La commémoration du 11 septembre 2001 bat son plein. Je voudrais mettre en avant l’attitude de certaines familles des victimes des attentats, une attitude qui échappe au goût médiatique pour la catastrophe, le sensationnel ou le déplorable.

Je veux vous parler d’Alice Hoagland, la mère d’un jeune journaliste tué dans le vol 93 le 11 septembre, qui intervint au procès de Zakarias Moussaoui. Tandis que Moussaoui criait “God, kill America!” — lui qui avait déclaré qu’en regardant les tours jumelles brûler il avait trouvé que “les images de télévision étaient splendides. J'étais ravi que l'Amérique ait avalé sa pilule” — Alice Hoagland demandait pour lui la prison à vie plutôt que la peine de mort. Elle déclarait :

“Nous, Américains, avons l’occasion de montrer notre compassion envers un homme qui n’a montré aucune compassion pour l’Amérique. Nous sommes une nation de lois, de justice et de miséricorde. En épargnant sa vie, nous pouvons montrer notre humanité en reconnaissant l’humanité d’un être humain qui a cruellement besoin de compassion. En épargnant sa vie, nous aurons surmonté l’espèce de haine qu’il affiche envers nous.” (réf)

MarilynnRosenthalDe même, Marilyn Rosenthal (réf), dont le fils périt au 41ème étage du WTC, affirmait qu’elle « ne souhaite pas se laisser prendre dans un tourbillon de colère et de tristesse. » Aux jurés, elle a simplement assuré qu’il ne servirait à rien « d’ajouter plus de violence à la violence ». (réf)

Bien des parents de ceux qui sont morts dans les attentats et qui ne crient pas vengeance se disent guidés par des sentiments religieux. Ainsi Robin Sercoff. D’autres ont créé des écoles au nom de leur fils... (réf)

La foi chrétienne nous donne des ressources pour dépasser le désir de faire payer le coupable1. Quand le Christ exige que nous pardonnions2, il ne nous demande pas de minimiser le mal, mais d’y remédier d’une façon créatrice. Lorsque nous sommes vraiment réalistes, nous cessons de diviser le monde entre gentils et méchants, pour affronter vraiment le mal en nous et autour de nous. Nous devenons capables à la fois de conversion et de combat pour la justice et la paix.

Qu’en ces jours beaucoup sentent naître en eux le désir de se mettre au service du Royaume de Dieu en étant plus authentiquement humain, en devenant des êtres de pardon et de vérité !


 

1Je me suis déjà étendu là-dessus à d’autres reprises, ici et .

2Le mot peut paraître fort, mais finalement il n’y en a pas d’autre. Jésus ne nous dit pas seulement que nous serions plus heureux si nous pardonnions, mais « si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, à vous non plus votre Père ne pardonnera pas vos fautes. » (Mt 6,14-15, conclusion du Notre Père)