homélie du 5e dimanche de Pâques C, 18 mai 2025

Cette semaine on m’a parlé du fonctionnement merveilleux de notre corps, l’ADN, les ribosomes, les protéines, toutes les molécules de la vie… Et j’ai pensé : comme Dieu a fait une œuvre merveilleuse en créant le monde, les lois physiques qui font que tout cela est possible, etc. Quelle ingéniosité, quelle puissance en Dieu ! Mais ce n’est encore que le monde matériel. J’ai pensé ensuite à notre cœur, à notre esprit. La merveille de notre cœur, la merveille que chacun de nous est par cette capacité d’aimer, d’accueillir, de comprendre, d’encourager, de consoler. Les richesses prodigieuses de notre cœur ! Dieu a déployé une puissance et une surabondance encore bien plus grande à les créer.

L’adversaire voudrait détruire tout cela. Par le moyen de la peur il peut venir contaminer notre cœur avec la jalousie, la volonté de dominer, le mépris, l’égoïsme. Jésus vient nous sauver, et il le fait de deux manières : d’abord en guérissant notre cœur, en lui restaurant sa capacité à aimer. Et puis en nous montrant comment déployer toute la richesse de notre cœur. Détaillons.

D’abord, il se rend capable de guérir notre cœur, en donnant sa vie pour nous sur la croix. Notre cœur abîmé par le mal que les autres nous ont fait et par le mal que nous avons décidé de faire, le Christ vient le guérir. Sur la croix, alors que le mal s’abat sur lui, le Christ dit à chacun de nous : « je te donne mon cœur ! Viens guérir ton cœur au contact de mon cœur ! » Par sa façon de mourir, son amour a triomphé du mal, et le Père l’a ressuscité d’entre les morts. Nous pouvons crier vers le Seigneur : « Jésus, viens guérir mon cœur qui ne sait pas aimer ! » Peut-être pourrions-nous parfois entendre, quand le prêtre nous donne la communion, « le cœur du Christ ! », puisque c’est par amour que son corps est livré pour nous.

À notre cœur guéri, le Seigneur fait alors une proposition : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34) Aimer comme le Christ ! C’est fou ! Le rayonnement d’amour qui sortait du cœur du Fils de Dieu, cet amour qui guérissait et sauvait tous ceux qu’il croisait, nous pouvons l’avoir en nous : « comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ! »

Dieu qui avait fait une œuvre merveilleuse en créant notre cœur lui donne maintenant des capacités infinies. Et nous découvrons le grand bonheur : aimer, ouvrir son cœur, se donner pour les autres, se consacrer à la vérité. C’est la clé du bonheur que rien n’arrête. Aimer son conjoint, ses enfants… aimer ceux qui sont plus loin… aimer les pauvres, les malades, ceux qui sont dans le besoin… les prendre tous dans notre cœur qui n’a pas de limites puisqu’il est la création de Dieu ! Nous ne pensons souvent que notre cœur a une capacité illimitée, parce que nous nous heurtons à nos petitesses. Mais sachons que c’est de l’amour sauveur du Christ que nous pouvons aimer, et pas seulement de nos petites forces ! Dieu peut mettre en nous une force d’amour incroyable. Bien sûr, nous pouvons aussi nous dire que nous n’avons que 24h sur une journée. Comment allons-nous faire pour aimer tout ce monde ? Le Seigneur est le premier à savoir que nous n’avons que 24h et que nous devons dormir. Il nous montrera comment aimer, comment renoncer à ce qui est superficiel, comment vivre une vie d’amour, une vie qui héberge son amour.

Ce bonheur d’imiter l’amour de Dieu, nous le devinons dans l’exemple des premiers chrétiens dont nous parlent les Actes des apôtres. Quelle joie de la foi devait habiter le cœur des premiers chrétiens pour accepter toutes ces épreuves, pour accepter que saint Paul et saint Barnabé leur dise « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu. » ! (Ac 14,22) Que cette joie qui dépasse toute épreuve devienne la nôtre !

Et je termine : ce bonheur de laisser jouer toutes les palettes d’amour de notre cœur, il nous ouvre à la vie éternelle, à cette vie d’amour qu’est le Ciel, une vie d’amour si forte que l’Apocalypse compare le peuple de Dieu à une épouse qui est rendue toute belle pour son mari qui est Dieu (Ap 21). Alors, que notre première priorité dans la vie soit d’aimer Dieu et notre prochain comme nous-mêmes !