Interventions de Benoît XVI aux JMJ de Madrid
Quand Benoît XVI parle aux jeunes, il le fait encore plus particulièrement avec son cœur. Nous avons eu du mal à capter la traduction en français depuis les places de Madrid, alors voici rassemblées la plupart des interventions du pape.
- Dans l’avion pour Madrid
- Fête d’accueil le jeudi 18 août, Plaza de Cibeles
- Rencontre des jeunes professeurs d’université, Basilique Saint-Laurent de l’Escorial, Vendredi 19 août 2011 (extraits)
- Chemin de croix, Plaza de Cibeles, vendredi 19 août
- Rencontre à l’institut Saint-José accueillant des personnes handicapée, sur le chemin de Cuatro Vientos, samedi 20 août
- Veillée du samedi 20, Aérodrome de Cuatro Vientos, questions des jeunes
- Veillée du samedi 20, Aérodrome de Cuatro Vientos, réponse du pape
- Messe des JMJ, Aérodrome de Cuatro Vientos, Dimanche 21 août 2011
Dans l’avion pour Madrid
Je dirais que ces JMJ sont un signal, une cascade de lumière ; elles donnent une visibilité à la foi, une visibilité à la présence de Dieu dans le monde et créent ainsi le courage d’être croyants. Les croyants se sentent souvent isolés dans ce monde, un peu perdus. Ici, ils voient qu’ils ne sont pas seuls, qu’il existe un grand réseau de foi, une grande communauté de croyants dans le monde, qu’il est beau de vivre dans cette amitié universelle. Il me semble que c’est ainsi que naissent les amitiés, des amitiés au-delà des frontières des différentes cultures, des différents pays. La naissance d’un réseau universel d’amitié qui relie le monde et Dieu est une réalité importante pour l’avenir de l’humanité, pour la vie de l’humanité aujourd’hui...
Et toute l’interview est passionnante à lire en suivant ce lien.
Fête d’accueil le jeudi 18 août, Plaza de Cibeles
Chers amis,
Je remercie les jeunes représentants des cinq continents pour les paroles chaleureuses qu’ils m’ont adressées. Je salue affectueusement tous les jeunes qui sont ici réunis, provenant d’Océanie, d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Europe, ainsi que tous ceux qui n’ont pas pu venir. Je pense souvent à vous et prie pour vous. Dieu m’a accordé la grâce de pouvoir vous voir et vous entendre de plus près et de nous mettre ensemble à l’écoute de sa Parole.
Dans la Lecture qui vient d’être proclamée, nous avons entendu un passage de l’Évangile où il est dit d’accueillir les paroles de Jésus et de les mettre en pratique. Il y a des paroles qui ne servent qu’à entretenir une conversation et qui passent comme le vent. D’autres cultivent l’esprit sous divers aspects. Celles de Jésus, par contre, remplissent le cœur, s’y enracinent et façonnent notre vie tout entière. Sinon elles demeurent vides et deviennent éphémères. Elles ne nous rapprochent pas de Lui. Et, ainsi, le Christ continue d’être au loin, comme une voix parmi les nombreuses autres que nous entendons autour de nous et auxquelles nous sommes déjà accoutumés. De plus, le Maître qui parle n’enseigne pas ce qu’il a appris d’autres personnes, mais ce qu’Il est lui-même, le seul qui connaisse vraiment le chemin de l’homme vers Dieu, car c’est lui qui l’a ouvert pour nous, qui l’a créé pour que nous puissions parvenir à la vie authentique, celle qu’il vaut toujours la peine de vivre en toute circonstance et que la mort même ne peut détruire. L’Évangile continue en expliquant cela à travers l’image suggestive de celui qui construit sur un roc solide, résistant aux assauts des adversités, contrairement à celui qui bâtit sur le sable, parfois même dans un lieu paradisiaque, comme nous dirions aujourd’hui, mais qui se désagrège au premier souffle de vent et devient une ruine.
Chers jeunes, écoutez vraiment les paroles du Seigneur pour qu’elles soient en vous « esprit et vie » (Jn 6, 63), racines qui alimentent votre être, règles de conduite qui nous rendent semblables à la personne du Christ, en étant pauvres de cœur, affamés de justice, miséricordieux, en ayant un cœur pur, en aimant la paix. Faites-le chaque jour avec constance, comme on fait avec le seul Ami qui ne nous déçoit pas et avec qui nous voulons partager le chemin de notre vie. Vous savez bien que lorsque nous ne marchons pas au côté du Christ qui nous guide, nous nous dispersons sur d’autres sentiers, comme celui de nos propres impulsions aveugles et égoïstes, celui des propositions flatteuses mais intéressées, trompeuses et volubiles, qui laissent le vide et la frustration derrière elles.
Profitez de ces journées pour mieux connaître le Christ et soyez certains qu’enracinés en Lui votre enthousiasme et votre joie, vos désirs d’aller plus loin, d’atteindre ce qui est plus élevé, jusqu’à Dieu, auront toujours un avenir assuré, parce que la plénitude de la vie demeure déjà en vous. Faites-la grandir à l’aide de la grâce divine, généreusement et sans médiocrité, visant sérieusement l’objectif de la sainteté. Et, face à nos faiblesses, qui parfois nous écrasent, comptons également sur la miséricorde du Seigneur, qui est toujours prêt à nous tenir de nouveau la main et qui nous offre son pardon à travers le sacrement de la Pénitence.
