homélie du 5e dimanche de carême, 18 mars 2018

C’est bientôt Pâques{joomplu:199}. Nous sommes mis devant le désir de Dieu de tisser entre l’humanité et lui une alliance que le prince de ce monde ne pourra plus distendre ni défigurer (Jr 31,33 ; Jn 12,31). Il y a tant de caricatures de Dieu qui ont cours, élaborées par l’ignorance des hommes ou le désir de l’adversaire de pervertir la trace du Père dans le cœur de ses créatures. Parfois même des chrétiens prennent ces caricatures comme la vraie religion et ils proposent un système qui n’a plus grand-chose à voir avec le Christ.

Alors, revenons à Jésus et au sens qu’il donne à sa mission. Il s’apprête à donner sa vie. Jésus n’est pas surpris par la mort comme s’il était victime d’un attentat. Il n’est pas non plus broyé par des manœuvres politico-religieuses injustes. Il choisit de donner sa vie et quand il la donne. Pour le faire comprendre, il donne beaucoup d’images, comme celle-ci : il donne sa vie à la manière du grain de blé qui en mourant porte beaucoup de fruit.

Cette option de donner sa vie envahit Jésus d’un trouble profond, qu’il surmonte résolument, car c’est ainsi qu’il glorifie le nom du Père, c’est ainsi que le vrai visage du Père apparaît : le Créateur qui va jusqu’au bout pour retrouver ses enfants perdus dans leur propre refus. Aller à la recherche de l’homme qui tourne le dos à Dieu, Jésus peut le réaliser, car il choisit le chemin de l’abaissement le plus total, il choisit de remonter le chemin de la souffrance que produit le mal et le péché. Pour qu’on soit bien conscients de ce qu’il fait, il annonce qu’au moment où il vit l’abaissement le plus total, il attirera à lui tous les hommes.

Alors ne craignons pas de montrer le Crucifié et de le suivre. De le montrer, afin que l’on sache jusqu’où va l’amour de Dieu, et qu’il n’y a pas de vie trop moche qu’il ne pourrait atteindre. Afin que l’on pressente aussi que toute vie vaut la peine d’être vécue jusqu’au bout, car c’est dans la totale faiblesse que se réalise la victoire sur le prince de ce monde.

Et ne craignons pas de suivre le Crucifié, puisqu’il dit : « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. » C’est un grand destin que d’être livré tout entier au Christ, de lui être fidèle coûte que coûte. Notre âme est retaillée à la dimension de Celui qui est l’auteur de tout, Celui que l’immensité du monde ne peut contenir. « Sois sans crainte, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume ! » (Lc 12,32)