homélie de la Veillée pascale 2025, 19 avril
Sept jeunes et adultes parmi nous vont naître à la vie chrétienne par les sacrements de Pâques. Comme saint Paul le disait aux chrétiens de Rome à l’aube de l’histoire de l’Église, ils vont mourir avec le Christ pour mener avec lui une vie nouvelle.
Qu’est-ce que c’est, mourir avec le Christ ? C’est tourner le dos à une ancienne façon de voir, à une vie centrée sur nos idées, nos exigences, une vie gouvernée par nos peurs, nos colères ou nos manques, une vie passée à se distraire des limites de l’existence, de la finitude, à se distraire de nos manquements aussi, afin de survivre vaille que vaille. Ce genre de vie, nous pouvons comprendre qu’un moment donné on s’y sente à l’étroit. Car notre cœur fait pour aimer et se donner ; et il ne trouve pas son compte dans une vie qui n’a de libre que l’apparence, qui est en fait une vie de servitude, d’« esclave du péché ». Heureux êtes-vous, vous qui avez poussé la porte de l’Église pour recevoir le baptême, au terme d’une préparation sérieuse ! Vous voici aux portes de la vie nouvelle, qui a déjà commencé à s’enraciner en vous. Votre démarche nous permet à tous de voir ce que nous avons reçu en nous mettant au service du Christ.
Il est temps de poser la deuxième question : qu’est-ce que c’est, mener avec le Christ une vie nouvelle ? Il s’agit d’adopter un style de vie où le centre ce n’est plus nous, mais le Père. Certains craindraient de nous voir tomber dans une triste vie, où il n’y a que des choses ennuyeuses. Mais au contraire, nous allons explorer le bonheur d’accueillir l’amour de Dieu et d’en vivre. Ce bonheur, nous avons commencé à y goûter, mais il y a encore tant de choses à vivre dans la foi : l’amour de Dieu est si riche ! La vie nouvelle suit le chemin du Christ, elle conduit à l’imiter et elle passe par une confiance de plus en plus grande en Dieu. Nous avons vu avec Abraham que cette confiance est parfois éprouvée. Beaucoup ici peuvent témoigner que leur foi a été secouée par les difficultés de la vie, mais vous avez persévéré et un lien plus profond et plus nourricier s’est établi entre votre cœur et celui de Dieu.
Ce lien de la foi permet de vivre dans la reconnaissance, dans la louange, au milieu de ce monde qui nous est donné par le Créateur. Chaque oiseau, chaque étoile, chaque être humain parle de Lui et est un reflet de sa bonté. Partout nous sommes enfants de Dieu, créés avec amour à son image. Regardez-vous dans le miroir comme une merveille de Dieu !
Mais il y a aussi le mal, spécialement celui qui vient du cœur mauvais de l’homme. Le mal qui réduisait les Hébreux en esclavage. Le mal qui les a fait à leur tour s’éloigner de Dieu en « abandonnant la source de la Sagesse », en versant le sang, en laissant leur cœur devenir de la pierre. Dieu voulait guérir ce mal, il voulait le guérir non pas de l’extérieur, dans un nouvel ordre social, mais de l’intérieur du cœur, afin que nous soyons vraiment sauvés. Et c’est pourquoi il envoya son Fils, pour que nous puissions accueillir son Esprit, recevoir un cœur de chair, vivre enfin selon ses commandements qui nous donnent le bonheur.
Nous avons entendu tout ce chemin de la Révélation de Dieu, comment il nous a fait connaître notre triste situation et le moyen d’en sortir par la foi en Lui. Maintenant, « pensons que nous sommes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ » (Rm 6,11). Vivons chaque jour cette vie de foi en participant aux prières de la communauté, en accueillant la Parole et en la mettant en pratique, en aimant notre prochain comme le Christ nous l’a monté. Ainsi nous serons vraiment vivants. Belle octave de Pâques, et beau temps pascal !