En construisant sur le roc inébranlable, non seulement votre vie sera solide et stable, mais elle contribuera aussi à projeter la lumière du Christ sur les jeunes de votre âge et sur toute l’humanité, en présentant une alternative valable à tous ceux qui sont tombés dans leur vie, parce que les fondements de leur existence étaient inconsistants ; à tous ceux qui se contentent de suivre les courants de la mode, qui trouvent refuge dans leur intérêt immédiat, oubliant la vraie justice, ou qui s’abritent derrière leurs propres opinions au lieu de rechercher la pure vérité.
Oui, nombreux sont ceux qui, se croyant des dieux, pensent ne pas avoir besoin d’autres racines ni d’autres sources qu’eux-mêmes. Ils voudraient décider eux-mêmes ce qui est vérité ou pas, ce qui est bien ou mal, le juste et l’injuste ; décider ce qui est digne de vivre ou peut être sacrifié sur l’autel d’autres préférences ; marcher à chaque instant au hasard, sans but préétabli, se laissant guider par l’instinct du moment. Ces tentations sont toujours aux aguets. Il est important de ne pas y succomber car, en réalité, elles mènent à quelque chose d’aussi évanescent qu’une existence sans horizons, une liberté sans Dieu. Nous, par contre, nous savons bien que nous avons été créés libres, à l’image de Dieu, précisément parce que nous sommes protagonistes de la recherche de la vérité et du bien, responsables de nos actions et non de simples exécutants aveugles, collaborateurs créatifs dans notre tâche de cultiver et d’embellir l’œuvre de la création. Dieu désire un interlocuteur responsable, qui puisse dialoguer avec lui et l’aimer. À travers le Christ, nous pouvons vraiment le devenir et, enracinés en lui, donner ses ailes à notre liberté. N’est-ce pas là le grand motif de notre joie ? N’est-ce pas là un terrain solide pour construire la civilisation de l’amour et de la vie, capable d’humaniser tous les hommes ?
Chers amis, soyez prudents et sages, bâtissez votre vie sur le fondement solide qu’est le Christ. Cette sagesse et cette prudence guideront vos pas, rien ne vous fera trembler et la paix règnera dans votre cœur. Alors, vous serez heureux, contents, et votre joie se communiquera aux autres. Ils se demanderont quel est le secret de votre vie et ils découvriront que le roc qui soutient tout l’édifice et sur lequel s’appuie toute votre existence est la personne même du Christ, votre ami, frère et Seigneur, le fils de Dieu fait homme, qui donne consistance à tout l’univers. Il est mort pour nous et il est ressuscité pour que nous ayons la vie et, à présent, depuis le trône du Père, il demeure vivant et proche de tous les hommes, veillant continuellement avec amour sur chacun de nous.
Confiant les fruits de ces Journées Mondiales de la Jeunesse à la Vierge Marie, qui a su dire « oui » à la volonté de Dieu et qui nous enseigne, comme personne d’autre, la fidélité à son divin Fils, qu’elle a suivi jusqu’à sa mort sur la croix. Nous méditerons tout cela plus profondément aux diverses stations de la Via Crucis. Prions pour que, comme pour elle, notre « oui » d’aujourd’hui au Christ soit aussi un « oui » inconditionnel à son amitié, à la fin de cette Journée et durant toute notre vie. Merci beaucoup.
Rencontre des jeunes professeurs d’université, Basilique Saint-Laurent de l’Escorial, Vendredi 19 août 2011 (extraits)
Chers Professeurs,chers amis,
J’attendais avec joie cette rencontre avec vous, jeunes professeurs des universités espagnoles, vous qui prêtez une magnifique collaboration à la diffusion de la vérité, dans des circonstances qui ne sont pas toujours faciles. En ce lieu significatif la foi et la raison se sont fondues harmonieusement dans la pierre austère pour modeler l’un des monuments les plus renommés d’Espagne.
En étant parmi vous, me reviennent à l’esprit mes premiers pas comme professeur à l’université de Bonn. Quand on constatait encore les blessures de la guerre et que les carences matérielles étaient nombreuses, tout était remplacé par un vif désir d’une activité passionnante, le contact avec des collègues des diverses disciplines et le souhait de répondre aux inquiétudes ultimes et fondamentales des étudiants. Cette « universitas », que j’ai vécue alors, de professeurs et d’étudiants qui ensemble cherchent la vérité dans tous les savoirs, ou, comme aurait dit Alphonse X le Sage, cette « union de maîtres et d’étudiants avec la volonté et l’objectif d’apprendre les savoirs » (Siete partidas, partida II, tit. XXXI), rend clair le projet jusqu’à la définition de l’Université.
Dans le thème des présentes Journées Mondiales de la Jeunesse « Enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi » (Col 2, 7), vous pourrez trouver aussi la lumière pour mieux comprendre votre être et ce que vous devez faire. Avec cette pensée, et comme je l’ai déjà écrit dans le Message aux jeunes en préparation à ces journées, les mots « enracinés, fondés et affermis » orientent vers des fondements solides pour la vie (cf. n. 2).
Mais, où les jeunes trouveront-ils ces points de référence dans une société émiettée et instable ? Parfois on estime que la mission d’un professeur universitaire est aujourd’hui exclusivement de former des professionnels compétents et efficaces qui puissent satisfaire la demande du marché du travail à tout moment précis. On affirme également que l’unique chose que l’on doit privilégier dans la conjoncture actuelle est la pure capacité technique. Certainement, cette vision utilitaire de l’éducation, même universitaire, répandue spécialement dans des milieux extra-universitaires, s’installe aujourd’hui. Sans aucun doute, vous qui avez vécu comme moi l’université, et qui la vivez maintenant comme enseignants, vous sentez sans doute le désir de quelque chose d’autre de plus élevé qui corresponde à toutes les dimensions qui constituent l’homme. Nous savons que quand la seule utilité et le pragmatisme immédiat s’érigent en critère principal, les pertes peuvent être dramatiques : des abus d’une science sans limites, bien au-delà d’elle-même, jusqu’au totalitarisme politique qui se ravive facilement quand on élimine toute référence supérieure au simple calcul de pouvoir. Au contraire, l’idée authentique d’université est précisément celle qui nous préserve de cette vision réductrice et détachée de l’humain.
