Et les Écritures sont remplies du souci de Dieu pour les hommes. Parce qu’il les a créés, à son image. Parce qu’il les aime. Parce qu’il veut pour eux une vie digne, qui leur permette de Le connaître, d’aimer comme Lui, de s’acheminer vers son Royaume. Ézéchiel (Éz 34) vient de nous dépeindre Dieu comme un berger qui va s’occuper lui-même de ses brebis, parce qu’il est déçu de la façon dont ceux qui devraient être bergers accomplissent leur tâche, et parce que les brebis comptent tant pour lui.
Tandis que Dieu se préoccupe des hommes, il y a des comportements humains qui sont comme une proclamation que Dieu n’existe pas ou ne nous aime pas ou qu’il ne faut pas compter sur lui, ou que certains hommes comptent moins pour lui que d’autres. Ce sont des comportements d’injustice. Leurs auteurs méritent bien la sentence qui tombent sur ceux qui entendent : « j’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger, j’étais malade et vous ne m’avez pas visité ». Le Fils de l’homme, qui sera alors manifeste pour tous — on ne pourra plus se protéger de sa gloire en disant qu’on ne sait pas si tout cela est vrai —, dira : « allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges ». Sur la croix, il ne dit pas « maudits », mais « pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Tandis qu’ici il dit : vous êtes des maudits, vous qui avez tellement négligé tous ceux que mon cœur aime.
Pourquoi cette différence ? Parce qu’au moment de la croix toute l’histoire est à écrire. Tandis qu’ici, nous sommes à la fin. Tant que nous sommes en chemin, c’est l’heure de la conversion. Tandis qu’au dernier jour, il n’y a plus le temps de la conversion. La parabole de Jésus sonne comme un avertissement pour aujourd’hui : quoi, comptes-tu entrer dans le Royaume avec un cœur tout rabougri, un cœur qui a été incapable de battre aux souffrances des autres, un cœur qui s’est étalé dans les divertissements, la course à la consommation, aux loisirs ?
« Là où est ton trésor, là sera ton cœur », avait dit le Christ Roi de l’univers (Mt 6,21). Alors, aujourd’hui, Seigneur, saisis nos cœurs ! Nous te les présentons. Nous ne voulons plus dissiper dans toutes sortes de convoitises l’énergie que tu nous donnes. Nous voulons l’utiliser à servir comme toi, car nous savons que c’est la clé du bonheur : c’est ainsi que ta joie divine imprégnera ainsi nos vies !
Oui, préparons-nous au règne du Christ ! Et si notre cœur est inquiet d’avoir entendu l’Évangile, redonnons-lui du courage en admirant les tympans du Jugement dernier de plusieurs cathédrales. Par exemple celui d’Amiens, où vous voyez clairement l’attitude de l’ange qui tient la balance du jugement en notre faveur : subrepticement, il pousse sur le fléau de la balance pour nous arracher aux manœuvres des démons qui veulent nous damner comme eux. Il y a là une figure de l’action de l’Église, qui nous rend accessible la miséricorde de Dieu, par la communion des saints et par les sacrements, dont celui du pardon.