homélie de la fête du Saint-Sacrement, 22 juin 2025
Récemment l’Église a reconnu un miracle au sujet d’une hostie consacrée sur laquelle était apparu le visage du Christ. Cela s’est passé il y a 12 ans en Inde, dans le Kerala, qui est chrétien depuis le temps des apôtres, à la paroisse de Vilakkannoor. Ce miracle est un signe qui rappelle la réalité vécue dans chaque messe, le miracle quotidien de la transformation du pain et du vin dans le corps et le sang du Christ.
Celui qui, en prenant du pain, a dit à ses apôtres qui le suivaient depuis 3 ans : « ceci est mon corps livré pour vous », le Christ, est vivant aujourd’hui et il agit encore. Lors de chaque messe nous demandons au Père que l’Esprit vienne consacrer le pain et le vin, et nous vivons à nouveau le moment de la dernière Cène, non comme un souvenir, mais comme un événement qui est présent et dont nous sommes protagonistes.
C’est la foi et la prière de l’Église qui nous l’apporte, depuis 2000 ans, selon les mots de saint Paul à l’Église de Corinthe : « ce que j’ai reçu du Seigneur, je vous l’ai transmis » (1 Co 11,23). On appelle cela la Tradition : la transmission des dons de Dieu de communautés en communautés, au cœur de l’unité de la grande Église.
Cette Tradition a rencontré constamment des difficultés, lorsqu’ici ou là on ne voulait plus accueillir la réalité de cette présence du Christ dans le pain et le vin consacré. Il y a l’épisode de Tanchelin, d’Anvers, au XIIe siècle, qui refusait la présence réelle car elle donnait trop d’importance aux prêtres. Il y a l’épisode de Jean Huss et d’autres réformateurs, qui entrainèrent de nombreuses communautés protestantes dans le refus de croire en la présence réelle du Seigneur dans l’eucharistie. Aujourd’hui encore, cela nous est difficile à croire, mais nous pouvons joyeusement accueillir le témoignage de tant de chrétiens de toutes époques, remontant jusqu’à Ignace d’Antioche qui, vers les années 100, affirmait que dans l’eucharistie nous recevions le même corps du Christ qui avait marché sur les routes de Palestine, avait été fixé à la croix et était ressuscité.
Nous n’aurons jamais fini d’augmenter notre foi en la présence du Christ dans ce sacrement. Mais le Christ nourrit tous ceux qui viennent à lui. Nous venons de l’entendre dans l’évangile. Et cela se passe ce matin dans toutes les églises du monde où est célébré ce sacrement. Le Christ est avec nous, il agit, sa vie se développe en nous à proportion de notre union à lui — ce que nous exprimons par le mot « communion ». Cette union de volonté, cette décision intérieure d’aimer le Christ est notre part dans ce grand mouvement de rencontre entre le Seigneur qui vient et nous qui l’accueillons. C’est pourquoi l’Église demande de s’examiner avant de communier : est-ce que je vis selon la parole du Christ, selon ses commandements ? Sinon, il est important de se réconcilier, demander le sacrement du pardon, qui permettra aussi de voir si je ne me fais pas des scrupules.
Que nous communions ou pas, Il est là, il nous regarde avec tendresse, il rayonne sur nous sa force. Le moment de la consécration sont les minutes les plus incroyables de notre journée, de notre vie. Dieu est là, celui qui a pris chair de la Vierge Marie se rend présent devant nous, par amour. Qu’il nous fasse la grâce d’en être bouleversés. Désirons-le intensément !
Je vous laisse avec cette parole de Mère Teresa : « Avez-vous vraiment fait connaissance avec Jésus vivant, non pas à partir de livres mais pour l’avoir hébergé dans votre cœur ? Avez-vous entendu ses mots d’amour ? Demandez la grâce : Il a l’ardent désir de vous la donner. » (Testament de Mère Teresa)