En réalité, l’université a été et est encore appelée à être toujours la maison où se cherche la vérité propre de la personne humaine. Pour cette raison ce n’est pas par hasard que l’Église a promu l’institution universitaire, justement parce que la foi chrétienne nous parle du Christ comme le Logos par lequel tout a été fait (cf. Jn 1,3), et de l’être humain créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Cette bonne nouvelle découvre une rationalité dans tout le créé et regarde l’homme comme une créature qui participe et peut parvenir à reconnaître cette rationalité. L’université incarne, donc, un idéal qui ne doit pas perdre sa vertu ni à cause d’idéologies fermées au dialogue rationnel, ni par servilité envers une logique utilitaire de simple marché, qui voit l’homme comme un simple consommateur.
C’est là votre mission importante et vitale. C’est vous qui avez l’honneur et la responsabilité de transmettre cet idéal universitaire, un idéal que vous avez reçu de vos prédécesseurs, dont beaucoup d’humbles disciples de l’Évangile et qui, en tant que tels, se sont convertis en géants de l’esprit. Nous devons nous sentir leurs continuateurs dans une histoire bien distincte de la leur, mais dans laquelle les questions essentielles de l’être humain continuent à réclamer notre attention et nous poussent à aller de l’avant. Avec eux, nous nous sentons unis à cette chaîne d’hommes et de femmes qui se sont engagés à proposer et à rendre crédible la foi devant l’intelligence des hommes. Et la façon de le faire ne signifie pas seulement l’enseigner, mais encore plus le vivre, l’incarner, de sorte que le Logos lui-même s’incarne pour placer sa demeure parmi nous. En ce sens, les jeunes ont besoin de maîtres authentiques ; des personnes ouvertes à la vérité totale dans les différentes branches du savoir, sachant écouter et vivant à l’intérieur d’elles-mêmes ce dialogue interdisciplinaire ; des personnes convaincues, surtout, de la capacité humaine d’avancer sur le chemin vers la vérité. La jeunesse est le temps privilégié pour la recherche et la rencontre de la vérité. Comme le disait Platon : « Cherche la vérité tant que tu es jeune, parce que si tu ne le fais pas, ensuite elle t’échappera des mains » (Parménide, 135d). Cette haute aspiration est la plus valable que vous puissiez transmettre personnellement et vitalement à vos étudiants, et pas simplement quelques techniques matérielles et anonymes, ou quelques froides données, utilisées seulement de façon fonctionnelle.
Aussi je vous exhorte de tout cœur à ne jamais perdre cette sensibilité et ce désir ardent de la vérité ; à ne pas oublier que l’enseignement n’est pas une communication aride de contenus, mais une formation des jeunes que vous devrez comprendre et rechercher, chez lesquels vous devez susciter cette soif de vérité qu’ils ont au plus profond d’eux-mêmes et qu’ils cherchent à assouvir. Soyez pour eux un encouragement et une force.
Pour ce motif, il faut tenir à l’esprit, en premier lieu, que le chemin vers la vérité complète engage aussi l’être humain tout entier : c’est un chemin de l’intelligence et de l’amour, de la raison et de la foi. Nous ne pouvons pas avancer dans la connaissance de quelqu’un si l’amour ne nous anime pas, ni non plus aimer quelqu’un dans lequel nous ne voyons pas de rationalité, étant donné que « il n’y a pas l’intelligence puis l’amour : il y a l’amour riche d’intelligence et l’intelligence pleine d’amour » (Caritas in veritate, n. 30). Si la vérité et le bien restent unis, de même la connaissance et l’amour. De cette unité découle la cohérence de vie et de pensée, l’exemplarité qu’on exige de tout bon éducateur.
En second lieu, il faut considérer que la vérité elle-même est toujours au-delà de nos efforts. Nous pourrons la chercher et nous approcher d’elle, mais nous ne pouvons pas la posséder totalement, ou mieux c’est elle qui se propose à nous et elle qui nous motive. Dans l’œuvre intellectuelle et d’enseignement, l’humilité est une vertu indispensable, qui nous protège de la vanité, laquelle ferme à l’accès à la vérité. Nous ne devons pas attirer les étudiants à nous-mêmes, mais les mettre en route vers cette vérité que tous nous recherchons. Dans cette tâche le Seigneur vous aidera, lui qui vous demande d’être prévenants et efficaces comme le sel, comme la lampe qui donne de la lumière sans faire de bruit (cf. Mt 5, 13-15).
Tout ceci nous invite à tourner toujours notre regard vers le Christ, sur le visage duquel resplendit la Vérité qui nous illumine, mais qui est aussi le Chemin qui nous conduit à une plénitude durable, puisqu’il est le Voyageur qui est à nos côtés et qui nous soutient de son amour. Liés à lui, vous serez de bons guides pour nos jeunes. Avec cette espérance, je vous confie à la protection de la Vierge Marie, Trône de la Sagesse, pour qu’elle fasse de vous des collaborateurs de son Fils par une vie pleine d’attention pour vos semblables et féconde en fruits, aussi bien de connaissance que de foi, pour vos étudiants. Merci beaucoup.
