Noël, homélie de la veille au soir

Vous l’avez déjà remarqué dans votre vie, et l’Écriture nous avertit sans cesse : c’est difficile de croire. Le découragement nous guette ; non pas parce que Dieu est bizarre, mais parce qu’il y a tant d’écrans entre lui et nous. Nos blessures et nos faiblesses, qui nous empêchent d’accueillir son amour et de lui faire confiance. Nos péchés, qui abîment notre âme et la rendent peu à peu insensible à Dieu, dure et désabusée. Les événements de notre vie ou du monde, qui nous troublent, nous font douter de l’amour de Dieu ou de l’appel à la joie qu’il nous lance.

C’est difficile de croire. Pas de croire qu’il y a quelque chose au-dessus de nous ; cela c’est encore assez facile, quand on voit la complexité de la nature et qu’on se dit que le hasard ne pourrait jamais faire exister tout cela. Mais de croire que ce quelque chose au-dessus de nous est un Dieu qui pense à nous, qui veille sur nous, qui nous aime. Cela, c’est assez souvent difficile à croire. Vous avez entendu qu’au milieu de ses épreuves le peuple de Dieu s’était donné ces noms : Délaissée ! Désolation ! On sent tout le poids de souffrance qu’il y a là-derrière.

Et voilà que Dieu vient dire : maintenant on t’appellera Ma Préférence, mon Épouse, ma Choisie ! (Is 62) Tu peux chanter un chant nouveau, raconter à tous les peuples ma gloire, te féliciter d’être ainsi aimée. (Ps 95)

Comment sommes-nous ainsi aimés ? Parce qu’un Sauveur nous est donné, comme disent les anges aux bergers (Lc 2,11) et saint Paul aux premiers chrétiens (Ac 13,23). Il n’est pas un sauveur qui vient augmenter le pouvoir d’achat, nous offrir une vie sans efforts ou la santé sans vieillir. Ce n’est pas cela son cadeau. C’est bien plus grand. Il vient nous offrir l’amour de Dieu ; il vient le déposer à la porte de notre cœur.

Il vient comme un petit enfant tout faible pour nous donner la force. Il vient comme un enfant pauvre pour nous enrichir. Il vient comme un enfant menacé pour nous protéger. S’il peut faire cela, ce n’est pas par une intervention matérielle, comme cet idiot de père Noël, mais par le lien que nous tisserons de notre cœur au sien. En nous attachant par amour au Fils de Dieu qui prend notre chair, en nous attachant à lui obstinément, coûte que coûte, sa force divine entrera en nous et son salut fera reculer le mal et triompher le bien. Il nous sauve par sa venue dans le monde et il nous sauve pas sa victoire sur la croix. Il nous revêt de sa fidélité, de son amour vainqueur, que nous accueillons par la foi, c’est-à-dire le cœur et l’intelligence ouverts à lui.

Si nous pouvons dire au Seigneur Jésus : Jésus, il y a ça et ça qui est difficile dans ma vie, mais je m’attache à toi, je laisse ton amour couler sur moi et me régénérer, je te laisse me guider et je te rends grâce d’être venu jusqu’à moi… Si nous pouvons dire cela, le salut prendra pied dans notre vie et notre cœur sera habité de la paix du Ciel.

Dans notre monde qui se vide peu à peu de l’essentiel, nous avons besoin d’hommes et de femmes qui se laissent remplir de l’Esprit de Dieu. C’est difficile de croire, mais c’est un tel bonheur de s’attacher au Dieu vivant qui a tout fait pour nous. Il a marché sur notre Terre pour que nous le trouvions toujours à nos côtés. Il a écarté tous les obstacles du chemin pour que nous puissions toujours avancer, même au milieu des embûches. Il est le Sauveur. Bénissons-le de tout notre cœur !