homélie du 22e dimanche C (Lc 14,7-14)

Jésus vient nous poser la question de la source de nos motivations. Pourquoi est-ce que je travaille dur, est-ce que je me lève tôt le matin, est-ce que je fais des efforts ? Cela pourrait être parce que je cherche la reconnaissance, parce que j’aime faire partie de ceux qui réussissent, qui ont belle allure dans la société, dans leur milieu professionnel, dans leur famille. Ceux qui ont droit à une belle place parce qu’ils l’ont chèrement conquise. Dans le monde de concurrence où nous vivons, nous faisons beaucoup d’efforts pour être à la hauteur… à la hauteur que d’autres définissent pour nous.

Il y a tant de mal qui se fait dans le monde parce que l’on cherche une place toujours plus élevée, et qu’on la cherche en dehors du cœur de Dieu et en dehors du cœur humain qui se donne fidèlement par amour. À ce mal du monde, nous participons tous, dans la mesure où nous entretenons une certaine insatisfaction sur nos vies qui est l’œuvre du diable. Notez bien, c’est assez normal que nous cherchions une place toujours plus élevée, car il y a en nous un désir d’infini. Nous sommes faits pour la vie éternelle, pour l’amour sans limite, et rien de ce qui est fini ne nous satisfait. Mais hors de l’amour comme Dieu nous le montre, ce désir infini se transforme en insatisfaction permanente, toujours attisée par la publicité ou par la banalisation de l’infidélité. Qui se contente de ce qu’il a ? Qui accepte les limites de la vie avec son conjoint ? C’est pourtant le début du chemin du bonheur.

Jésus ne nous invite pas à être des gens insignifiants, qui s’écrasent toujours, des gens qui encombrent les autres de mille « je ne vaux rien », « je n’ai pas ma place ici ». Parler ainsi ne reflète pas l’humilité chrétienne, mais exprime plutôt un malaise intérieur, que Dieu veut guérir par son amour, par une sorte d’estime de nous-mêmes qu’il veut infuser en nous parce qu’il se réjouit de nous avoir créés et de nous voir vivre.

Jésus ne nous invite pas non plus à ne faire que de petites choses, à raboter nos ambitions. Il veut que nous entretenions les grands désirs qui peuvent nous faire lutter pour le bien, pour la justice, pour tout ce qui est vrai et pur. Il n’y a pas de temps à perdre, il n’y a pas d’énergie à gaspiller dans des loisirs sans fin lorsque l’évangile est si méconnu, lorsque l’amour de Dieu a quitté la scène de la vie de tant de personnes.

Il nous faut être très ambitieux pour le Seigneur, et ensuite n’attendre notre reconnaissance que de lui, que de la joie d’être ses enfants bien-aimés. C’est une vraie sobriété intérieure que de vivre en se dépensant beaucoup tout en se disant que c’est de Dieu que viendra notre récompense. Qui fait ainsi sera vraiment libre et joyeux, et la vie lui paraîtra passionnante. Vivre sous le regard aimant de Dieu, l’entendre nous dire à notre cœur : « mon ami, avance plus haut, car je te regarde et je t’aime », quel grand bonheur !