Chemin de croix, Plaza de Cibeles, vendredi 19 août 2011
Chers jeunes,
Nous avons célébré avec piété et ferveur ce chemin de croix en accompagnant le Christ dans sa passion et sa mort. Les commentaires des Hermanitas de la Cruz, qui servent les plus pauvres et ceux qui sont dans le besoin, nous ont permis d’entrer dans le mystère de la croix glorieuse du Christ, qui renferme la vraie sagesse de Dieu, celle qui juge le monde et ceux qui se croient sages (cf. 1 Cor 1, 17-19). La contemplation des extraordinaires imágenes provenant du patrimoine religieux des diocèses espagnols, nous a aidé également dans cet itinéraire vers le calvaire. Ce sont des imágenes où la foi et l’art s’harmonisent pour arriver au cœur de l’homme et pour l’inviter à la conversion. Quand le regard de la foi est limpide et authentique, la beauté se met à son service et elle est capable de représenter les mystères de notre salut jusqu’à nous émouvoir profondément, et de transformer notre cœur, comme cela est arrivé à sainte Thérèse d’Avila en contemplant une représentation du Christ blessé (cf. Libro de la vida 9, 1).
Pendant que nous avancions avec Jésus pour arriver au sommet du don de lui-même au calvaire, les paroles de saint Paul nous sont venus en mémoire : « Le Christ m’a aimé et il s’est livré pour moi » (Ga 2, 20). Devant un tel amour si désintéressé, pleins d’étonnement et de gratitude, nous nous demandons maintenant : Que ferons-nous nous-autres pour lui ? Quelle réponse lui donnerons-nous ? Saint Jean le dit clairement : « À ceci nous avons connu l’amour : celui-là a donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères » (1 Jn 3 , 16). La passion du Christ nous pousse à charger sur nos épaules la souffrance du monde, avec la certitude que Dieu n’est pas quelqu’un qui est distant ou lointain de l’homme et de ses vicissitudes. Au contraire, il s’est fait l’un d’entre nous « pour pouvoir compatir avec l’homme de manière très réelle, dans la chair et le sang ... De là, dans toute souffrance humaine est entré quelqu’un qui partage la souffrance et la patience ; de là se répand dans toute souffrance la con-solatio ; la consolation de l’amour qui vient de Dieu et ainsi surgit l’étoile de l’espérance » (Spes salvi, 39).
Chers jeunes, que l’amour du Christ pour nous augmente votre joie et vous aide à être proches de ceux qui sont dans le besoin. Vous qui êtes très sensibles à l’idée de partager la vie avec les autres, ne passez pas à côté de la souffrance humaine, où Dieu espère en vous afin que vous puissiez donner le meilleur de vous-mêmes : votre capacité d’aimer et de compatir. Les diverses formes de souffrance qui, tout au long du chemin de croix, ont défilé devant vos yeux, sont des appels du Seigneur pour édifier nos vies en suivant ses traces et pour faire de nous des signes de sa consolation et de son salut : « Souffrir avec l’autre, pour les autres ; souffrir par amour de la vérité et de la justice ; souffrir à cause de l’amour et pour devenir une personne qui aime vraiment – ce sont des éléments fondamentaux d’humanité ; leur abandon détruirait l’homme lui-même » (ibid.).
Sachons recevoir ces leçons et les mettre en pratique ! Pour cela, regardons vers le Christ, cloué sur un bois rude, et demandons-lui qu’il nous montre cette sagesse mystérieuse de la croix par laquelle l’homme vit. La croix n’a pas été le développement d’un échec, sinon la manière d’exprimer le don aimant qui arrive jusqu’à un don plus grand : celui de sa propre vie. Le Père a désiré aimer les hommes dans l’accolade de son Fils crucifié par amour. Par sa forme et sa signification, la croix représente cet amour du Père et du Christ pour les hommes. En elle, nous reconnaissons l’image de l’amour suprême, où nous apprenons à aimer ce que Dieu aime et comme il le fait : c’est elle la Bonne Nouvelle qui redonne l’espérance au monde.
Tournons maintenant nos yeux vers la Vierge Marie qui nous fut donnée pour mère au calvaire, et supplions-la de nous soutenir par sa protection aimante sur le chemin de la vie, en particulier quand nous passons à travers la nuit de la souffrance, afin que nous réussissions comme elle à demeurer fermes dans la foi au pied de la croix. Merci beaucoup.
Rencontre à l’institut Saint-José accueillant des personnes handicapée, sur le chemin de Cuatro Vientos, samedi 20
Chers jeunes, parents et volontaires présents,
La jeunesse est l’âge où la vie se dévoile dans la personne avec toute la richesse et la plénitude de ses capacités, poussant à rechercher les buts les plus élevés qui lui donnent sens. C’est pourquoi lorsque dans une vie jeune apparaît la douleur, nous demeurons déconcertés et nous nous demandons peut-être : la vie peut-elle continuer à être grande quand la souffrance y fait irruption ? À cet égard dans mon encyclique sur l’espérance chrétienne, j’ai écrit : « La mesure de l’humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. (…) Une société qui ne réussit pas à accepter les souffrants et qui n’est pas capable de contribuer, par la compassion, à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée aussi intérieurement est une société cruelle et inhumaine. » (Spe salvi, 38). Ces paroles reflètent une longue tradition de l’humanité qui découle de l’offrande que le Christ fait de lui-même sur la croix pour nous et pour notre rédemption. Jésus et, sur ses pas, sa Mère — Notre Dame des Douleurs — et les saints sont les témoins qui nous montrent comment vivre le drame de la souffrance pour notre bien et pour le salut du monde.
