Le projet de Dieu ne se déroule pas dans un monde idéal, sans blessure. L’Écriture nous parle souvent de familles blessées, pour nous montrer comment Dieu vient sauver la famille. Parmi les choses qui blessent la famille, il y a le mal physique, notamment sous la forme de la stérilité, ou de la conception d’un enfant handicapé. Ce sont de grandes épreuves, et le récit d’Abraham nous rappelle aujourd’hui que Dieu est proche de ces familles. La longue attente d’un enfant, pour Abraham et Sarah, va leur apprendre à vivre plus proche de Dieu, plus confiants dans sa Providence. Il va leur arriver de se décourager, de se résigner, mais sans cesse Dieu les appellera à la fécondité. Prions pour que, dans la confiance, les couples qui ne parviennent pas à avoir d’enfant découvrent de plus en plus toute la fécondité que Dieu donne autrement à leur amour. Nous en avons eu un formidable exemple dans la personne du roi Baudouin et de la reine Fabiola. Leur témoignage est toujours d’actualité. Prions aussi pour que les familles où se présente un enfant handicapé soient soutenues et encouragées à faire grandir cet enfant.
Des épreuves morales guettent également la famille. Celle de l’adultère est de nos jours si répandue. Prions pour que les conjoints lésés aient la force de pardonner, et les conjoints en faute l’humilité de reconnaître leur erreur et de faire marche arrière ; que tous puissent retrouver la confiance et l’espérance !
À côté des épreuves intérieures, il y a aussi les épreuves qui viennent de l’extérieur. Je pense aux épreuves qui viennent d’une culture qui ne soutient pas la famille, qui s’efforce plutôt de la dissoudre dans toutes sortes de combinaisons qui vident peu à peu l’idée de famille de son sens. C’est difficile d’être un jeune qui veut fonder une famille dans une société si peu soutenante. Le brouillard culturel au sujet de la famille part peut-être de la bonne intention de ne juger personne, mais on se retrouve avec un manque de vision qui empêche d’investir l’énergie de la jeunesse, et qui pousse à vivre de petits expédients affectifs, jusqu’à ce qu’il soit vraiment tard.
Je pense aussi aux épreuves qui viennent de la précarité, de la pauvreté, de la haine aussi, car les familles peuvent devenir des lieux de détestation. Chez nous, des mamans seules ou parfois des papas seuls luttent pour faire grandir leurs enfants dans la paix et la confiance, malgré toutes les difficultés. Prions pour qu’ils trouvent en Dieu la force et autour d’eux l’amitié et le soutien nécessaires. Car ce n’est pas parce que nous encourageons la famille fondée sur le mariage indissoluble que nous négligeons les personnes concrètes et les combats qu’elles mènent pour progresser avec la famille qui est la leur, avec leur famille comme elle est maintenant, pour vivre de plus en plus de l’amour de Dieu, pour trouver la force et la joie d’aimer, le courage de pardonner, l’audace de grandir dans la vérité et d’être fidèle à l’enseignement de l’Église. Le Fils de Dieu est venu dans le monde pour attirer à lui tous ceux qui cherchent la lumière. Réjouissons-nous chaque fois que nous voyons quelqu’un faire un vrai pas vers lui, même quand ce pas est encore petit : il pourra grandir.