Homélie du 22e dimanche B, 1er septembre 2024

Nous venons d’assister à un fameux accrochage entre les pharisiens et Jésus (Mc 7). Il y en a beaucoup dans les Évangiles. Le débat tourne toujours autour de la question : qu’est-ce qui est important dans la religion ?

Les pharisiens cherchent à être de bonnes personnes, à honorer Dieu, à lui témoigner leur respect et leur attachement. Ils pensent que c’est par l’observance de plein de règles qu’ils seront proches de Dieu. La relation avec Dieu commence avec la question : qu’est-ce que je peux faire et qu’est-ce que je ne peux pas faire ?

Jésus s’adresse donc à des gens pour qui Dieu compte. Il ne s’agit pas de ceux qui le prennent à l’aise avec Dieu en disant : je ne suis même pas sûr qu’il existe, pourquoi devrais-je faire attention à lui ? Ou encore : bah, si Dieu est bon, il me donnera bien tous ses dons même si j’ai vécu en le négligeant… Ici, ce sont des gens qui souhaitent vivre une bonne relation avec Dieu et être heureux avec lui. Est-ce que je peux être heureux avec Dieu en me disant le soir : très bien, j’ai accompli toutes les règles de la religion ? Beaucoup de gens pensent cela. Il y a des religions où il y a des règles pour tout, même pour le vêtement et pour la nourriture.

Quand les pharisiens disent à Jésus que c’est comme ça qu’il devrait éduquer ses apôtres, ils se ramassent un gros reproche. Et Jésus leur dit que le problème ne date pas d’aujourd’hui, que cela remonte au moins à l’époque d’Isaïe, par la bouche de qui Dieu déplorait déjà : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. » (Is 29,13) Autrement dit : pendant que vous faites attention à observer toutes ces règles que vous vous transmettez comme des traditions, vous ne pensez pas au commandement de Dieu : l’aimer de tout votre cœur et aimer votre prochain comme vous-mêmes.

Jésus dit que ce n’est pas le bon chemin, que le risque est grand de passer à côté de l’essentiel, d’honorer Dieu des lèvres alors que notre cœur est loin de lui. Il ne faut pas que nous cherchions à être heureux avec Dieu en voulant être contents de nous-mêmes parce que nous avons respecté toutes les règles. En faisant cela, nous restons centrés sur nous-mêmes et finalement nous nous coupons du cœur de Dieu. En croyant honorer Dieu, nous tournons autour de notre nombril.

Est-ce que je vais dire que l’observation des commandements n’est pas importante ? Qu’on peut prendre à la légère les commandements de Dieu et ceux que l’Église nous donne en son nom ? Loin de moi cette idée ! Nous avons d’ailleurs entendu saint Jacques mettre l’accent sur le comportement du chrétien : « devant Dieu notre Père, un comportement religieux pur et sans souillure, c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse, et de se garder sans tache au milieu du monde. » (Jc 1,27)

Mais ce qui doit nous pousser à garder les commandements, la Parole de Jésus, c’est l’amour que nous voulons porter à Dieu, non pas pour être contents de nous-mêmes mais parce qu’il nous aime tant. Avec Jésus, l’initiative vient de Dieu. Il est le Fils de Dieu venu dans le monde par le oui de Marie. Par lui, Dieu est venu parler à notre cœur, nous consoler, nous enseigner, nous guérir. Jésus est la Parole que Dieu adresse à l’homme et qui peut sauver nos âmes, comme disait saint Jacques (v.21). C’est pourquoi Jésus insiste sur le cœur. Puisque Dieu est venu à la porte de ton cœur, toi, qu’est-ce que tu entretiens dans ton cœur ? Laisses-tu y fermenter la désobéissance, les projets de vol ou d’adultère, le désir de te venger ou toutes sortes d’autres choses ? Ou bien ton cœur cherche-t-il à aimer Dieu et ton prochain, et même ton ennemi ? Et ton cœur, en cherchant à faire cela, en découvrant sa pauvreté, son incapacité, crie-t-il vers son Sauveur pour lui demander l’amour ?

C’est ainsi que nous marchons vers notre Dieu qui sur la croix est venu jusqu’au plus profond de notre cœur pour le guérir et le faire resplendir. Mais cela reste toujours un défi pour le chrétien d’honorer Dieu à partir de son cœur, d’aimer Dieu par le cœur. Vendredi soir, en préparant la louange, nous étions rassemblés avec le groupe des jeunes et nous disions à Jésus : « Jésus, voici mon cœur ! » Eh bien, ce n’était pas facile de le dire avec le cœur, et cela a été un bon entraînement. Je vous laisse tester tantôt à la maison, ou maintenant au fond de vous-mêmes.