homélie du 11e dimanche, 16 juin 2013

Pour bien comprendre le pardon de Dieu, nous pouvons prendre la comparaison du pardon que nous donnons. Nous pouvons faire ainsi puisque Dieu est une personne — ou plutôt trois — et son amour est personnel. Il a d’ailleurs souvent comparé son amour à celui du mari pour sa femme, au point que dans l’Ancien Testament Dieu reçoit aussi souvent le titre d’époux que celui de père.

Si Dieu pardonne, c’est parce qu’il aime et que son amour inspire sa bonté. Ou plus précisément, son amour cherche notre amour, pour vivre dans une joyeuse réciprocité, et lorsque cette réciprocité n’est plus, pour retrouver le chemin de notre amour, il pardonne.

Nous imaginons souvent que Dieu pardonne tout parce que, au bout du compte, nos offenses ne seraient pour lui que des égratignures tant il nous aime. Or raisonner ainsi, c’est se tenir hors du réalisme de l’amour. Et il y a encore une autre façon de se tenir hors de l’amour  : demander le pardon par crainte du châtiment, ou de perdre la bienveillance de Dieu, comme si nous risquions que Dieu nous ait dans le collimateur. Dans la vie de tous les jours aussi il nous arrive de demander le pardon non par amour, non pour pouvoir vivre encore l’amour avec la personne aimée, mais pour continuer de vivre dans une situation qui nous donnait des avantages. Ce n’est pas l’idéal, il faut viser mieux, progresser dans une conception de sa vie sous le regard d’amour.

Sous le regard d’amour notre cœur est blessé du mal que nous avons fait à Dieu en péchant. Nous sommes vraiment comme la femme venue voir Jésus en pleur. Notre cœur est blessé de la peine de Dieu et nous voulons en même temps réparer. Non par une réparation financière, mais par un geste qui témoigne l’amour (il y avait jadis des prières de « réparation »).

Nous ne sommes plus du tout dans la perspective de Dieu comme un maître qu’il faut éviter de contrarier et devant qui il faut s’amender, ou de Dieu à peine atteint par nos péchés. La perspective de l’amour n’en est pas moins exigeante, car elle montre jusqu’où va notre responsabilité  : notre péché et le péché du monde blessent Dieu, ils lui causent une peine qui le conduira à la croix. Si Dieu pardonne ce péché, ce n’est pas parce qu’il est en son pouvoir de faire comme si de rien n’était, mais parce qu’il aime, parce qu’il veut écarter tous les obstacles pour nous retrouver et vivre un cœur à cœur avec lui qui nous donne la vie et qui fait rayonner cette vie sur le monde entier. Ne péchons plus comme avant, vivons le regard fixé dans le regard du Christ !