homélie du 14e dimanche, 7 juillet

Dieu veut consoler son peuple, il veut nous faire du bien, nourrir notre cœur de la joie d’être aimés (Is 66,14). Cela peut rester théorique, ou bien nous rejoindre profondément. Pour que cet amour nous touche, nous devons nous débarrasser d’une carapace qui se forme par toutes les fiertés que nous recherchons depuis l’enfance, depuis la concurrence dans les cours de récréation jusqu’à celle des comparaisons au travail ou entre beaux-frères et belles-sœurs…

Nous sommes invités à n’avoir pas d’autre fierté que l’amour du Christ jusqu’au bout. Qu’est-ce qui me donne fierté, consistance, audace devant les autres dans la société ? La marque de ma voiture, la taille de ma maison, la destination de mes vacances, le resto où je suis allé manger ? Non, c’est l’amour que le Christ m’a montré, car il m’aime personnellement et me l’a montré sur la croix. Quand on dit « que la grâce du Seigneur soit avec vous et avec votre esprit » (Ga 6,18), on fait référence à cela.

L’annonce de l’amour interpellant de Dieu est comme une moisson, et les ouvriers sont trop peu nombreux pour cette moisson de paix. Alors ils se fatiguent et ne rayonnent plus de cet amour. Au sujet de ces ouvriers, je pense d’abord aux prêtres et à ceux que le Seigneur appelle à le devenir, mais aussi aux catéchistes, aux professeurs de religion, aux parents et grands-parents. Nous sommes tous trop peu nombreux, et c’est structurel : c’est tellement l’amour du Christ doit être annoncé, c’est parce que cette annonce doit être reprise à chaque génération. Il y a une telle urgence, à chaque époque, de faire connaître l’appel de Dieu à une vie réconciliée et donnée aux autres. Cette urgence a été pour toutes les époques, il n’y a jamais eu d’époque vraiment chrétienne où la moisson était suffisamment soignée. Mais c’est pire aujourd’hui.

Alors il faut encourager les ouvriers, et spécialement les prêtres car ils ont tout donné pour la moisson, car leur vie n’a de sens qu’à cause de la moisson — c’est ce que leur offre leur célibat — ils traversent la vie sans aucun filet de sécurité, ils vont sans sac ni sandales, mangeant et buvant ce qu’on leur offre (Lc 10,8). Il faut les encourager non pas dans leurs travers mais à descendre dans les profondeurs de leur cœur pour nous en nourrir. Leur manifester de la bonté, de l’humanité. Leur tâche est à la fois dure et si nécessaire. Ce sera toujours ainsi. Il ne faut pas souhaiter que l’Église allège la tâche des ouvriers de la moisson, en assouplissant telle ou telle règle. Ça n’arrivera jamais que la mission des ouvriers de la moisson sera une mission tranquille, pépère, facile à réaliser. L’Église a besoin de jeunes qui aiment affronter les difficultés avec amour et détermination. Et il nous faut être solidaires, nous manifester les uns aux autres de l’encouragement et de la tendresse.

Quant aux prêtres, ils doivent parler du « règne de Dieu qui s’est approché », et il faut le leur demander. Ce n’est pas un règne humain, que nous construisons de nos propres forces, ce n’est pas un aménagement de la société en fonction de nos peurs de la souffrance, de la solitude, de la précarité… mais c’est le règne de Dieu, qui n’est envisageable que par la foi car ses possibilités sont tellement plus vastes et il ne repose pas seulement sur ce qui est humainement possible : il repose sur l’espérance que Dieu donne.