homélie du 3e dimanche de Pâques, 14 avril 2024
Il y a quelques jours, l’archevêque de Malines-Bruxelles était interviewé à la radio par une journaliste pour qui c’était évident que l’Église allait mal et que son avenir passait par une « modernisation ». Il fallait être une Église un peu plus comme tout le monde, et accepter les requêtes de la bien-pensance actuelle. Et qu’importe s’il nous fallait renoncer à tout ce qui est contestation des modes de vie où Dieu n’a rien à dire. Le salut de l’Église viendrait du monde. Mais à ce prix là, pourquoi maintenir une telle institution qui se viderait de l’intérieur ? À la radio, il n’a pas été possible de parler de la mission fondamentale de l’Église, peut-être parce que c’est indécent de parler de Dieu en public ou qu’on aurait l’impression d’être envoyé de la planète Mars. Mais ici, dans l’homélie, nous pouvons apprendre des textes de ce dimanche la raison d’être de l’Église et l’assurance de son avenir.
Partons d’une conviction centrale : le Seigneur aime son Église. Il l’aime passionnément, parce qu’il aime chacun de ses membres. Et il l’aime en raison de sa mission. Jésus relevé d’entre les morts dit aux apôtres et aux quelques disciples présents : « à vous d’en être témoins » ! C’est cela, l’Église, ceux qui ont fait l’expérience du Christ vivant dans leur vie et qui en deviennent les témoins. Le Christ a invité les apôtres à toucher son corps ressuscité, il leur a prouvé sa présence réelle. Et il leur a donné la mission de proclamer la victoire du Christ, de la donner à voir, à sentir, à toucher. À nous maintenant de demander au Seigneur : donne-moi de te toucher par la foi, d’éprouver ta présence dans ma vie, afin que je sois témoin de ton amour aujourd’hui !
Ce chemin d’une Église qui témoigne est possible à condition d’un grand renouveau de foi. Faisons des choix, dans notre vie, qui mettent Dieu au centre. Optons pour le bonheur que lui seul peut donner, le bonheur qui naît d’une intimité avec lui ! Mais comment être sûr de cette intimité ? Vous l’avez entendu tout au long des lectures : cette intimité, cette union du cœur au Père, elle est offerte par le pardon des péchés. Nous devrions commencer toute vraie prière en nous reconnaissant pécheurs, éloignés de Dieu par notre faute, et attendu par lui avec un amour si puissant qu’il nous a sauvé. Celui qui se reconnaît pécheur et aimé commence vraiment à ouvrir son cœur à Dieu et à vivre de sa vie, à ressentir le bonheur de sa présence. Et pour les bouchons tenaces, vous le savez bien, il y a le sacrement de réconciliation. Jésus a dit que ce qui serait proclamé en son nom, c’est la conversion, le retournement du cœur vers Dieu, le changement de vie. Tout cela n’est pas facultatif dans le renouveau de notre foi, dans le retour à une Église qui témoigne.
À cause de cet appel à la conversion, il ne faudra pas s’étonner si l’Église de demain est de plus en plus un signe de contradiction face aux solutions de bonheur au rabais. C’est normal que nous soyons une Église de plus en plus décalée par rapport à la société, une Église dissidente, et une Église incomprise par le plus grand nombre. Mais il nous faut penser à tous ceux qui cherchent à voir le bonheur (Psaume 4) et dont le cœur dit secrètement, à leur insu même : « sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage ! » Soyons témoins de ce bonheur nouveau que Dieu seul peut donner car il en est la source, pour toujours !