Ces témoins nous parlent surtout de la dignité de chaque vie humaine créée à l’image de Dieu. Aucune affliction n’est capable d’effacer cette empreinte divine gravée au plus profond de l’homme. Bien plus, depuis que le Fils de Dieu a désiré librement embrasser la douleur et la mort, l’image de Dieu nous offre aussi le visage de celui qui les a supportées. Cette prédilection particulière du Seigneur pour qui souffre, nous fait voir l’autre avec des yeux purs pour lui donner, en plus des choses extérieures nécessaires, le regard de l’amour dont il a besoin. Il n’est possible de réaliser ceci que comme le fruit d’une rencontre personnelle avec le Christ. Soyez très conscients de cela vous les religieux, les parents, les professionnels de la santé et les volontaires qui vivez et travaillez quotidiennement avec ces jeunes. Votre vie et votre engagement proclament la grandeur à laquelle l’homme est appelé : compatir et accompagner par amour celui qui souffre, comme Dieu l’a fait lui-même. Et dans votre beau travail résonnent ainsi les paroles évangéliques : « Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un des ces petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).
Par ailleurs, vous êtes également les témoins du bien immense qu’est la vie de ces jeunes pour ceux qui sont à leurs côtés et pour l’humanité entière. De manière mystérieuse, mais très réelle, votre présence suscite en nos cœurs, fréquemment endurcis, une tendresse qui nous ouvre au salut. Il est certain que la vie de ces jeunes change le cœur des hommes et, pour cela, nous rendons grâce au Seigneur pour les avoir connus.
Chers amis, notre société où très souvent est mise en doute la dignité inestimable de la vie, de chaque vie, a besoin de vous : vous contribuez de manière décisive à édifier la civilisation de l’amour. Bien plus, soyez les protagonistes de cette civilisation ! Et comme fils de l’Église offrez au Seigneur vos vies, avec ses peines et ses joies, en collaborant avec Lui et en entrant « ainsi d’une certaine façon dans le trésor de compassion dont le genre humain a besoin » (Spe salvi, 40).
Avec une affection profonde, et par l’intercession de saint Joseph, de saint Jean de Dieu et de saint Benito Menni, je vous confie de tout cœur à Dieu, Notre Seigneur. Qu’il soit votre force et votre récompense ! Que cette bénédiction apostolique que je vous donne ainsi qu’à tous vos proches, en soit le signe ! Merci beaucoup.
Veillée du samedi 20, Aérodrome de Cuatro Vientos
questions des jeunes (grâce à KtO)
Mon cher Saint Père, je m’appelle Paul, je suis anglais et je travaille. Je me suis converti à l’église catholique il y a quelques années, grâce à l’aide de quelques amis, et cela m’a fait découvrir l’histoire de l’Église de mon pays.
j’ai découvert que celui qui trouve Jésus se trouve lui-même et trouve sa propre identité. Mais dans notre monde actuel, souvent nous pensons que la foi chrétienne est simplement une alternative à d’autres credos ou choix de vie. Il peut être difficile de comprendre que le Christ est vraiment le Sauveur de tous les hommes et de tout ce que cherche chaque homme.C’est pour cela que j’aimerais que Votre Sainteté nous aide à comprendre qui est le Christ réellement, comment répond-il à tout ce que chaque homme recherche ?
Cher Saint Père, je m’appelle Roseline, je suis kenyane et je travaille à Strathmore University. Je consacre la plupart de mon temps à travailler dans le domaine social avec des marginaux et des gens très pauvres. Récemment dans mon université nous avons mis en œuvre une campagne spéciale pour aider les victimes de la fin au Kenya, en Éthiopie et en Somalie.
Votre sainteté nous a dit que grâce aux pauvres nous pouvons atteindre le Christ. Cela est vrai mais ce n’est pas facile, parce que devant la souffrance du monde, particulièrement dans cette crise économique, nous nous posons des questions sur le sens de la douleur dans le projet de Dieu. Quand ceux qui souffrent nous posent des questions sur cela, il nous est difficile de répondre. Comment leur faire comprendre que en eux Christ est vivant et souffre ? Comment leur dire qu’ils sont très importants pour Dieu et qu’il ne les oublie pas ?
Cher Saint Père, je m’appelle Robert et je vais me marier, si Dieu le veut, dans quelques mois. Je me rends compte que cette vocation est très exigeante, et je vois que beaucoup de couples chrétiens ne suivent pas les orientations de l’Église dans la morale sexuelle et matrimoniale.
Parfois nous avons l’impression que la morale chrétienne atteint peu de personnes. Le mariage chrétien, pourtant, est une belle vocation. Ma fiancée et moi-même nous voulons être heureux, nous voulons être de bons époux et de bons parents. Et surtout nous voulons être saints et avoir un foyer heureux pour nos enfants.
Comment vivre la vocation au mariage avec la sainteté que Christ demande ? Et nous voulons également avoir votre bénédiction.
Cher Saint-Père, je m’appelle Christina et je suis des Philippines. Je suis travailleuse sociale. C’est mon plus grand désir d’atteindre la sainteté, mais dans notre environnement le succès, l’argent, le pouvoir et la recherche de postes de prestige rendent très difficile d’atteindre de grands idéaux, d’être fidèle à sa foi et de vivre selon les valeurs qu’elle inspire.
Je voudrais être une vraie chrétienne. Je voudrais vous demander, saint Père, que faire pour ne pas renoncer à mes idéaux, à ma foi, sans me couper de la société, mais en luttant pour être témoin du Christ dans notre monde ?
Cher Saint-Père, il me semble que je suis la moins chrétienne de tous ceux qui ont parlé. Je m’appelle Kathleen, je suis de Berlin. Je ne suis pas encore baptisée, bien que je pratique un petit peu.
