homélie du 4e dimanche de l’Avent A, 21 décembre 2025

Dieu dit : je connais vos angoisses, et ce n’est pas vos péchés qui m’empêcheront de venir à vous pour vous sauver. Car le remède au milieu de tout ce qui nous inquiète, au milieu des limites de nos vies, de nos découragements, de nos tristesses, ce n’est pas la tranquillité, ce n’est pas l’augmentation du pouvoir d’achat, ce n’est pas la santé sans vieillir ou d’autres choses du genre. Le remède, c’est un amour qui nous saisi

t, qui nous dit : tu n’es pas seul, et qui enchante notre vie. Un amour fort, un amour indéfectible, un amour qui jamais n’est découragé ou dégoûté.

Pour nous donner cet amour, Dieu a le projet d’une naissance. Au roi Acaz il dit : tu trembles des projets de tes ennemis, mais voici que la vierge est enceinte et enfantera un fils. Acaz pourrait se dire : c’est bien beau, mais comment cela m’aiderait-il face à mes ennemis ? Apprends-le, Acaz : il s’appellera Emmanuel, son nom est « Dieu avec nous ». Tu as peur pour l’avenir, mais Dieu te donne l’assurance qu’il est avec toi. Et ce ne sont pas seulement des paroles, mais un enfant-prophète. Face aux rumeurs de guerre, Dieu n’agit pas avec des armées, ni de l’or et de l’argent, mais par une naissance. D’emblée nous pressentons que pour expérimenter la puissance de Dieu, le cœur va devoir s’ouvrir, dans une confiance hors du commun.

Avec saint Matthieu nous attribuons la prophétie de l’Emmanuel à Jésus. C’est lui le Christ qui est le sens plénier de la prophétie. Néanmoins, il a dû y avoir d’abord un sens plus immédiat à l’époque du prophète Isaïe, pour qu’il y ait quelque chance que le roi soit rassuré par cette naissance. C’est probablement la naissance d’un héritier, qui deviendra le roi Ézékias, auteur d’importantes réformes religieuses, qui parviendra à sauver pour un temps Jérusalem avant qu’elle soit complètement envahie 100 ans plus tard. L’Emmanuel, c’est d’abord Ezékias, un roi plutôt bon… mais c’est trop peu : la promesse de Dieu est bien plus grande, et le peuple juif a bien fait d’attendre sa réalisation encore à l’époque de la domination romaine. Ce qui nous amène dans la chambre d’un certain Joseph de Nazareth, fiancé à une Vierge appelée Marie.

On peut imaginer Joseph consterné de voir Marie enceinte. Ce ne sont pas des armées qui sont à sa porte, mais l’effondrement de tout ce qu’un fiancé peut humainement espérer. Et Marie qui ne lui dit rien ! Mais qu’aurait-elle pu dire ? Ce que Dieu est en train de faire peut-il être décrit ? Mais voilà que l’ange du Seigneur vient révéler le fond des choses : un enfant venant du Saint-Esprit est un train de grandir en Marie et sera bientôt le Sauveur du monde.

Une nouvelle fois Dieu se fait proche. Encore plus proche. Encore plus Dieu. Maintenant, le titre d’Emmanuel, « Dieu avec nous », prend toute sa portée. La réflexion chrétienne dira ensuite que la Deuxième Personne de la Trinité entre là dans sa Création, que Celui par qui tout a été fait revêt une existence humaine. Pour le moment, savourons simplement ce Nom libérateur : Jésus, qui veut dire « le Seigneur sauve », car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.

Dire qu’il y a le péché et qu’on peut en être sauvé, c’est le message qui peut apporter la paix désirée depuis Acaz, depuis même l’aube des temps. Dire qu’il y a le péché permet de ne pas laisser le mal coloniser notre vie et nos relations comme un cancer qui s’infiltre partout. Au contraire, le mal peut être défini, isolé, regretté, et finalement pardonné. Même si nous ne sommes pas dignes de la communion amoureuse avec Dieu, dignes d’être aimés des autres, capables d’habiter paisiblement le monde et de triompher de toutes peurs, Jésus va nous le mériter et ouvrir en nos cœurs le chemin du pardon. Ce petit enfant nous sauvera en donnant sa vie pour nous, en nous faisons comprendre que son amour est pour nous, sans conditions, toujours à la recherche de notre cœur pour qu’il se repose sur son cœur. Et ainsi nous deviendrons des artisans de paix qui changeront le monde, et beaucoup verront, en nous regardant changer et vivre, que Dieu est vraiment avec nous.