homélie du 5e dimanche de Pâques, 2 mai 2021

{joomplu:390} Prenons un petit temps d’arrêt pour mesurer la joie de Paul lorsque, après avoir rencontré le Christ sur le chemin de Damas et en avoir été bouleversé, il peut se trouver accueilli par l’Église qu’il persécutait auparavant. Voilà qu’il peut faire siennes les paroles du psaume que nous avons chantées : « tu seras ma louange, Seigneur, dans la grande assemblée ». Bien sûr, vous l’avez entendu, cela n’a pas été très facile car les disciples avaient d’abord peur de lui. Ils se demandaient sans doute si sa conversion n’était pas plutôt une feinte pour pouvoir mieux les démasquer et les dénoncer. Mais assez vite l’Église retrouve la paix par rapport à lui, et il peut louer Dieu avec les chrétiens et annoncer Jésus au milieu de Jérusalem. Puis il devra prendre le maquis, et nous le retrouverons plus tard, à Antioche, où l’Église l’enverra annoncer l’Évangile dans l’actuelle Turquie et la Grèce. Goûtons cette joie de Paul de trouver sa place au milieu de l’Église.

Lui plus qu’un autre a pu goûter ces paroles de Jésus que saint Jean nous rapporte : restez attachés à la vigne que je suis, car sans moi vous ne pouvez rien faire. Oui, il l’avait bien compris, de quoi il était capable sans Jésus ! C’était de se raidir et de persécuter. Mais avec Jésus, il devient un de ceux qui répandent la grâce de l’amour de Dieu autour d’eux. Nous qui sommes l’Église 2000 ans plus tard, laissons-nous renouveler par ces paroles de Jésus, car nous essayons tous les jours de gérer notre vie comme nous le pouvons ! ! Et nous enfantons des projets à notre mesure… Mais Jésus a de l’ambition pour nous. Il n’aime pas nous voir vivoter. Il veut nous voir contribuer à la gloire de son Père. Pensez-y ce soir quand vous relirez votre journée, quand vous ferez votre prière. Dites : Seigneur, en quoi ai-je contribué à ta gloire aujourd’hui ? Comment pourrai-je le faire demain ? Tu veux faire de si grandes choses avec moi !

Quand je dis « grandes choses », je ne pense pas à des réalisations que l’on verra dans le journal. Je pense à des choses tellement remplies d’amour qu’elles dureront… éternellement.

On voit des gens faire de belles choses sans Dieu, mais ils sont tentés de se décourager par les limites de la vie, par la difficulté d’aider les autres, par l’ingratitude, par tous les obstacles. Sans Dieu, bien souvent nous apprenons plutôt à mettre des limites à l’élan de notre cœur, et nous acceptons bien des injustices. Nous disons qu’il faut être réaliste, mais en fait c’est notre cœur qui est trop petit.

Mais avec Dieu nous pouvons réellement aimer « par des actes et en vérité » (1 Jn 3,18). Et, bien que parfois nous pourrions être ivres de tout ce qui ne va pas dans le monde, comme cela arrive par les médias d’information, le Christ nous offre d’agir dans le sens de sa victoire sur toutes les forces du mal. Nous collaborons avec lui à la victoire finale de la lumière, de l’amour, de la fidélité. Rester branchés sur le Christ, cela nous donne l’énergie de Dieu, sous la forme d’un élan d’amour. Demandons à Dieu cet élan d’amour pour lui et pour les autres. C’est l’œuvre de l’Esprit Saint en nous. Grâce à lui, notre fardeau devient léger car c’est son joug que nous portons (Mt 11,29).

Je dois encore vous dire quelque chose, en lien avec une opération qu’on fait constamment à la vigne et dont Jésus nous parle : la tailler. Jésus nous fait comprendre que. comme le vigneron doit tailler sa vigne, le Père aussi nous taille. Cela me fait penser à tous ces moments de notre vie où ça ne va pas comme on veut, et parfois on ne comprend pas ce qui arrive, qui est pénible, qui nous fait demander : où est Dieu ? On pourrait se rebeller, dire : « si c’est comme ça, je quitte la vigne ! » Ou faire confiance et répondre à Dieu : « ce qui arrive me rend triste, est difficile, me contrarie, mais tu me tailles pour que je porte encore plus de fruits. Alors j’accepte, je me laisse faire. Toi tu sais ! »