Je suis attirée par la personne du Christ mais je ne sais pas si je veux vraiment être chrétienne. Car bien que vous ayez dit que Christ donne tout et ne prend rien, il m’est difficile de m’en rendre compte. Si je veux être chrétienne vraiment je dois renoncer à énormément de choses. Et je ne ressens pas que le Christ s’intéresse beaucoup à moi.
Je voudrais vous demander de prier pour moi, et de me dire ce que je dois faire et par où je dois commencer.
réponse du pape
J’adresse un salut à tous, et particulièrement aux jeunes qui m’ont posé leurs questions et je les remercie de la sincérité avec laquelle ils ont exprimé des inquiétudes qui, d’une certaine manière, traduisent votre aspiration unanime à faire quelque chose de grand dans votre vie, quelque chose qui vous donne le bonheur en plénitude.
Mais comment un jeune peut-il être fidèle à la foi chrétienne et vivre en cherchant à atteindre de grands idéaux dans la société actuelle ? Dans l’évangile que nous avons écouté, Jésus nous donne une réponse à cette question importante : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour » (Jn 15, 9).
Oui, chers amis, Dieu nous aime. Telle est la grande vérité de notre vie, celle qui donne sens à tout le reste. Nous ne sommes pas le fruit du hasard ou de l’irrationnel, mais, à l’origine de notre existence, il y a un projet d’amour de Dieu. Demeurer dans son amour, c’est vivre enraciné dans la foi, parce que la foi n’est pas la simple acceptation de vérités abstraites, mais une relation intime avec le Christ qui nous amène à ouvrir notre cœur à ce mystère d’amour et à vivre comme des personnes qui se savent aimées de Dieu.
Si vous demeurez dans l’amour du Christ, enracinés dans la foi, vous rencontrerez, même au milieu des contradictions et des souffrances, la source de la joie et de l’allégresse. La foi ne s’oppose pas à vos idéaux les plus élevés ; au contraire, elle les exalte et les porte à leur perfection. Chers jeunes, ne vous conformez pas à moins qu’à la Vérité et à l’Amour, ne vous conformez pas à moins qu’au Christ.
C’est précisément maintenant au moment où la culture relativiste dominante refuse et déprécie la recherche de la vérité – la plus haute aspiration de l’esprit humain – que nous devons proposer avec courage et humilité la valeur universelle du Christ comme sauveur de tous les hommes et source d’espérance pour notre vie. Lui, qui a pris sur lui nos afflictions, connaît bien le mystère de la douleur humaine et montre sa présence aimante à tous ceux qui souffrent. Ceux-ci, à leur tour, unis à la passion du Christ, participent de plus près à son œuvre de rédemption. En outre, notre attention désintéressée envers les malades et les personnes dans le besoin sera toujours un témoignage humble et silencieux du visage de la compassion de Dieu.
Chers amis, qu’aucune adversité ne vous paralyse. N’ayez pas peur du monde, ni de l’avenir, ni de votre faiblesse. Le Seigneur vous a donné de vivre en ce moment de l’histoire, pour que, grâce à votre foi, son Nom retentisse sur toute la terre.
En cette veillée de prière, je vous invite à demander à Dieu de vous aider à découvrir votre vocation dans la société et dans l’Église, et à persévérer en elle avec joie et fidélité. Il vaut la peine de sentir en nous-mêmes l’appel du Christ et de suivre avec courage et générosité le chemin qu’il nous propose.
Le Seigneur appelle beaucoup d’entre vous au mariage, où un homme et une femme, en ne formant qu’une seule chair (cf. Gn 2, 24), se réalisent en une profonde vie de communion. C’est un horizon tout à la fois lumineux et exigeant, un projet d’amour véritable qui se renouvelle et s’approfondit chaque jour par le partage des joies et des difficultés, et qui se caractérise par une offrande de la personne tout entière. C’est pourquoi reconnaître la beauté et la bonté du mariage, c’est être conscient du fait que seul un contexte de fidélité et d’indissolubilité ainsi que d’ouverture au don divin de la vie est en accord avec la grandeur et la dignité de l’amour des époux.
À d’autres, en revanche, le Christ lance un appel à le suivre de plus près dans le sacerdoce et la vie consacrée. Que c’est beau de savoir que Jésus te cherche, te fais confiance et, avec sa voix reconnaissable entre toutes, te dit aussi à toi : « Suis-moi » (cf. Mc 2, 14).
Chers jeunes, pour découvrir et suivre fidèlement la forme de vie à laquelle le Seigneur appelle chacun, il est indispensable de demeurer dans son amour comme des amis. Or, comment se conserve l’amitié sinon par la fréquence des rencontres, la conversation, le fait d’être ensemble et de partager les joies et les peines ? Sainte Thérèse de Jésus disait que la prière consistait à « parler de l’amitié en étant bien souvent seuls pour parler avec celui dont nous savons qu’il nous aime » (cf. Libro de la vida, 8).
Je vous invite encore à demeurer maintenant dans l’adoration du Christ réellement présent dans l’Eucharistie, à dialoguer avec Lui, à Lui exposer vos questions et à L’écouter. Chers amis, je prie pour vous de tout cœur ; je vous supplie de prier aussi pour moi. En cette nuit, demandons au Seigneur qu’attirés par la beauté de son amour, nous vivions toujours fidèlement comme ses disciples. Amen.
Chers amis, merci pour votre joie et pour votre résistance ! Votre force est plus grande que la pluie. Merci ! Par cette pluie, le Seigneur nous a envoyé d’abondantes bénédictions. En cela, vous êtes aussi un exemple.
