Homélie du 33e dimanche C, 16 novembre 2025
Au milieu du cours de ce monde, où l’histoire semble un continuel enchaînement de crises et de périodes paisibles, l’Écriture nous parle de l’irruption du Jour du Seigneur, qui fera que plus rien ne sera comme avant.
Il y a 1600 ans, la grande ville de Rome, capitale du monde, était envahie par les Goths d’Alaric. Un empire s’écroulait. La détresse était dans bien des cœurs. Les chrétiens, saint Augustin en tête, ont avancé au milieu de ce désarroi, assurés que cette perte était légère par rapport aux progrès du Royaume de Dieu vers la survenue, on ne sait quant, du Jour du Seigneur. Parlant des ruines de Rome de son temps et à venir, Augustin dit : « Tout cela n’a été construit que pour s’écrouler un jour » (sermon De Urbis excidio). Ce n’est pas là, ni dans aucune réalisation humaine, que réside la grandeur de l’homme et l’espérance pour l’avenir.
Le Jour du Seigneur est attendu impatiemment par les humbles de la Terre, par ceux qui plient sous l’injustice ou le règne de l’argent. Chez nous et plus encore là-bas, dans les pays dont nous exploitons les richesses ou la main d’œuvre bon marché. Pour le moment c’est si anodin et même plaisant de vivre en se moquant de Dieu et de ses commandements. On décide tout ce qu’on veut et tant pis pour ceux qu’on lèse, qu’on abandonne, qu’on méprise, qu’on floue, et tant pis pour Dieu le Créateur rejeté. Mais cela n’a pas d’avenir. Ce qui a un avenir c’est le projet de Dieu, son Royaume d’amour, maintenant délaissé ou écarté mais bientôt manifeste et incontournable. Ce Royaume sera une fournaise pour les arrogants, qui les consumera comme la paille (Ml 3,19), tandis qu’il sera une douceur pour les humbles (et tout l’univers criera de joie : Ps 97).
De quel côté se trouve chacun de nous ? De tout ce que nous avons construit, tout sera détruit. Seule notre âme est indestructible. Mais à quoi est-elle attachée ? À ce qui passe ou à ce qui demeure ? Et pour quand prendrons-nous des dispositions ? C’est maintenant, l’heure de choisir ce qui vaut vraiment, ce qui contient la vraie gloire, ce qui fera notre fierté pour l’éternité ! C’est le moment d’adopter un genre de vie où Dieu est ce qui compte le plus, où sa loi d’amour nous conduit vraiment.
Ce sera incompris. On dira : pourquoi vas-tu le dimanche matin à l’église ? Pourquoi t’isoles-tu pour prier chaque jour ? Pourquoi dis-tu que nous avons une vie éternelle et qu’il faut s’y préparer ? Pourquoi cherches-tu à pardonner à cette personne ? Pourquoi renoncerais-tu à ce placement juteux ? Pourquoi ne saisis-tu pas toutes les occasions de faire de l’argent ? Pourquoi gardes-tu cet enfant qui survient quand ce n’est pas prévu ? Pourquoi donnes-tu à cette association ou à cette personne ce qui te permettrait des vacances ou une maison plus confortables ? Pourquoi renonces-tu à ce voyage polluant ? Pourquoi cette vie différente ?
Lorsque nous sommes chrétiens cela intrigue et parfois dérange. C’est bon signe. Jésus nous dit : ne crains pas, ne te décourages pas, ne fais pas d’efforts pour être comme tout le monde ! Et moi je te donnerai un langage qui permettra à ceux qui cherchent la lumière de la vie de trouver la vérité. Oui, demandons au Seigneur de pouvoir être missionnaires par nos choix, nos actes, nos réactions, et aussi nos paroles. Pour que davantage de personnes trouvent la lumière du cœur du Christ, découvrent qu’ils sont tant aimés et que cela vaut tout d’y répondre.

