homélie du 5e dimanche A, 5 février 2023
{joomplu:552} Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde », nous dit le Seigneur. Et veillez à ne pas devenir fades ni invisibles ! (Mt 5,13) Comment être sel, lumière ? Nous pensons d’abord aux bonnes actions que fait l’homme de bien, l’« homme de bonne volonté », comme on entend parfois. Ce à quoi nous invite Jésus doit conduire à rendre gloire au Père. Dans notre monde, tout ce qui soulage les maux dont souffrent nos contemporains rend gloire à Dieu qui a créé l’homme et qui défend sa dignité. La première lecture (Is 58) nous a montré comment cela ouvrait un chemin de bonheur non seulement pour celui qui est secouru, mais aussi pour celui qui fait le bien. Mais, puisqu’il s’agit de rendre gloire à Dieu, cela ne serait pas suffisant si notre action n’ouvrait pas une fenêtre vers le ciel, si elle ne permettait pas à la lumière de Dieu de pénétrer les cœurs si chers de ses enfants.
Être sel de la Terre et lumière du monde comporte aussi le volet de montrer Dieu, de le rendre accessible, de permettre de vivre avec lui.
C’est le Christ qui a réalisé cela ; en lui Dieu s’est approché de nous. Reste à faire découvrir à nos contemporains comment s’approcher du Christ. Pour cela, il faut que nous-mêmes nous approchions de lui d’une manière renouvelée. Saint Paul nous montre le chemin : « Mon langage, ma proclamation de l’Évangile, n’avaient rien d’un langage de sagesse qui veut convaincre ; mais c’est l’Esprit et sa puissance qui se manifestaient, pour que votre foi repose, non pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. » (1 Co 2,5)
Nous serons sel de la terre et lumière du monde si notre façon de vivre et de parler ne se base pas sur la sagesse humaine, mais sur la puissance de Dieu. Trop souvent, l’Église d’aujourd’hui essaie de s’adapter à la « sagesse » courante que l’on entend déversée sans arrêt dans les médias officiels. Ce n’est pas ce qu’ont fait nos pères dans la foi, les premiers chrétiens qui ont fécondé la culture par l’Évangile. Pourtant ils étudiaient la sagesse humaine, et ils appliquaient le conseil de saint Pierre : « soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1 P 3,15). Ils ont accueilli le meilleur de la philosophie de leur temps, au point même d’y exprimer le plus précieux de la foi, comme par exemple lorsqu’on a utilisé le mot « consubstantiel » pour faire comprendre que le Fils n’était pas un autre dieu que le Père. Mais ils n’ont pas adapté ce qu’on pouvait dire de la foi ou de la morale à ce que le monde était prêt à comprendre, ils n’ont pas réduit l’Évangile aux catégories d’une sagesse humaine. C’est le contraire qu’ils ont fait : agrandir les conceptions de leurs contemporains pour y faire entrer la Bonne Nouvelle sur l’homme et sur l’appel que Dieu lui adresse, même si cela blessait les oreilles des honnêtes citoyens, même si cela leur a coûté d’être la risée du peuple.
Maintenant nous avons de nouveau à parler de tout cela et à témoigner de la façon dont Dieu voudrait changer notre vie. Comptons sur la puissance de Dieu. Adoptons un langage et un style de vie où le Saint-Esprit a toute sa place. Un langage qui ose parler de péché et de conversion parce que nous savons que Dieu peut changer une vie qui se confie à lui avec persévérance. Un style de vie qui ose renoncer à certaines occasions offertes par la mentalité contemporaine, parce que Dieu ne l’approuve pas et qu’il nous invite à la pureté, à la justice, à la miséricorde.
Seuls, nous ne pourrons pas faire cela, mais comptons sur Dieu, comptons exagérément sur lui, comptons démesurément sur lui, et nous verrons sa gloire dans nos vies, et beaucoup autour de nous chercherons ce sel et cette lumière qui nous viennent d’en haut. En avant, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume ! (Lc 12,32)