homélie du 23e dimanche C, 7 septembre 2025

Seigneur, nous voudrions nous aussi être tes disciples. Nous avons commencé à apprécier l’être merveilleux que tu es, comment tu illumines nos vies, par tes enseignements, les conseils et les inspirations que tu nous donnes pour conduire notre vie, mais plus encore par l’énergie qui jaillit de ton cœur et entre dans le nôtre lorsque nous te l’ouvrons. Nous commençons à goûter combien c’est bon d’être aimé de toi, et quelle force d’aimer cela nous donne en retour.

Nous voudrions devenir de plus en plus tes disciples, mais tu nous dis aujourd’hui des paroles effrayantes. Tu nous dis que pour venir à toi, il faut te préférer même à nos relations les plus chères, et même à notre propre vie, sans parler de renoncer aussi à tout ce qui nous appartient !

Seigneur, qu’est-ce que cela veut dire ? Il est pourtant bon que ceux qui ont une épouse, un mari, des enfants, les aiment de tout leur cœur. De même pour nos parents et nos frères et sœurs. N’y a-t-il pas dans les commandements du Père celui-ci : honore ton père et ta mère ? Oui, il est bon que nous aimions tout ce monde, mais le Christ nous parle aujourd’hui d’un amour de préférence qui lui revient. Il y a des situations où ces personnes à aimer entravent notre lien avec Jésus, parce qu’elles n’apprécient pas que nous passions du temps à la prière, parce qu’elles trouvent ridicule de s’attacher à un être qu’on ne voit pas, parce que simplement nous aurions l’impression de les délaisser si nous allions à la messe, ou toutes sortes d’autres choses. Dans ce cas, le Seigneur nous fait comprendre que notre amour pour lui disparaîtra peu à peu et sera de moins en moins vivant s’il n’est pas un amour préférentiel, si nous ne le mettons pas au-dessus de nos priorités et de nos affections naturelles. Nous resterons croyants, mais des croyants désactivés.

Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que le Christ est la source de la vie. Il est le seul qui peut nous combler. Toutes nos belles affections nous font du bien, mais malheureux celui qui compte sur un être humain pour le combler. Ce sont des attentes que personne ne peut rencontrer. Il y a beaucoup de couples qui échouent parce qu’on pense que l’autre va nous combler. Seul un Dieu infini peut combler une âme qui a des désirs infinis comme l’est notre âme ! Même si nous vivons de belles relations, ne craignons pas de leur préférer le Christ. C’est ainsi que nous respecterons le mieux ceux que nous aimons, et que nous ne leur demanderons pas ce qui leur est impossible. C’est dans le cœur du Christ que nous trouverons les trésors d’amour dont nous avons besoin pour vivre et pour changer le monde.

Il est encore d’autres situations où quelqu’un sentira qu’il ferait bien de choisir le Christ comme son premier amour. Le Christ, alors, tient lieu d’épouse, d’époux, d’enfants. Cela a lieu pour tous ceux qui s’engagent dans le célibat consacré : religieuses et religieux, prêtres et parfois diacres.

Dans l’évangile d’aujourd’hui et ses parallèles, nous entendons que le célibat pour le Seigneur n’est pas une invention de l’Église, mais un souhait du Christ. Que la sagesse divine nous aide à comprendre qu’il n’est pas une trace du passé, mais un chemin d’avenir. Le célibat n’est pas un boulet pour l’Église, mais un charisme de feu. Il nous faut annoncer un Dieu qui vaut la peine que des personnes lui consacrent toute leur vie alors qu’elles avaient d’autres souhaits plus naturels. Le Christ ne se présente pas comme un supplément d’âme, un complément spirituel à nos projets de bonheur humain, mais comme quelqu’un qui peut saisir toute une vie et la combler. Il n’appelle pas des garçons et des filles à qui le mariage ne dit rien, mais des jeunes qui choisissent de renoncer à beaucoup pour lui ; parce que c’est lui, par amour pour lui.

Sûrement, sur ce chemin il y aura des épreuves. Il y en a dans tous les chemins de fidélité. Celui qui cherche une vie sans épreuves va asservir tout son entourage et le rendre malheureux. Ne dites pas : je fuirai les épreuves coûte que coûte ! Accepter résolument les épreuves, ne pas les fuir à tout prix, en faire l’occasion d’agrandir notre cœur, c’est un chemin de vie pour nous et pour ceux qui vivent autour de nous. Que l’Esprit Saint nous donne l’audace de vivre ainsi. Dieu est si riche ! Il s’intéresse à tout ce que nous vivons. Il veut nous combler lui-même.