homélie de l’Ascension 2024
Cette fête de l’Ascension nous évoque les débuts de l’Église. Comme on en rêve, d’une telle Église ! Une Église qui porte Dieu, qui parle de lui et qui agit de sa part pour délivrer les cœurs ; qui apporte tous les bienfaits de la bonté de Dieu, de sa victoire sur le mal, toute l’espérance de l’Évangile, avec la force de la conversion… Et qui fait tout cela avec une grande audace, sans peur, avec la liberté de l’amour.
Cette brève constatation nous pousse à prier pour que l’Église redevienne ainsi, car cela ferait tant de bien à l’humanité. Je ne parle pas d’une Église puissante, mais d’une Église présente, qui apporte vraiment les bienfaits de Dieu, la présence de son amour, son appel qui éclaire et change les cœurs. Une Église qui apporte une lumière, une consolation. Die souhaite tant consoler et guider l’humanité qu’il aime, et il serait bon que l’Église lui serve à cela !
Parfois l’Église le fait. Mais parfois elle est endormie, elle ne sait plus ce qui est l’essentiel et ce qui est l’accessoire. Ce n’est pas tellement une question de formes, mais la question du sens de ce que l’on fait. L’Église n’existe pas pour s’entretenir elle-même, elle n’existe pas pour s’assurer un avenir, mais elle existe pour rendre le cœur de Dieu accessible.
Ceci dit, même si l’Église est à son travail, nous ne comprenons pas toujours les traces de Dieu dans notre vie. Il est arrivé que nous lui avons demandé son aide, et rien n’est venu. Oh Dieu, es-tu digne de confiance ? Est-ce que tu existes seulement ? Comment comprendre que tu fais des merveilles, que l’Église fondée sur les apôtres doit rendre ces merveilles accessibles, et que dans ma vie il n’y a rien ?
Parfois il y a, mais notre cœur est tellement retourné en nous que nous ne remarquons rien, et nous restons seuls. Parfois aussi, il faut du temps pour découvrir qu’en réalité, ce que nous demandons c’est que Dieu entre dans nos vues, accomplisse nos propres projets. Alors qu’il a tellement plus à nous donner, en nous faisant entrer dans ses vues à lui, en nous emmenant dans ses projets.
La difficulté, pour nous, c’est qu’il a des vues fort larges, qui prennent d’un seul regard les deux côtés de l’existence, celui où nous évoluons et celui où le Christ est allé aujourd’hui. Nous, nous jugeons de ce qui nous arrive à partir de cette vie-ci, la seule que nous voyons. Alors nous peinons à voir que Dieu est là et qu’il nous prépare un bel avenir. Tandis que Dieu pense à notre chemin vers la vie éternelle. Le Christ n’a vécu que 33 ans sur la Terre, et humainement il a bien manqué à ses amis, à tous ceux qui avaient tout quitté pour le suivre. D’un point de vue terrestre, c’est un grand fiasco, mourir à 33 ans, incompris, dans l’injustice la plus totale.
Mais Dieu qui paraissait absent était bien là, et lui a permis de traverser la souffrance et la mort… Non pas de les éviter, mais de les traverser. Et l’histoire de l’Église, même si elle n’a pas toujours été belle, est aussi un témoignage de tant de vies données — tant de vies peu célèbres et quelques vies célébrées par les saints que nous porterons aujourd’hui —, des vies données qui nous suggèrent qu’en effet, il y a une autre vie qui les animait, une vie qui vient de plus loin et qui les rendait heureuses. Tant de chrétiens au long de l’histoire témoignent que ce que le Christ dit aujourd’hui est vrai : je pars vers le Père, vous ne me verrez plus, mais je suis là et je vous envoie l’Esprit Saint qui vous rendra joyeux et forts, intrépides et aimants, courageux jusqu’à donner votre vie. Pourquoi ne pas désirer cela, et l’attendre ?