homélie du soir de la Nativité, 24 décembre 2024
J’entends beaucoup de gens dire que le monde va mal. Mais alors, ne restons pas en spectateurs ! Que pouvons-nous faire ? Nous unir à l’action du Sauveur. Et pour cela, considérons à nouveau comment le salut est entré dans le monde. En cette nuit, tout a changé. Il s’est passé l’événement le plus exceptionnel de l’existence de l’univers. Exceptionnel, mais si peu sensationnel. Il se passe dans l’ombre d’un coin perdu de la terre, d’une étable perdue dans un village perdu. Le Fils de Dieu naît d’une Vierge. Il apporte une grande lumière, mais peu la verront, hormis quelques bergers guidés par des anges.
La discrétion de l’événement est semblable au moment de la Croix. On ne pense pas qu’à ce moment le cours de l’histoire bascule vers la lumière, que le prince de ce monde est jeté dehors, que la vie, la justice et la vérité triomphent. On pense que c’est un triste événement pour une personne particulière et pourtant exceptionnelle, et puis c’est tout.
Mais lors de la nuit de Noël et lors de celle du Golgoha, tout a changé pour toujours, car c’est Dieu qui agissait en personne, et l’histoire de l’Église le manifestera quand, de proche en proche, la foi chrétienne s’étendra, par la fidélité des premiers croyants, par leur détermination à vivre la foi et à la transmettre même au péril de leur vie, et aussi par la structuration de l’Église qui devient aussitôt une institution capable de protéger la foi et de la transmettre, même si elle-même est sans cesse menacée par la vanité ou la méchanceté de plusieurs de ses membres.
Aujourd’hui nous sommes les héritiers de tout cela, et c’est à notre tour de faire de la nouveauté de Noël le centre de notre vie. Le monde ne pense pas à cela, il ne pense qu’aux cadeaux que l’on doit acheter, aux comparaisons que l’on fera avec tel ou tel, à tant de choses superficielles. Tout cela ne change pas le monde, mais au contraire l’éloigne de son centre et l’engage dans le néant. Tandis que celui qui fait de l’humble action de Dieu en ce soir son modèle devient précieux pour beaucoup. Nous avons entendu saint Paul dire que la grâce de Dieu « nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, pour vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété » (Tite 2,12). Cela peut paraître pas grand-chose, pas du tout à la mesure des défis de l’avenir, mais en réalité tout change quand nous déplaçons notre attention du bling bling du monde vers la crèche.
Les choses les plus décisives ne sont pas celles qu’on croit. Ce soir, une vieille dame au fond de son lit unit amoureusement son cœur à Jésus en priant son chapelet, et cela change le monde plus fort que l’élection du président des États-Unis. Quand, par amour pour le Seigneur, un enfant rend service à ses parents, quand un voisin s’occupe d’un pauvre voisin, quand quelqu’un renonce à une heure de shopping ou de Tiktok pour prendre un temps de prière, le monde change. Il ne change pas seulement par ce que nous avons fait : cela est infime, à notre mesure. Il change parce que nous avons appelé la grâce de Dieu sur ceux que nous aidions et sur l’humanité. Une bonne action en elle-même c’est déjà bien. Refuser de râler, encourager les découragés, c’est déjà bien. Mais le faire en union avec l’action du Sauveur, cela change tout. Ne vivons pas comme des gens perdus, mais comme des sauvés à qui Dieu a donné la lumière pour leurs frères !