Salutation en français
Chers jeunes francophones, soyez fiers d’avoir reçu le don de la foi, c’est elle qui illuminera votre vie à chaque instant. Appuyez-vous sur la foi de vos proches, sur la foi de l’Église ! Par la foi, nous sommes fondés dans le Christ. Retrouvez-vous avec d’autres pour l’approfondir, fréquentez l’Eucharistie, mystère de la foi par excellence. Le Christ seul peut répondre aux aspirations que vous portez en vous. Laissez-vous saisir par Dieu pour que votre présence dans l’Église lui donne un élan nouveau !
Salutation en anglais
Chers jeunes, en ces moments de silence devant le Saint Sacrement, tournons notre esprit et notre cœur vers Jésus-Christ, le Seigneur de nos vies et de notre avenir. Puisse-t-il répandre son Esprit sur nous et sur l’Église tout entière afin que nous devenions un phare de liberté, de réconciliation et de paix pour le monde entier.
Salutation en allemand
Chers jeunes chrétiens de langue allemande ! Au fond de nos cœurs, nous désirons ce qui est grand et beau dans la vie. Ne laissez pas tomber dans le vide vos vœux et vos désirs, mais rendez-les fermes en Jésus Christ. Lui-même est le fondement qui porte, et le point de référence sûr pour une vie en plénitude.
Salutation en italien
Je me tourne maintenant vers les jeunes de langue italienne. Chers amis, cette veillée restera comme une expérience inoubliable de votre vie. Gardez la flamme que Dieu a allumée cette nuit en vos cœurs : faites en sorte qu’elle ne s’éteigne pas ! Alimentez-la chaque jour, partagez-la avec les compagnons de votre âge qui vivent dans la nuit et cherchent une lumière pour leur chemin. Merci ! Au revoir et à demain matin !
Salutation en portugais
Chers amis, j’invite chacun et chacune de vous à nouer un dialogue personnel avec le Christ, en Lui exposant vos propres doutes et surtout en l’écoutant. Le Seigneur est ici et vous appelle ! Jeunes amis, cela vaut la peine d’écouter au fond de nous la Parole de Jésus et de marcher sur ses pas. Demandez au Seigneur de vous aider à découvrir votre vocation dans la vie et dans l’Église, et à y persévérer avec joie et fidélité, sachant qu’Il ne vous abandonne jamais et qu’il ne trahit jamais. Il est avec nous jusqu’à la fin du monde.
Salutation en polonais
Chers jeunes amis venus de Pologne, notre veillée de prière est traversée par la présence du Christ. Sûrs de son amour, approchez-vous de Lui avec la flamme de votre foi. Il vous remplira de Sa vie. Construisez votre vie sur le Christ et sur son Évangile. Je vous bénis de tout cœur.
Et puis, au moment de partir :
Chers jeunes,
Nous avons vécu une aventure ensemble. Fermes dans la foi en Christ, vous avez résisté à la pluie. Avant de vous laisser, je désire vous souhaiter à tous une bonne nuit. Reposez-vous bien. Merci pour le sacrifice que vous êtes en train de faire, et je ne doute pas que vous l’offrirez généreusement au Seigneur. Si Dieu le veut, nous nous verrons demain. Je vous attends tous ! Je vous remercie du merveilleux exemple que vous avez donné. Comme en cette nuit, avec le Christ vous pourrez toujours affronter les épreuves de la vie. Ne l’oubliez pas ! Merci à tous !
Messe des JMJ, Aérodrome de Cuatro Vientos, Dimanche 21 août 2011
Chers jeunes,
J’ai pensé beaucoup à vous en ces heures durant lesquelles nous ne nous sommes pas vus. J’espère que vous avez pu dormir un peu, en dépit de la rigueur du temps. Je suis sûr qu’à l’aube de ce jour vous avez levé les yeux au ciel plus d’une fois, et non seulement les yeux, mais aussi le cœur, et cela vous a permis de prier. Dieu sait tirer de tout le bien. Avec cette confiance, et sachant que le Seigneur ne nous abandonne jamais, commençons notre célébration eucharistique pleins d’enthousiasme et fermes dans la foi.
Avec la célébration de l’Eucharistie, nous arrivons au moment culminant de ces Journées Mondiales de la Jeunesse. En vous voyant ici, venus en grand nombre de tous les horizons, mon cœur est plein de joie, pensant à l’affection spéciale avec laquelle Jésus vous regarde. Oui, le Seigneur vous aime et il vous appelle ses amis (cf. Jn 15, 15). Il vient à votre rencontre et il désire vous accompagner dans votre cheminement pour vous ouvrir les portes d’une vie pleine et vous faire participants de sa relation intime avec le Père. Pour notre part, conscients de la grandeur de son amour, nous désirons répondre avec grande générosité à cette marque de prédilection par la résolution de partager aussi avec les autres la joie que nous avons reçue. Certes ! Ils sont nombreux de nos jours, ceux qui se sentent attirés par la figure du Christ et désirent mieux le connaître. Ils perçoivent qu’Il est la réponse à leurs multiples inquiétudes personnelles. Cependant, qui est-Il réellement ? Comment est-il possible que quelqu’un qui a vécu sur la terre il y a tant d’années, ait quelque chose à voir avec moi aujourd’hui ?
Dans l’Évangile que nous avons écouté (cf. Mt16, 13-20), il y a comme deux manières distinctes de connaître le Christ qui nous sont présentées. La première consiste dans une connaissance externe caractérisée par l’opinion commune. À la demande de Jésus : « Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? », les disciples répondent : « Pour les uns, il est Jean Baptiste, pour d’autres, Elie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes ». C’est-à-dire qu’on considère le Christ comme un personnage religieux supplémentaire qui s’ajoute à ceux connus. S’adressant ensuite personnellement aux disciples, Jésus leur demande : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre répond avec des paroles qui sont la première profession de foi : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » La foi va au-delà des simples données empiriques ou historiques ; elle est la capacité de saisir le mystère de la personne du Christ dans sa profondeur.
