homélie du Mercredi des cendres 2023
{joomplu:9} Nous allons recevoir des cendres sur le front, en signe de pénitence. Qu’est-ce que ça veut dire ? Le carême est un temps de pénitence, c’est-à-dire un temps de repentir. Le repentir, c’est remonter la pente, c’est remonter de là où nous sommes tombés. Il n’y aurait pas de carême si nous n’étions pas pécheurs. Et il n’y aurait pas de carême si le péché n’était pas quelque chose de grave. Bien sûr, dans le mal que nous faisons volontairement — c’est cela le péché, faire le mal en sachant que c’est mal et en voulant le faire — tout n’a pas la même gravité. Mais quand les autres pèchent contre nous, cela nous fait de la peine, cela peut même nous blesser profondément. On comprend donc que le pécheur que nous sommes doit remonter la pente, que nous ne pouvons pas rester endormis dans le mal que nous faisons en disant : bah, c’est pas grave, j’irai me confesser et Dieu me pardonnera. Car oui, Dieu veut pardonner au pécheur qui regrette sincèrement le mal qu’il a commis, mais il nous faut regretter sincèrement et vouloir changer. Notez que pour des habitudes mauvaises qui sont profondément enracinées dans les méandres de notre cerveau, ce changement risque de prendre beaucoup de temps, et que nous aurons l’impression de souvent retomber. Mais l’important est de ne pas se décourager.
Voici donc le carême, pour entrer dans le combat spirituel. Nous avons demandé, dans l’oraison d’introduction, que nos privations nous rendent plus forts pour lutter contre l’esprit du mal, contre la tentation. Cela peut paraître étrange d’affirmer que des privations pourraient nous rendre plus forts. Mais c’est très juste, car une des choses qui nous rend faibles devant la tentation, qui nous empêche de dire non au mal, c’est que nous acquiesçons à toutes les envies qui nous viennent, que nous prenons l’habitude de suivre nos penchants. Pour savoir dire non aux mauvaises envies, il faut s’entraîner à dire non aussi aux envies inocentes. Savoir se priver de ce qui n’est pas mauvais en soi, un dessert, un film, tout un repas même, une séance de jeu vidéo, etc., cela muscle notre volonté pour pouvoir dire non aussi aux mauvaises envies qui nous feront pécher à force de susurrer à notre cœur : allez, fais-le, ça te fera tant de bien !
Remontons donc la pente par nos efforts de carême, mais rappelons-nous que nos efforts ne seront qu’une petite partie du chemin. Qui nous fera vraiment avancer ? C’est l’amour de Dieu qui veut nous porter pour que nous ne nous découragions pas, et qui veut nous consoler si nous échouons. C’est pourquoi Jésus vient de nous dire que nos efforts pour prier davantage, pour partager et pour jeûner, nous priver de ce qui est agréable, tout cela se vit sous le regard du Père, qui nous voit, qui nous aime ; et qui nous le revaudra, qui nous dira : je suis touché par ce petit effort que tu as fait ; tu vas voir comment moi, le Dieu si riche et si grand, je vais te combler de la lumière de mon amour !
Oui, apprenons en ce carême à regretter sincèrement nos péchés, à vouloir nous en corriger et à accueillir la joie et la paix que Dieu seul peut donner. Alors la lumière de Pâques sera une fête incroyable dans nos cœurs. En attendant, nous allons recevoir des cendres sur le front, comme signe que nous ne voulons pas faire les malins, que nous ne voulons pas minimiser le mal que nous faisons… Comme signe que nous ne voulons pas non plus dire : ce qui ne va pas dans ma vie, c’est à cause des autres. Quand tout le monde verra cette marque sur notre front, c’est comme si nous disions : j’accepte de prendre ma part dans la lutte contre le mal. Bon carême de conversion !