homélie du 2e dimanche de carême, 16 mars 2025
Pendant le carême nous cherchons à vivre du Christ, à accueillir sa vie en nous et la laisser se déployer. Nous voulons qu’il nous saisisse et qu’il nous donne sa paix, sa joie, sa force, sa lumière. À un moment donné de notre lecture de l’Évangile, l’évangéliste nous fait voir la gloire de Jésus dans cet épisode de la Transfiguration. À travers l’éclat du visage du Christ et de ses vêtements, c’est comme si nous était adressé un : « regarde toute la richesse de son être ! »
Avec Pierre, Jacques et Jean nous découvrons que Jésus, qui est un ami, est bien plus qu’un ami ; un maître et bien plus qu’un maître ; il est le Fils bien-aimé, l’Élu, qui nous parle, qui nous rempli de la vie divine quand nous l’écoutons.
Devant la révélation de la gloire du Christ, nous pourrions être inquiets, comme les apôtres remplis de frayeur, comme quand la culpabilité nous suggère à tort que nous n’avons pas le droit d’être face au Seigneur. Mais nous savons comme il n’a pas dédaigné de donner sa vie pour nous. Alors nous sommes simplement émerveillés. Nous jubilons que l’être le plus merveilleux de l’univers nous offre son cœur, il veut que nous soyons tout intimes, il nous donne comme demeure le cœur du Père.
Si quelqu’un que nous apprécions beaucoup nous dit qu’il nous aime, quelle joie, quel bouleversement délicieux ! Eh bien c’est ce que nous vivons dans l’eucharistie, dans l’adoration, et même dans la prière seul.
Pourtant c’est difficile d’être sensible à cette réalité, car tant de choses aspirent notre cœur. Certaines choses, certaines relations sont d’ailleurs mauvaises en elles-mêmes, elles nous rendent étrangers à Dieu, elles développent en nous des récepteurs pour la nuit, la tristesse, le dégoût. D’autres ne sont pas mauvaises en elles-mêmes, mais seulement en ce qu’elles nous accaparent. Elles auraient une belle place dans nos vies si elles étaient au service de notre ouverture à Dieu. Ce carême est le moment de nous débarrasser des activités des ténèbres, et aussi de tempérer les activités neutres ou même bonnes qui veulent prendre trop de place. Il nous est donné de libérer notre désir de Dieu, de l’augmenter par nos renoncements au reste. Ainsi nous devenons capables de vibrer à l’amour d’un Dieu si merveilleux, et cela changera notre vie.
Les apôtres voient la beauté du Christ, et une voix venant du Ciel leur dit : « écoutez-le » ; c’est l’ordre reçu du Père. Écouter Sa Parole, Son cœur, Sa venue vers nous. C’est ce que nous voulons faire en lisant tout cet évangile selon saint Luc au cours de notre carême.
Je voudrais encore faire un lien avec l’histoire d’Abraham. Abraham apprend à vivre de foi. Dieu lui fait la promesse d’une descendance, mais il ne la voit pas encore. Il apprend à y répondre par la foi dans le Seigneur, l’attente et la confiance dans l’engagement de Dieu. Dieu promet et il s’engage, tandis qu’Abraham attend la réalisation de la promesse et que son cœur s’agrandit à ce que Dieu veut lui donner. La promesse agrandit le cœur, elle fait du croyant un être de désir, tout tendu d’amour vers son Dieu. Il y a des promesses en l’air… Mais celle de Dieu est tout sauf en l’air. Il s’est engagé. En ce temps-là, en passant au milieu du sacrifice d’Abraham. Pour nous, de la façon la plus totale, dans la passion du Christ. Nous savons que sa promesse se réalisera et qu’elle commence déjà à nous apporter la joie du ciel. Loin du « tout tout de suite » qui est si à la mode, nous voulons être des partenaires de la promesse de Dieu. Seigneur, tu as des projets merveilleux pour nos vies ! Et nous pouvons y compter, puisque saint Paul vient de nous parler de la puissance du Christ, capable de tout mettre sous son pouvoir. Alors approche-toi de nos cœurs et fais que nous te laissions approcher ! Nos vies changeront. Le monde changera. Ton Royaume sera là.