homélie du 3e dimanche de l’Avent, 17 décembre 2023
{joomplu:173} L’atmosphère de ce jour de Gaudete veut nous mettre à la joie. La joie parce qu’au milieu des détresses de ce monde nous sommes visités. Savoir que quelqu’un pense à nous, cela illumine notre cœur. Quand, au milieu de nos difficultés, quelqu’un nous fait comprendre que nous comptons pour lui, nous voilà fortifiés, réconfortés. Au moment de l’exil du peuple hébreu à Babylone, le prophète Isaïe peut dire « l’Esprit du Seigneur est sur moi ». Il voit l’intervention de Dieu ; il voit la délivrance accordée par le Seigneur ; il voit les humbles recevant la bonne nouvelle ; il voit le peuple uni à son Dieu comme la jeune mariée à son jeune époux (Is 61,1-11). Voilà que dans son malheur le peuple se sentait visité.
Ce texte si fort sera repris par Jésus à la synagogue de Nazareth, pour qu’il dise : « aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture » (Lc 4,16ss). En Jésus nous avons l’accomplissement des promesses de Dieu ; en Jésus, Dieu nous a visités d’une façon inespérée. Et pourtant nous sentons que cet accomplissement doit encore se dérouler, qu’il n’est pas achevé. Nous attendons, comme disait saint Pierre dimanche passé, un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. Nous l’attendons, nous ne le voyons pas encore, mais aujourd’hui nous savons que ce n’est pas une promesse vide, car cet accomplissement a commencé et nous en goûtons déjà les fruits. Chaque fois que nous nous tournons vers le Seigneur en persévérant dans la foi, chaque fois que nous ouvrons vraiment notre cœur au Christ, acceptant les changements de vie que cela exige parfois, nous voyons les fruits de la grâce de Dieu s’épanouir en nous. Nous pressentons que depuis notre confirmation l’Esprit du Seigneur est sur nous, que nous sommes devenus messagers de l’amour de Dieu en même temps que ses bénéficiaires.
La joie qui est offerte maintenant n’est pas encore la joie rayonnante et inébranlable que nous vivrons dans la vie éternelle. Elle est encore une joie fragile, menacée. Mais nous savons comment lutter pour demeurer dans cette joie du ciel. Saint Paul vient de nous donner la recette : choisir la joie plutôt que l’apitoiement sur soi, prier sans cesse, rendre grâce en toute circonstance, garder ce qui est bien et rejeter toute espèce de mal (1 Th 5,16). Faisons cela quelle que soit notre situation, que nous ayons ou pas des raisons naturelles d’être dans la joie. Nous découvrirons ainsi la joie surnaturelle, celle qui vient quand on a tout misé sur le Seigneur.
Ce faisant, nous deviendrons pour les autres des hommes et des femmes d’espérance, nous deviendrons aussi plein d’espérance que Jean le Baptiste, qui voit venir Jésus, qui voit combien Jésus est grand au point que lui, Jean, n’est pas digne d’être son serviteur qui l’attend pour le déchausser. Père, révèle-nous une nouvelle fois ton Fils, car toi seul le connaît ! Remplis-nous d’une lumière nouvelle, car Celui en qui nous croyons et dont nous célébrons la venue est si grand : en lui habite corporellement la plénitude de la divinité (Col 2,9). Et il nous donne d’être ses sœurs, ses frères. Ah, vraiment, nous ne somme plus seuls !