homélie du 8e dimanche A, 2 mars 2014

« Le Seigneur m’a abandonnée, le Seigneur m’a oubliée ». Ce cri du peuple de Dieu devient un jour ou l’autre le nôtre, jaillissant du plus profond de notre détresse. Alors les paroles de Jésus nous arrivent comme une provocation  : ne vous faites pas tant de souci pour votre vie ! Dieu ne fera-t-il pas bien davantage pour vous que pour les oiseaux du ciel qu’il nourrit ou l’herbe des champs qu’il habille ? Dans toutes nos détresses et devant tout ce qui nous menace il nous est donné une présence, celle de Dieu, qui veille.

Cette présence n’est pas très facile à percevoir, et l’être humain voudrait une assurance plus concrète devant tout ce qui le menace — par exemple la possibilité de ne plus compter aux yeux des autres, ou une maladie grave ; toutes ces situations où nous rejoignons la condition humaine dans sa fragilité, dans le fait d’être « chair » comme dit la Bible. Où trouver une sorte d’assurance vie contre tout ce qui est inquiétant ? Lorsqu’on cherche une assurance plus concrète que l’amour de Dieu et de nos proches, inévitablement on tombe sur l’argent. L’argent comme source de paix et de confort, est-ce plausible ?

Beaucoup de gens entretiennent un rapport à l’argent où ils sont captifs. S’ils disent que l’argent ne fait pas le bonheur, ils ajoutent aussitôt  : mais il y contribue. Et ainsi, d’une certaine façon, ils placent leur espérance dans l’argent. Or l’argent a sa propre logique, qui engendre la crainte de ne plus en avoir, qui nous engage dans des démarches pour avoir plus d’argent, sans trop regarder si les placements offerts par la banque font prospérer l’économie des hommes ou seulement les marchés financiers. La logique de l’argent est opposée à celle du cœur, et elle ferme le cœur. Elle fait regarder les pauvres non comme des frères mais comme des personnes encombrantes qui en veulent plus ou moins à notre argent. Elle fait fuir dans un travail qui absorbe toute notre énergie et toutes nos capacités relationnelles, de sorte qu’on rentre à la maison avec de quoi bien vivre mais aussi tendu et refermé, exigeant et insatisfait. Promettre le bonheur et rendre insatisfait, entraînant dans une course en avant vers les plaisirs, c’est la logique de l’argent.

À cette logique s’oppose celle de la confiance dans la Providence, dans la conviction que Dieu veille concrètement sur nous. Et que dit la Providence  : « Votre Père céleste sait que vous en avez besoin ; cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché ». Croire dans la Providence n’est pas facile, car nous imaginons une Providence à la manière du CPAS ou de la mutuelle  : un service général, qui règle les problèmes de façon systématique. Or la Providence fonctionne sur le mode relationnel et personnel, elle agit au cœur d’une relation de confiance tissée entre Dieu et nous. La Providence, c’est quelqu’un qui s’invite dans notre vie. Il n’y a pas d’amour en général, ni pour nous ni pour Dieu. Un amour est toujours interpersonnel et consciemment entretenu. La confiance dans la Providence est comme un « je t’aime », comme une connivence avec Dieu et son projet d’amour, qui commence lorsque nous-mêmes nous nous faisons providence pour les autres.

La Providence procède davantage à la manière d’un attrait que comme un mécanisme de causes et d’effets1. Ainsi nous commençons à ressentir la Providence lorsque nous entrons dans cet attrait que Dieu exerce sur nous et que nous disposons tout ce qui est en notre pouvoir dans la direction de cet attrait. C’est pourquoi Jésus nous dit  : cherchez d’abord le Royaume ! Ce n’est pas que la Providence s’exercera envers nous comme une récompense si nous cherchons le Royaume, mais si nous agissons dans le sens de l’attrait vers Dieu et l’établissement de sa justice alors nous laissons prise à Dieu pour conforter notre vie et la rendre inébranlable et belle.

Christophe, www.donchristophe.be

Le pape François aux familles  :

Chères familles,
Je me présente au seuil de votre maison pour vous parler de l’Assemblée générale extraordinaire du Synode des Évêques convoquée pour discuter sur le thème « Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation ». Aujourd’hui, en effet, l’Église est appelée à annoncer l’Évangile en affrontant aussi les nouvelles urgences pastorales qui concernent la famille. Cette Assemblée synodale vous est consacrée d’une façon particulière, à votre vocation et à votre mission dans l’Église et dans la société, aux problèmes du mariage, de la vie familiale, de l’éducation des enfants, et au rôle des familles dans la mission de l’Église.
Par conséquent, je vous demande de prier intensément l’Esprit Saint, afin qu’il éclaire les Pères synodaux et qu’il les guide dans leur tâche exigeante.

1Saint Thomas présente la Providence comme une disposition et un attrait vers la fin ultime, qui est la bonté divine. Il explique comment la Providence n’impose pas la nécessité à tout ce qui lui est soumis, mais laisse la place au contingent (Somme théologique, Ia pars, Q.22).