homélie du 3e dimanche de carême C, 23 mars 2025

Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu pour mériter cela ? » Nous avons tous déjà entendu une phrase de ce genre, ou nous l’avons nous-mêmes pensé. Jésus nous fait sortir résolument de ce schéma de raisonnement qui nous coupe de Dieu. Les Galiléens massacrés par Pilate ou les habitants de Jérusalem tués par la chute de la tour de Siloé n’étaient pas plus en froid avec Dieu que les autres (Lc 13,1). Réfléchir sur les bienfaits qui devraient nous arriver parce que nous nous serions attiré les bonnes grâces du Seigneur est un mode de pensée très centré sur nous-mêmes et nos projets. Mais vous vous rappelez : « qui cherchera à sauver sa vie la perdra… » (Lc 17,33). Le Seigneur nous invite à un décentrement radical.

C’est pourquoi l’Écriture parle aujourd’hui de la nécessité d’entrer dans les vues de Dieu, de « plaire à Dieu » (1 Co 10,5). Non parce qu’il serait despotique, dominateur ou colérique ; non parce que c’est chez lui que nous voulons aller et qu’il faut bien se plier aux exigences du maître de maison… mais parce que c’est le chemin de la vie, le seul. Dieu est la source de la vie. Il n’y a pas de source B.

Nous aimons les paraboles qui nous parlent de la miséricorde de Dieu, cela nous rassure. Mais il y a un danger, dans lequel beaucoup de nos contemporains s’engagent : compter sur la miséricorde, dire « Dieu est bon, rien ne m’arrivera même si je continue à vivre à l’envers de ses commandements ». Or, cela c’est se moquer de Dieu.

La parabole du figuier qui n’a pas encore porté de fruit nous indique que la miséricorde est la patience de Dieu, pas sa prétendue disposition à rogner sur ce qui est juste. Dieu ne dit pas : laissons les figuiers vivre comme ils l’entendent ; au nom de ma miséricorde je leur permets de ne pas porter de fruit comme d’en porter. Au contraire, il en attend du fruit, et accepte de patienter le temps que le figuier se décide, soigné par les attentions du jardinier. Le figuier c’est nous, le jardinier c’est l’Église, ses pasteurs et chacun de ses membres, qui mettent tout en œuvre pour qu’on se convertisse.

Dans le royaume de Dieu, il n’y a pas de place pour l’impureté, pour le mensonge, l’amour de la richesse ou pour l’injustice. Tout cela sont des chemins de mort et Dieu ne les validera jamais. Il patiente parce qu’il nous aime, mais jamais il ne dira « c’est bon ainsi ».

Entrons joyeusement dans le chemin de la conversion. Sans nous décourager si nous avons déjà essayé sans succès. En suppliant le Seigneur de nous donner la force, la détermination, et en chassant de notre esprit tout ce qui est pleurnichage et apitoiement sur nous-mêmes. Dieu veut nous sauver, il sait que notre vie peut porter des fruits de lumière et il viendra à notre secours.