Une étude récente a tenté de localiser les régions du cerveau actives dans le désir amoureux et dans le désir sexuel. Les chercheurs ont découvert deux régions du cerveau qui s’activent indépendamment « quand le cœur s’enflamme et que le corps désire. » L’aire du désir sexuel est classiquement l’hypothalamus, au cœur de la zone limbique. Le noyau caudé et l’aire tegmentale ventrale recèlent quant à eux le désir amoureux. On peut faire une distinction dans ces zones du sentiment amoureux : l’aire tegmentale fait partie du « circuit de la récompense », proche de l’hypothalamus, tandis que le noyau caudé reçoit, comme les autres ganglions de la base, de nombreuses afférences corticales (cerveau supérieur). (Aron, A., Fisher, H., Mashek, D., Strong, G., Li, H., & Brown, L. (2005). Reward, motivation and emotion systems associated with early-stage intense romantic love. Journal of Neurophysiology, 93, 327-337. Voir un compte-rendu de l’article ici)

 

Chez les primates, les ganglions de la base, dont le noyau caudé, se sont développés comme centres combinatoires de connexions, entre émotion, cognition et position/mouvements. Parmi ces ganglions, il faut aussi citer le globus pallidus, autre noyau qui intervient dans une troisième dimension de l’amour : l’amour comme attachement.

Nous découvrons par ces études ce que nous expérimentons dans notre vie : les différentes dimensions de l’amour ne sont pas coextensives et ne concordent pas automatiquement. Le propre de l’homme sera de s’unifier, de tiser peu à peu des liens : des liens neuronaux entre ces centres nerveux qui s’acquièrent, comme tous les apprentissages, par des liens consciemment tissés et entretenus entre des connaissances, des émotions et des réflexes.

On sait depuis un moment que les connexions entre neurones se modifient jusqu’à un âge avancé. C’est le cas lors d’une opération d’apprentissage (quelqu’un qui apprend le piano voit sa dextérité augmenter et de nouvelles manières d’être devant l’instrument se mettre en place). Mais la plasticité cérébrale n’est pas seulement mobilisée par des signaux provenant de l’extérieur. Des activités purement mentales modifient aussi le cerveau (comme cela a été étudié chez des moines bouddhistes) On peut donc modeler son cerveau par l’activité mentale elle-même. Ce n’est donc pas seulement par nos actes mais aussi par la conduite de nos pensées que nous nous rendrons capables d’aimer d’un amour authentiquement humain. (R. Davidson et all, Alteration in brain and immune fonction produced by mindful meditation, in Psychosomatic Medicine, 65, pp.564-570, 2003 ; cité dans Ulrich Kraft, La neurobiologie de la méditation, Cerveau et Psychologie, 13, pp.46-49, jan-fév 2006)

Les désirs d’ordre sexuels sont liés au système limbique, aux émotions profondes et notamment aux obscures tensions d’angoisse qui naissent parfois en nous, bref à des choses sur lesquelles nous n’avons que peu de prise consciemment. Cela rend la conduite de ces désirs plus difficile. Personne ne domine tout d’un coup ses attraits sexuels. Les efforts de maîtrise de soi devront être patients, maintes fois répétés, pour que se modifient la façon dont les émotions négatives nous font chercher l’apaisement dans la satisfaction. Et même après de sérieux progrès, une modification des conditions de vie peut nous jeter à nouveau dans la difficulté et exiger de nouveaux efforts pour mieux aimer.

Il me revient ce verset du psaume 86(85) 11« Montre-moi ton chemin, Seigneur, que je marche suivant ta vérité ; unifie mon cœur pour qu’il craigne ton nom. » Cette unification du cœur, dont la vie nous découvre progressivement la nécessité, il faut la demander à Dieu.