homélie du 13e dimanche C. Lc 9,51-62
Quel inconfort{joomplu:161} dans la vie du Christ ! L’évangile nous met en contact aujourd’hui avec le fait que la vie du Christ était un combat, qui lui demandait du courage. Il doit rassembler ses forces pour se mettre en route pour Jérusalem et marcher sans avoir d’endroit où reposer la tête.
Le combat n’est pas absent de la vie du chrétien au milieu du monde. Il y a des forces adverses, en nous et autour de nous. Je vois dans ces situations d’opposition des chrétiens qui sont tentés d’agir comme Jacques et Jean, les « fils du tonnerre » (Mc 3,17). Ils ont une façon bien à eux de vouer leurs ennemis au diable et de dire qu’ils ont raison contre tous. Nous apprenons que nous sommes dans cette situation lorsque nous nous mettons à parler des autres avec mépris, comme s’ils étaient de vils égarés. Le Christ ne veut pas cela. Il reprend vertement ses disciples.
Aux antipodes de cette attitude, le chrétien pourrait chercher des accommodements, essayer d’être gentil avec tout le monde, de plaire au plus grand nombre en effaçant les rugosités de l’attitude chrétienne, en adoucissant le message moral de l’Évangile, en gommant ce qui paraît inconvenant dans la foi. Il fait le grand écart entre l’Évangile et « les gens de sa maison » avec qui il veut rester en connivence. Il veut continuer d’aider les morts à enterrer leurs morts.Eh bien, le Christ ne veut pas cela non plus. Il prend avec courage le chemin qui le distanciera des hommes, qui fera de lui un incompris de la foule au point que tous voudront qu’il disparaisse.
Il y a encore une autre solution : nous constituer en un petit groupe de croyants où nous serons bien entre nous ; nous désintéresser du sort de la société en pensant que l’Évangile s’adresse aux croyants et que l’Église n’a pas de message pour tous. Il y a moyen d’être heureux dans une sorte de ghetto chrétien au milieu du monde mais le Christ ne veut pas cela non plus. Il prend courageusement la route de Jérusalem, il veut que nous allions de l’avant en acceptant la vulnérabilité du chrétien, la vulnérabilité propre à celui qui aime Dieu et son prochain au milieu du monde. Nous voilà invités à prendre résolument le chemin de ce qui paraît vrai selon notre cœur et que l’Église nous montre comme vrai. Nous voilà invités à prendre ce chemin de vérité sans prendre distance par rapport à ceux qui ne vivent pas comme nous ou qui nous combattent.
C’est un dépouillement particulier. Nous nous sentirons parfois seuls, incompris, nous passerons pour des arriérés, mais d’autres seront touchés par le Seigneur à travers notre amour et notre attitude qui sera comme une main tendue. Et dans ce chemin de pauvreté nous aurons tout, parce que nous aurons Dieu.