Le cœur d’Hérode n’est pas porté à l’adoration. Au contraire, il est rempli de peur. Il sait que son pouvoir ne repose pas sur la justice et la vérité, et qu’il ne pourra donc être défendu que par la brutalité. Le voilà cramponné à ses vues, à ce qu’il s’est arrogé lui-même, craignant sans cesse de le perdre. Hérode ne bougera pas de Jérusalem. Son cœur est figé, il ne conçoit pas qu’il y ait une autre façon de regarder la vie et de la conduire. À tous les Hérode d’aujourd’hui, et même à l’Hérode qui somnole en nous, nous voudrions redire avec Jean-Paul II le jour de l’inauguration de son pontificat : « N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait “ce qu’il y a dans l’homme” ! Et lui seul le sait ! » 45 ans plus tard, notre monde a encore bien plus besoin d’ouvrir ses portes au prince de la paix. Le Christ n’enlève rien, et il donne tout, comme l’affirmait Benoît XVI en inaugurant à son tour son pontificat en 2005.
Une fois que nous sortons de l’attitude d’Hérode, entrons dans celle des mages, qui sont venus adorer le roi des Juifs qui vient de naître. Ces hommes sont des chercheurs. Ils cherchent la vérité et se laisse transformer par elle, quoi que cela leur en coûte. C’est pourquoi ils n’ont pas hésité à se mettre en route pour un voyage incertain, emportant de précieux cadeaux. Nous aussi, cherchons la vérité et laissons-nous guider par elle, même si elle nous pousse à une conversion coûteuse !
Enfin, que cherchaient-ils, ces mages ? Ils cherchaient à honorer une personne. Ils ne se sont pas mis en route pour un enseignement de sagesse ou pour obtenir un quelconque bénéfice, mais pour rencontrer une personne. Chaque fois que nous nous plaçons devant Dieu dans cette attitude, en voulant simplement le rencontrer en personne, sans attendre des idées inspirées, des pensées célestes ou des solutions humaines, nous imitons les mages et nous nous préparons à une grande joie. Aux Journées mondiales de la Jeunesse de 2005 à Cologne — vous savez qu’à la cathédrale de Cologne il y a une châsse où on vénère les reliques des saints mages —, le thème prévu avec Jean-Paul II était cette parole des mages : « nous sommes venus l’adorer ». Le pape Benoît XVI, son successeur, a introduit une nouveauté dans la grande veillée finale, qui a perduré jusqu’à maintenant : vivre ensemble un temps d’adoration eucharistique, être là à genoux ou assis devant le Seigneur présent dans le Saint-Sacrement, à un ou deux millions, dans le silence et l’adoration. À chaque rencontre qu’il m’a été donné de vivre, à Madrid, à Rio, à Cracovie ou à Lisbonne, ce fut un moment d’une intensité bouleversante. Quand je suis revenu des JMJ de Lisbonne avec les jeunes de la paroisse et que je leur ai demandé : que voulez-vous ne jamais oublier de cette expérience des JMJ, ils m’ont répondu : l’adoration. Et depuis nous animons un temps de louange et d’adoration pour toute la paroisse chaque vendredi soir, et c’est un moment de grâce. Dans l’adoration nous apprenons à vraiment nous décentrer de nous-mêmes pour nous centrer sur celui dont nous voulons accueillir la présence en nous. Que le Saint-Sacrement soit exposé ou non, que nous soyons nombreux ou seul dans une église ou même notre chambre, recherchons ces moments où nous nous mettons en présence du Seigneur simplement parce que c’est lui et que nous voulons le mettre au centre. Nous n’apporterons sans doute pas souvent de l’or, de l’encens ou de la myrrhe, mais ce bien précieux de notre temps et de l’attention de notre cœur. Nous l’apporterons pour lui, tout simplement. Notre cœur et notre corps diront : je viens à toi, mon Dieu, pour te consacrer ce temps ; je viens à toi pour toi, parce que tu le vaux bien ; et je sais que cette attitude de ma part te plaît et te touche. Je viens à toi par amour. Je viens à toi pour t’honorer et pour t’aimer. Ainsi nous trouverons une joie que rien ni personne ne pourra nous ravir.