homélie de la fête des saints Pierre et Paul, 29 juin 2025
Nous pouvons être surpris de la différence de traitement entre les apôtres Jacques et Pierre. Le chapitre 12 des Actes des apôtres vient de nous raconter comment Jacques est arrêté et décapité par les autorités, tandis que Pierre est libéré de sa prison par un ange et échappe à ceux qui en voulaient à sa vie. Une petite trentaine d’années plus tard, il n’y aura plus d’ange pour délivrer Pierre, et il donnera alors sa vie en témoignage de fidélité à son Seigneur. Comme Paul, il pourra dire qu’il a terminé sa course, qu’il a mené le bon combat. Pierre est exécuté à Rome en 64 ou 65, et très vite son tombeau, aux abords du cirque du Vatican où il donna vraisemblablement sa vie, est devenu un lieu important. Vers 150 est construit, non loin de là, le mausolée de la famille Valerii, avec l’inscription : « Pierre, prie pour les chrétiens ensevelis près de ton corps ». Il y a là l’indication certaine que l’Église primitive demandait l’intercession des saints et priait pour ses morts.
Pourquoi Pierre est-il sauvé par un ange tandis que Jacques périt sous les coups de l’adversaire ? Sans doute à cause de la mission que le Christ lui a confiée sur la route de Césarée, lorsqu’il lui dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux… » (Mt 16,18). Plus tard, juste avant sa passion, Jésus dira à Pierre : « j’ai prié pour toi, Simon, pour que ta foi ne défaille pas ; quand tu seras revenu, affermis tes frères ! » (Lc 22,32).
Cette mission d’affermir ses frères dans la foi, Pierre doit l’accomplir jusqu’au bout. Puis il donnera l’ultime témoignage, et d’autres continueront la mission reçue de Jésus. Nos frères protestants déploient beaucoup d’énergie à prétendre que ce que Jésus dit à Pierre, sur qui il fonde son Église, ne concerne que lui, ou que sa profession de foi, et n’entend pas du tout parler de successeurs qui poursuivraient cette charge. Mais alors, quel serait le sens de la promesse de Jésus qui concerne tous les temps qui viendront : « la puissance de la mort ne l’emportera pas sur mon Église » ? Cela n’a pas de sens que Jésus fasse une promesse pour tous les temps si elle ne repose que sur la courte vie de Pierre.
En réalité, l’Église de Rome est devenue très tôt la référence pour toutes les autres Églises lorsque des questions de foi surgissaient. Saint Irénée, vers 190, affirme que toutes les Églises doivent se régler sur la foi de l’Église de Rome, parce que cette Église garde fidèlement la tradition reçue des apôtres Pierre et Paul, qui y ont donné leur vie pour le Christ. À cette époque on retrace la lignée des évêques de Rome depuis Pierre, et jusqu’à aujourd’hui il est question du pape, de l’évêque de Rome comme du successeur de Pierre, avec la même mission d’affermir ses frères chrétiens dans la foi.
Lorsque les protestants veulent rompre avec le siège de Pierre, il y a en effet de quoi être choqué par le comportement de ceux qui se disent successeurs de Pierre. Et c’est un fait remarquable de constater que les papes de cette époque, malgré beaucoup de comportements indignes, n’ont pas abîmé le dépôt de la foi. Cela renforce notre confiance dans ce que nous appelons le « magistère », la mission d’enseignement qui revient à l’Église de Rome et à l’ensemble des évêques successeurs des apôtres. Dans la grande Église, nous sommes assurés de recevoir tous les dons du Christ et d’être abrités de la puissance du mal. Il y a un lieu où notre salut est assuré, c’est dans cette Église fondée sur l’apôtre Pierre qui a entendu pour lui-même et pour toutes les générations : « je te donnerai les clés du royaume des cieux ».
Nous sommes dans l’année jubilaire, et ces clés du royaume, l’Église les actionne résolument par les indulgences, que nous pouvons demander pour nous-mêmes ou pour des défunts : l’assurance du salut, de la vie auprès de Dieu, à cause de la promesse du Christ. Ces indulgences, nous les obtenons par des actions de prière et de générosité, et elles mettent en œuvre cette parole du Seigneur : « tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux ».
Réjouissons-nous des promesses du Christ et de ce que ces promesses sont palpables directement dans son Église ! Avançons avec confiance, poussés vers l’avant par ces géants de la foi que sont Pierre, Paul et tant d’autres.