homélie du 4ème dimanche de carême

{joomplu:154}Parfois on se reproche de revenir à Dieu quand ça va mal alors qu’on l’avait laissé de côté dans les beaux jours. Mais il ne faut pas s’empêcher pour cela de venir prier, de venir demander. Dieu sait bien que notre cœur est ainsi blessé par un aveuglement ou une mauvaise volonté. Il le sait, il le voit depuis des milliers d’années, il en a souffert avec son peuple (voir la première lecture, 2Ch 36). Et il ne s’amuse pas à faire des reproches. Il dit simplement : viens et moi je te purifierai. (Is 1,18 : Venez donc et discutons, dit le Seigneur. Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront comme la neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront blancs comme la laine.)

C’est comme sauveur que Dieu vient. Et nous commençons à apprécier cela lorsque nous traversons l’épreuve. Épreuve de la vie, ou épreuve due à nos péchés, ou les deux à la fois …

Crier vers Dieu est une attitude très juste, et à toutes les pages la Bible nous pousse à le faire. Ce n’est pas facile pour nous car cela entraîne une dépendance envers Dieu à laquelle il n’est pas facile de consentir. Dans le christianisme contemporain on a davantage développé la conception de Jésus comme modèle, en négligeant celle de Jésus sauveur. Je crois qu’il y a entre autres choses des restes d’orgueil dans ce choix.

Nous avons à tenir les deux, et aujourd’hui c’est la figure du sauveur qui s’affirme pour nous : « de même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. » )Jn 3,14-15)

L’invitation de Jésus est claire : il faut croire en lui, et cela signifie bien plus que croire qu’il vaut la peine que l’on s’intéresse à lui, que l’on écoute ses enseignements, etc. Croire en lui c’est s’attacher à lui en personne.

S’attacher à lui dans une rencontre qui ne doit pas attendre que nous nous en sentions dignes. Il ne s’agit pas d’être digne mais de reconnaître la lumière même quand elle nous dérange et nous remet en question.

« celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu… » (v.21) Ce verset pourrait être interprété dans un sens arrogant : “regardez, moi j’agis bien, je suis assez irréprochable pour venir à la lumière !” Mais cette tendance s’oppose à l’enseignement constant de Jésus (rappelez-vous, le pharisien et le publicain, Lc 18,10ss) et à ce que nous venons de lire chez saint Paul : « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (Ép 2,8)

Agir selon la vérité ce n’est pas être irréprochable (quand on croit l’être, on est forcément dans l’erreur) mais accepter la lumière de la vérité dès qu’elle se manifeste dans notre cœur,
– sans nous inventer des excuses pour différer notre choix de la lumière, parce que nous ne serions pas assez courageux pour nous engager sur ce chemin…
– sans tenir davantage à notre propre jugement qu’à ce qui s’impose à nous comme la voie de la fidélité, du pardon, de la conversion, parce que nous ne serions pas assez humbles pour reconnaître nos erreurs parfois graves ou prolongées.

Les œuvres de Dieu sont des œuvres de justice mais aussi de confiance et de conversion. Seigneur, donne-nous un cœur souple et agile pour qu’il se laisse sauver par toi et entraîner à une vie plus lumineuse !