homélie du 4e dimanche B, 28 janvier 2024

Écouter saint Paul (1 Co 7,32-35) nous fait comprendre que le célibat consacré ou le célibat des prêtres ne date pas du Moyen-Âge, comme on le répète trop souvent, mais qu’il remonte à Paul et à Jésus. Paul évoque ce choix de renoncer au mariage afin d’être plus libre de chercher comment plaire au Seigneur, afin d’avoir le souci de ses affaires et d’être attachés au Seigneur sans partage. C’est ce que l’Église propose depuis 2000 ans à ses prêtres (jadis d’ailleurs, également à ses diacres), d’abord sous la forme du renoncement à poursuivre la vie conjugale (cf. le synode d’Elvire ou le concile de Nicée), ensuite sous la forme de l’appel de célibataires uniquement (réforme grégorienne).

Paul met en garde contre le danger d’avoir le cœur partagé entre un conjoint et le Seigneur. Cela arrive fréquemment, mais il y a aussi l’effet inverse, lorsqu’une épouse ou un époux soutient la foi de son conjoint, qui vit sa foi bien plus activement grâce à ce compagnonnage dans le Seigneur. Les deux sont possibles. À chacun d’accueillir cette mise en garde pour sa propre vie !

Je voudrais sans plus tarder rejoindre les débuts de la vie publique du Seigneur Jésus, et découvrir avec vous cet effet merveilleux de sa présence sur les démons qui sentent que c’en est fait de leur emprise sur le cœur des hommes (Mc 1,21-28). Qui sont ces esprits impurs ? Ils sont des créatures de Dieu qui, bien avant l’existence des hommes, ont décidé de ne pas servir leur Créateur mais de se poser en adversaires de tout ce qu’il fera. Ils forment l’ensemble des démons avec leur chef, le satan, dont le nom signifie « adversaire » ou « accusateur ». Depuis la création du monde, ils cherchent à entraîner les hommes dans leur rejet de Dieu, afin de les damner comme ils le sont. Nous éprouvons leur morsure par toutes les formes de tentation qu’ils insinuent dans nos cœurs. Sans cesse, nous avons à lutter contre eux, et parfois ils nous entraînent hors des chemins du Seigneur. Parfois, ils en entraînent certains si loin qu’ils prennent vraiment possession de leur être et se mettent à parler par leur bouche, comme nous venons de l’entendre dans l’Évangile. Mais plus couramment, leur action consiste à nous harceler, à nous pousser à choisir le mal, et puis à nous murmurer que nous sommes nuls, que nous ne sommes pas dignes de Dieu, et ainsi de suite. Ou parfois, ils nous suggèrent de minimiser le mal commis et nous inspirent de nous justifier nous-mêmes et, bien souvent, d’accuser les autres.

Devant Jésus, l’esprit mauvais ne peut que reconnaître la vérité : il est le Saint de Dieu et il est venu pour détruire les œuvres du diable, pour faire cesser son emprise sur le monde, afin que commence le règne de Dieu. Comment cela se passe-t-il pour nous ? Comment voyons-nous que le diable est perdu et que le salut est venu ? Je vois deux ou trois effets évidents dans nos vies.

Le premier, c’est que nous découvrons qu’il existe une espérance. Le mal n’est plus le dernier mot du monde ni de nos vies. Tandis que les tentations nous font perdre courage et que les accusations nous enlèvent la joie, nous apprenons que Dieu s’est mis de notre côté. Par la croix du Christ, nous savons que Dieu a pris notre parti devant l’accusateur ; rien ne pourra nous séparer de la lumière à laquelle nous aspirons. Nous sommes faits pour Dieu et il est venu revendiquer son bien. Notre vie est si précieuse pour lui qu’il nous a rachetés. « En toi je sais qui je suis », avons-nous chanté à la veillée de louange vendredi dernier.

Le second effet du salut réside dans le don de l’Esprit Saint, qui nous remplit de la force d’En haut. Par son Esprit, Dieu nous restaure au plus profond de nous-mêmes et il nous fortifie dans le combat spirituel. Nous sommes relevés de nos échecs et nous luttons d’une façon nouvelle contre toutes les tentations, avec l’espérance de les vaincre un jour, et peut-être déjà aujourd’hui. Restaurés dans notre être de fils, de fille de Dieu, nous n’acceptons plus que le diable nous crache au visage, nous défigure, et nous comptons plutôt sur la transfiguration qui vient de l’amour. Accueillons le Christ qui vient en nous en sauveur ! Laissons-le visiter le plus profond de nous-mêmes dans cette eucharistie !