons-en là ». S’il nous poursuit de son amour, c’est parce qu’il sait que notre communion avec lui c’est notre vie, c’est notre joie, et il veut tout faire de son côté pour rétablir cette communion lorsqu’elle est atteinte.

Ainsi donc Dieu poursuit l’homme de sa miséricorde, tandis que bien souvent celui-ci ne se retourne même pas quand il l’appelle, ou lui crie que c’est un phénomène dangereux, et que d’ailleurs ça ne vaut pas la peine de se poser la question s’il existe ou non… Tout cela le Père l’encaisse courageusement, et au lieu de maudire il donne la vie, il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants.

Pourquoi fêtons-nous la miséricorde divine le deuxième dimanche de Pâques ? C’est le moment où nous savourons la victoire du Christ sur le péché. Tout ce qui séparait l’homme de Dieu, Jésus l’a comme absorbé et brûlé dans l’amour ardent de son cœur tout au long de son chemin de croix. Bien qu’il n’a jamais péché, il a accepté de connaître toute la détresse que le péché induit dans le cœur de l’homme : tout le vide, le sentiment de non-sens, la marée du remords, l’impuissance à réparer le mal commis, l’impression d’être condamné et damné, tout cela le Christ a voulu le vivre à Gethsémani afin que nous trouvions une issue au péché dans notre vie. C’est à cause du péché qu’il a connu la mort et le tombeau, mais le Père l’a ressuscité, ce qui veut dire pour nous que la mort et le péché sont vaincus : ils ne sont plus notre cadre de vie normal, mais nous pouvons vivre dans le régime de la grâce.

« Si j’étais triste, j’irais me confesser », disait le curé d’Ars. Oh oui, une belle confession bien franche, sans tourner autour du pot, sans chercher à noyer le poisson devant le prêtre ! Dire le fond de son cœur et ses regrets sans formules générales et toutes faites, cela met une telle joie dans le cœur ! Ce n’est pas seulement un soulagement humain, mais la lumière de Dieu qui revient briller en nous, alors que nous nous étions petit à petit habitué à la voir de moins en moins. Vous savez, le péché c’est comme la cataracte : on ne voit pas que la vue s’altère, parce que ça vient petit à petit. Mais finalement on ne voit plus fort clair. De même on ne remarque pas que notre cœur se trouble plus vite ou se décourage plus facilement, ou devient moins joyeux, mais pendant ce temps le péché fait son œuvre et on finit par se dire : à quoi bon me confesser, à quoi ça va servir ? C’est le signe qu’on est déjà loin dans la cécité sur le péché en nous.

Mais Dieu ne veut pas nous abandonner à la tristesse et aux soucis, il veut mettre en nous la paix et la confiance. Allons à lui, il ne nous juge pas, il n’a qu’une idée : insuffler en nous sa vie comme au premier jour de la création. C’est pour cela que le Christ est « venu avec l’eau et le sang » (1 Jn 5,6). C’est pour cela qu’il nous dit : « heureux ceux qui croiront sans avoir vu ! » (Jn 20,29) La résurrection a inauguré un monde nouveau, comme l’ont remarqué les habitants de Jérusalem qui avaient été témoins de la crucifixion et qui ont rejoint par milliers les apôtres dans les premiers mois du christianisme à l’annonce que le Christ était ressuscité. À nous d’entrer aussi dans ce monde nouveau, en acceptant de regarder notre vie autrement, en considérant « que nous sommes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ » (Rm 6,11).