homélie de la fête du Baptême du Seigneur, 12 janvier 2025
Dans l’histoire de l’humanité, il y a eu un tournant radical le jour où est venu dans le monde le Seigneur Jésus. Il y a tellement eu un avant et un après qu’on s’est mis à mesurer le temps d’après l’événement de la naissance du Christ — même si maintenant ceux qui veulent évacuer cela essaient de transformer cette dénomination et parlent de « notre ère ». Mais il reste que notre ère a commencé un beau jour où le cours de l’histoire a changé. Aujourd’hui je voudrais réfléchir avec vous sur la nouveauté chrétienne, initiée quand Dieu s’est fait si proche.
Nous l’avons contemplé dans la crèche. Maintenant il descend dans l’eau où venaient ceux qui se reconnaissent pécheurs. Il montre qu’il est venu « se donner pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien » (Tite 2,14). C’est Jean qui baptise, ce n’est pas encore Jésus. Jean Baptise avec l’eau ; Jésus baptisera dans l’Esprit Saint et le feu (Lc 3,16). Maintenant Jésus reçoit le baptême de Jean, et en même temps il montre ce que sera le baptême qu’il donne : le baptême dans l’Esprit Saint et le feu, celui qui nous introduit dans la vie nouvelle, dans la communion avec Dieu.
Ce n’est pas le Christ qui baptisera directement ; ce seront les apôtres. C’est à l’Église que le Seigneur remettra ce pouvoir de baptiser dans l’Esprit Saint et le feu, ce pouvoir de renouveler la vie des hommes.
Comme l’Église est précieuse, puisque c’est par elle que nous arrive la grâce de Dieu ! En effet, cette grâce ne vient pas abstraitement, comme une déclaration juridique lancée d’en haut, elle vient par le contact avec ce peuple de gens que Dieu a renouvelés et à qui il a donné le pouvoir des sacrements.
Avec la pratique du baptême des bébés, il nous faut réfléchir un peu plus à la nouveauté chrétienne que si nous avions sous les yeux uniquement des catéchumènes adultes qui entrent dans la vie nouvelle. Qu’en est-il ? Jésus qui est le Fils nous offre de devenir fils/fille, par ce don de l’Esprit Saint qu’il possédait. Et au préalable, il nous donne le pardon de nos péchés, de tous ces refus de Dieu qui nous empêchent de vivre de sa grâce.
Le chrétien avance dans la vie en enfant de Dieu, assuré de son amour — « enfant bien-aimé » —, les pieds sur la terre mais la tête déjà dans le ciel. Pas dans les nuages, mais dans le ciel, prêt à prendre ici-bas le risque d’aimer, de perdre sa vie par amour, parce que c’est la logique des enfants de Dieu d’après ce que nous voyons dans la vie du Christ. Il me semble que c’est ce que Paul dit : « vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus-Christ. » Le chrétien vit chaque jour dans une attente qui le dépasse, une espérance qui le libère de la crainte et lui permet d’oser beaucoup de choses pour l’amour de ses frères et de Dieu.
Voilà qu’a commencé l’année jubilaire. C’est une belle occasion de revisiter notre vie en nous demandant : est-ce que je vis assez de la vie d’en haut, de la vie divine, ou bien est-ce que j’ai mes idoles desquelles je tire mon bonheur — pour les uns c’est l’argent, pour d’autres la convoitise de la chair, pour d’autres encore toutes sortes de distractions, ou encore un orgueil bien nourri ? Patiemment, mettons-nous à nouveau à revivre en enfant de Dieu ! Nous sommes tant aimés… Ce serait dommage d’être trop rarement au rendez-vous de l’amour.