homélie du 4e dimanche de Pâques – le bon Pasteur

Jésus se{joomplu:4} présente comme le berger qui connaît ses brebis. Il est le guide qui ouvre à chacune le chemin de la vie. Heureux sommes-nous si, lorsque nous nous trouvons devant un choix à faire, nous demandons au Seigneur de nous guider, de nous attirer sur le chemin de vérité et de vie. Nous devons résister à la tentation de penser que nous n’avons pas besoin de guide, que nous sommes des chrétiens adultes qui prennent leurs décisions de façon autonome. Dieu, lui, sait que nous avons besoin d’un berger. Le Christ est ce pasteur qui prend soin de son troupeau, qui part à la recherche de la brebis perdue, qui mène ses agneaux sur des prés d’herbe fraîche. Dans nos angoisses, dans nos doutes, dans nos découragements, il est là et il nous dit « viens ! »

La vie que le bon Pasteur nous donne est la vie en plénitude dont nous rêvons secrètement dans toutes nos quêtes de bonheur. Nous sommes faits pour cette vie, elle est gravée en nous comme un désir insatiable, qu’il ne faut surtout pas atténuer dans les propositions de la société de consommation. Et parce que le démon voudrait nous décourager d’atteindre cette vie il nous faut nous abriter dans la main du Père. « Mon Père est plus grand que tout, nous dit Jésus, et personne ne peut rien arracher de la main du Père » (Jn 10,29).

Cette phrase a une importance toute spéciale pour moi. Quand j’étais séminariste j’ai un jour appris qu’un prêtre qui comptait beaucoup pour moi, qui était une sorte de modèle, se demandait s’il n’allait pas quitter le ministère. C’était un prêtre priant, intérieur, et en même temps plein de charité pour les gens. Je me suis dit  : « si un prêtre comme cela vacille, qui peut tenir ? Cela veut-il dire qu’il n’y a plus moyen d’être prêtre aujourd’hui ? Ou seulement si on a le cœur rabougri ? » Quelque jours plus tard, au milieu de mon angoisse, voilà que je tombe sur ce verset  : « Mon Père est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père ». Ce fut pour moi une révélation, comme si le Seigneur me disait  : « tu pourras tenir, si tu restes bien blotti dans la main du Père ». C’est ce que j’essaie de faire depuis lors.

Dans les prières de la messe on invoque souvent Dieu en l’appelant « Tout puissant ». Cela peut nous déranger, si nous imaginons que l’on veut dire par là que Dieu a un pouvoir arbitraire, ou qu’il possède une baguette magique pour intervenir ça et là — et alors nous nous demandons pourquoi il ne donne pas davantage de coups de baguette magique pour transformer la réalité, empêcher toute maladie et désamorcer les bombes… (bien que sans maladie il n’y a pas de mort et sans mort nous serions condamnés à vivre une succession infinie de jours, ce qui est bien plus triste que la vie hors du temps… Mais je n’entre pas dans ces considérations). Que veut dire alors « Dieu le Père tout-puissant » ? Exactement cela  : personne ne peut rien arracher de la main du Père. Si, au milieu des tempêtes, je me tiens calmement dans la main de Dieu, je ne serai pas perdu, il me tiendra toujours, la source de la vie sera toujours accessible à mon cœur. « Dieu le Père Tout-puissant » cela veut dire qu’il n’est jamais à court d’idées pour faire triompher l’amour. Cela veut dire qu’il parvient même à faire tourner le mal en bien, comme on peut le voir dans le pardon. Cela veut dire que même les choses terribles qui nous arrivent à cause du cours naturel des choses ou de la méchanceté des gens ne peuvent pas nous priver de la lumière, de la joie intérieure que Dieu met en nous par sa vie.