Le célibat est un chemin d’épanouissement, tout comme le mariage. Il n’est pas seulement un élément du paquetage obligatoire du prêtre, il n’est pas seulement une privation, il est aussi un formidable moteur spirituel. Le célibat du prêtre peut l’épanouir car il ouvre tout son être à la recherche de Dieu et permet de mobiliser une énergie affective considérable pour la contemplation.

Il y a un manque, un vide que nous acceptons dans notre cœur pour qu’il ait davantage soif de Dieu, pour qu’il y ait un appel vital de Dieu qui monte du plus profond de nous.

Cet appel part du plus profond et veut toucher toutes les couches de notre être, comme le suggère ce beau texte de saint Augustin :

Qu’est-ce que j’aime, en t’aimant, mon Dieu ?
Ce n’est pas la beauté des corps, ni leur éclat qui passe, ni la clarté du jour qu’aiment tant nos pauvres yeux, ni les douces mélodies des cantilènes variées, ni l’odeur suave des fleurs, des parfums et des aromates, ni la manne, ni le miel, ni les membres faits pour les délices des enlacements de la chair.

Non ce n’est pas cela que j’aime, quand j’aime mon Dieu.
Pourtant, j’aime une clarté, une voix, un parfum, une nourriture, un enlacement, quand j’aime mon Dieu : c’est la clarté, la voix, le parfum, l’enlacement de l’homme intérieur que je porte en moi, là où brille pour mon âme une clarté que ne borne aucun espace, où chantent des mélodies que le temps n’emporte point, où embaument des parfums que ne dissipe pas le vent, où la table a des saveurs que n’émousse pas la voracité, et l’amour, des enlacements que ne dénoue aucune satiété : voilà ce que j’aime en aimant mon Dieu
(Augustin, Confessions, livre X, chap 6)

Dans l’eucharistie, celui qui préside l’offrande du Christ, son sacrifice, sait et expérimente qu’il s’est offert lui-même aussi, et non pas seulement dans l’emploi de son temps, dans les préférences de son style de vie, mais aussi dans sa propre chair.

Le célibataire fait l’expérience de la grâce, de façon parfois directe, lorsqu’il sent qu’humainement il ne trouve plus la force, la consolation ou l’apaisement, et qu’il n’y a que Dieu qui peut les lui donner. Cela rend la grâce bien épaisse, tangible, dense.