Mais, la foi n’est pas le fruit de l’effort de l’homme, de sa raison, mais elle est un don de Dieu : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux ». Elle a son origine dans l’initiative de Dieu, qui nous dévoile son intimité et nous invite à participer à sa vie divine même. La foi ne fournit pas seulement des informations sur l’identité du Christ, mais elle suppose une relation personnelle avec Lui, l’adhésion de toute la personne, avec son intelligence, sa volonté et ses sentiments, à la manifestation que Dieu fait de lui-même. Ainsi, la demande de Jésus : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? », pousse en fin de compte les disciples à prendre une décision personnelle par rapport à Lui. La foi et la suite (sequala) du Christ sont étroitement liées.
Et, comme elle suppose suivre le Maître, la foi doit se consolider et croître, devenir profonde et mûre, à mesure qu’elle s’intensifie et que se fortifie la relation avec Jésus, l’intimité avec Lui. Même Pierre et les autres apôtres ont eu à avancer sur cette voie, jusqu’à ce que leur rencontre avec le Seigneur ressuscité leur ouvre les yeux sur une foi plénière.
Chers jeunes, aujourd’hui, le Christ vous pose également la même demande qu’il a faite aux apôtres : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Répondez-lui avec générosité et courage comme il convient à un cœur jeune tel que le vôtre. Dites-lui : Jésus, je sais que tu es le Fils de Dieu, que tu as donné ta vie pour moi. Je veux te suivre avec fidélité et me laisser guider par ta parole. Tu me connais et tu m’aimes. J’ai confiance en toi et je remets ma vie entre tes mains. Je veux que tu sois la force qui me soutienne, la joie qui ne me quitte jamais.
Dans sa réponse à la confession de Pierre, Jésus parle de l’Église : « Et moi, je te déclare : ‘Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église’ ». Que signifie cela ? Jésus bâtit l’Église sur le rocher de la foi de Pierre qui confesse la divinité du Christ.
Oui ! L’Église n’est pas une simple institution humaine, comme n’importe quelle autre, bien plus elle est étroitement unie à Dieu. Le Christ lui-même se réfère à elle comme « son » Église. On ne peut pas séparer le Christ de l’Église, comme on ne peut pas séparer la tête du corps (cf. 1Co 12, 12). L’Église ne vit pas par elle-même, mais elle vit par le Seigneur. Il est présent au milieu d’elle, et lui donne vie, aliment et force.
Chers jeunes, permettez-moi, en tant Successeur de Pierre, de vous inviter à renforcer cette foi qui nous a été transmise depuis les Apôtres, à mettre le Christ, le Fils de Dieu, au centre de votre vie. Mais permettez-moi aussi de vous rappeler que suivre Jésus dans la foi c’est marcher avec Lui dans la communion de l’Église. On ne peut pas suivre Jésus en solitaire. Celui qui cède à la tentation de marcher « à son propre compte » ou de vivre la foi selon la mentalité individualiste qui prédomine dans la société, court le risque de ne jamais rencontrer Jésus Christ, ou de finir par suivre une image fausse de Lui.
Avoir la foi, c’est s’appuyer sur la foi de tes frères, et que ta foi serve également d’appui pour celle des autres. Je vous exhorte, chers jeunes : aimez l’Église qui vous a engendrés dans la foi, vous a aidés à mieux connaître le Christ et vous a fait découvrir la beauté de son amour. Pour la croissance de votre amitié avec le Christ, il est fondamental de reconnaître l’importance de votre belle insertion dans les paroisses, les communautés et les mouvements, ainsi que l’importance de la participation à l’Eucharistie dominicale, de la réception fréquente du sacrement du pardon, et de la fidélité à la prière et à la méditation de la Parole de Dieu.
De cette amitié avec Jésus naîtra aussi l’élan qui porte à témoigner la foi dans les milieux les plus divers, y compris ceux dans lesquels il y a refus ou indifférence. On ne peut pas rencontrer le Christ et ne pas le faire connaître aux autres. Ne gardez donc pas le Christ pour vous-mêmes. Transmettez aux autres la joie de votre foi. Le monde a besoin du témoignage de votre foi, il a certainement besoin de Dieu. Je pense que votre présence ici, jeunes venus des cinq continents, est une merveilleuse preuve de la fécondité du mandat de Jésus donné à l’Église : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc 16, 15). À vous aussi incombe le devoir extraordinaire d’être des disciples et des missionnaires du Christ dans d’autres terres et pays où se trouve une multitude de jeunes qui aspirent à de très grandes choses et qui, découvrant dans leurs cœurs la possibilité de valeurs plus authentiques, ne se laissent pas séduire par les fausses promesses d’un style de vie sans Dieu.
Chers jeunes, je prie pour vous avec toute l’affection de mon cœur. Je vous confie à la Vierge Marie, pour qu’elle vous accompagne toujours de son intercession maternelle et vous enseigne la fidélité à la Parole de Dieu. Je vous demande également de prier pour le Pape afin que, comme Successeur de Pierre, il puisse continuer à affermir ses frères dans la foi. Puissions-nous tous dans l’Église, pasteurs et fidèles, nous rapprocher davantage chaque jour du Seigneur, afin de croître en sainteté de vie et nous donnerons ainsi un témoignage efficace que Jésus est vraiment le Fils de Dieu, le Sauveur de tous les hommes et la source vive de leur espérance. Amen.