homélie du 4e dimanche de Pâques C, 12 mai 2019

L’aventure{joomplu:157} de la foi est à la fois extraordinaire et pleine de combats. Elle est merveilleuse car elle nous fait savoir qu’il y a un Dieu, qui nous regarde avec amour, chacun personnellement. Nous comptons pour Dieu, et ça serait bien que ce soir chacun, seul au milieu de son lit, se dise : je suis là et je compte pour Dieu. La foi nous apprend aussi que nous pouvons revenir au Seigneur si nous nous sommes égarés : il a tout fait pour nous rejoindre quelle que soit notre vie. Enfin, la foi nous présente un Dieu si beau, si désirable que tous nos désirs terrestres ne sont que de pâles reflets de notre désir de Lui quand nous le verrons tel qu’il est.

D’ailleurs, tandis que le Christ ressuscité affirme souvent qu’il va nous donner la vie éternelle (Jn 10,28 ce dimanche par exemple), il faudrait que nous nous demandions quelle place Dieu tient-il dans notre vision de la vie éternelle ? Souvent c’est seulement la place d’un pourvoyeur de service ou de garant de la réussite. Le paradis ressemble à un voyage dans un pays fabuleux, que nous offrirait un richissime émir inconnu ou pire encore, une loterie anonyme. Dieu, dans le paradis de notre imaginaire, c’est un accessoire, une colonne pour tenir le plafond ou l’habitant de quelque temple facultatif. Or la beauté de la vie éternelle, c’est Dieu lui-même. C’est lui qui est le sujet d’intérêt central. Ce qui y est merveilleux et qui vaut tous les efforts, c’est le cœur du Seigneur, c’est le connaître et le posséder. Voilà pourquoi le Christ affirme que c’est en le côtoyant et en le connaissant qu’on se prépare à la vie éternelle. Non pas pour obtenir une monnaie d’échange, une espèce de permis de vie éternelle, mais pour devenir capables de ce grand amour qui nous fera vivre de manière splendide. Seigneur, réveille nos cœurs et rends-les fervents à mesure que s’avance ce temps pascal !

L’aventure de la foi, qui nous propose tout cela avec le label de qualité d’une foi éprouvée par des générations, nous met également devant un combat. C’est la fameuse « grande épreuve » du livre de l’apocalypse. On reconnaît ce combat dans le parcours de l’apôtre Paul, aujourd’hui contredit, injurié, chassé, demain battu et lapidé, après-demain décapité à cause de cette foi qu’il annonce. Ce combat, il est dans nos vies, d’abord par le doute que nous inspire la société et notre propre esprit : tout cela est-il bien raisonnable ? Ne ferions-nous pas mieux de nous contenter de ce que nous pouvons toucher, acheter, conquérir, vivre par nous-mêmes ? Ce combat surgit aussi lors des épreuves de la vie, quand tout nous ferait penser que Dieu est loin et ne s’intéresse pas vraiment à nous. Et enfin il y a ce combat propre à notre temps, quand tant de choses attrayantes nous distraient de l’essentiel et accaparent toute notre énergie et qu’il n’en reste plus pour chercher le Seigneur.

Dans ces conditions difficiles, la foi ce n’est pas pour les timorés, mais pour les audacieux. Relevons le défi de la foi, menons courageusement le combat de la foi ! Mais sans raideur, pour que notre cœur ne se durcisse pas dans l’amertume. Ce combat se mène avec amour et pour l’amour, pour la joie de connaître et de posséder le Seigneur de l’univers.

Merci mon Dieu, car déjà nous te connaissons. Nous ne sommes pas réduits à croire que tu es une vague divinité transcendante et impersonnelle. Tu es un Père, qui nous aime tendrement, qui nous donne son Fils comme berger pour nous conduire par le cœur. Que nous nous laissions conduire ainsi !