homélie du 29e dimanche B, 17 octobre 2021

{joomplu:540} Jésus, le Christ, est le grand prêtre qui a traversé les cieux pour nous, dit l’épître aux Hébreux. Il ne s’agit pas d’aventure spatiale, mais de l’aventure du salut de l’humanité. Cette petite phrase de l’Écriture nous dit que Jésus a redonné à notre monde l’accès à son auteur, à Dieu qu’il nous permet d’appeler notre Père. Jésus permet à un monde miné par le mensonge, l’esbroufe et la trahison, d’entrer en contact avec le Dieu de vérité, Celui qui est tout entier véridique et devant qui tout mensonge explose. Jésus permet à un monde guidé par l’intérêt personnel et qui ne craint pas l’utilisation de l’homme par l’homme, de rencontrer le Dieu d’amour, qui est tout entier don de lui-même et qui prend sur lui tout ce qui est fait au moindre des petits qui sont les siens.

Comment Jésus peut-il opérer cette réconciliation de l’eau et du feu, de l’humanité conduite par le péché et du Dieu vivant qui est lumière et vie ? Il réalise cela en rendant juste l’homme pécheur. Dieu n’est pas juste en comptant les bons et les mauvais points, en tenant une balance de nos actions, il est juste en justifiant, en rendant juste celui qui ne l’est pas. Celui qui veut recevoir cette justice de Dieu doit s’attacher à son Fils, Jésus Christ, le Sauveur. Et on s’attache à Lui par la foi. Ainsi, par notre accueil dans la foi, Jésus peut accomplir la mission pour laquelle il est venu et qu’il a accomplie en se faisant serviteur. Jésus est le serviteur fidèle, le serviteur de Dieu et des hommes, et il nous pousse à vivre notre vie comme un service.

Ce n’est pas facile, cf. les apôtres, cf. le cléricalisme, cf. tous les abus d’autorité. Par ce couac occasionné par la demande de Jacques et Jean d’avoir une belle place, nous découvrons une tentation qui sera toujours présente dans l’Église : la tentation de se tailler un morceau de pouvoir ou de tranquillité ou de profit. À toutes les générations, Jésus rappelle que le pouvoir dans l’Église est service. C’est pourquoi on l’a appelé « ministère », qui vient du latin « service ». Mais il faut plus que des mots. Le cœur doit s’y mettre. On a besoin de gens prêts à servir comme le Christ. Que l’Esprit Saint nous donne cette grâce : servir comme le Christ !

Au fond, quel service permet à Jésus de traverser les cieux avec notre humanité, de réaliser la réconciliation avec le Père ?  Il dit que c’est « donner sa vie en rançon pour la multitude ». Il donnera sa vie de multiples façons. Il enseignera, il fera des miracles, il priera son Père très tôt ou très tard, il parcourra infatigablement les routes de Judée, de Galilée et même de Samarie pour rencontrer ceux qui viennent à lui ; et, au plus haut niveau du service, il vivra la souffrance et la mort. La première lecture nous a rappelé que le chemin de la souffrance a été pour Jésus le chemin de la réconciliation du monde cassé avec Dieu, et que nous pouvons parcourir ce chemin avec lui lorsque nous sommes éprouvés. C’est le plus grand service, le plus grand ministère, qu’accomplit celui qui ne peut plus agir ni se défendre : accueillir la souffrance inévitable, dans la paix et l’amour, en union avec la souffrance rédemptrice du Christ.

C’est parce qu’il donne sa vie que Jésus réussit. Vous voulez réussir, vous aussi ? Donnez votre vie, au jour le jour, dans la fidélité et dans l’amour ! « Mais qu’est-ce qui me restera alors ? », pourrait-on répondre. Il restera le bonheur le plus vaste, le plus paisible, le plus pénétrant ; il restera le bonheur que procure l’union à Dieu, à sa volonté, à son cœur. « Mon Dieu, je veux donner ma vie comme le Christ » ! Voilà une prière qui illumine. Les apôtres l’ont dite, après avoir cherché à être les premiers. Et en vivant ainsi, ils sont vraiment devenus premiers, en s’étant faits serviteurs de tous.