homélie de la Toussaint 2025
Aujourd’hui nous nous réjouissons de la gloire des saints, de la victoire que Dieu leur a donnée sur toutes les forces du mal afin qu’ils resplendissent dans l’amour. Connus ou inconnus, comment font-ils partie de l’immense peuple des saints ? Parce qu’ils se sont laissés sanctifier, façonner par Dieu. C’est l’Esprit Saint qui sanctifie, qui restaure, enrichit et perfectionne l’image de Dieu placée en nous lors de notre conception. Cette action de l’Esprit, nous y acquiesçons par la foi. On dit que l’on est sauvé par la foi, car c’est par la foi, la confiance, l’abandon à Dieu que nous le laissons agir en nous.
Les Béatitudes indiquent que l’action de l’Esprit en nous dépasse ce qui se passe normalement au niveau des êtres humains. Habituellement, être pauvre de cœur expose à la détresse, au dépouillement. Mais par l’Esprit, être pauvre de cœur nous rend détenteurs du Royaume du Ciel. Pleurer est signe de tristesse, mais l’Esprit dépose en nous l’assurance de l’amour de Dieu et nous console. L’Esprit Saint rend les doux conquérants, il comble les affamés de justice, il donne une joie qui coule du cœur de Dieu et permet de surmonter toutes les épreuves et les persécutions. L’Esprit nous fait vivre à un autre niveau, où Dieu est réel, où son amour est lumière. Ce niveau, nous l’atteignons par la foi, par toutes ces décisions intérieures où nous mettons Dieu en premier. Et même cette foi, c’est à Dieu qu’il nous faut la demander comme un don.
L’Esprit Saint commence à faire de nous des saints, et nous lui répondons par l’offrande de nous-mêmes, par une vie de plus en plus donnée, transformée, par l’amour de plus en plus vécu, un amour que Dieu perfectionne au long des événements de notre vie et par tous les choix d’amour et de vie que nous posons, et tous les choix de mort et de repli que nous refusons.
Tout cela agrandit notre cœur et nous prépare à faire partie des bienheureux. Cela est vraiment désirable. C’est la chose la plus désirable de notre existence, bien qu’elle soit difficile à se représenter. Comment désirer quelque chose que nous peinons à imaginer ? Dans l’Apocalypse, nous voyons les bienheureux chanter la louange de Dieu. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie qu’ils vivent dans l’émerveillement, dans une joie intense, dans une grande jubilation pour tout ce que Dieu est et fait, et qu’ils commencent à comprendre peu à peu.
On pourrait se dire : et après, que feront-ils ? La question ne semble pas se poser. Sans doute car c’est incongru de penser qu’on pourrait un moment donné avoir fait le tour de ce que Dieu est et fait, et que la louange deviendrait lassante. Déjà, si quelqu’un voulait goûter et contempler toutes les merveilles de la Terre il lui faudrait plusieurs vies. Mais ici, nous parlons de celui qui est l’auteur de tout et qui dépasse tout d’une façon infinie. Comment se lasserait-on de le contempler, de jubiler en le contemplant, de chanter en le louant ? J’espère que je vous donne un peu le tournis de la vie éternelle, et le désir de cette ivresse délicieuse. C’est d’ailleurs parce qu’ils l’ont entrevue et ne peuvent pas immédiatement y goûter que nous devons prier pour les défunts qui ont encore besoin de purification; ce que nous ferons demain et pouvons faire à chaque eucharistie.
La joie des bienheureux c’est encore, comme le suggère saint Jean, la joie d’aimer et d’être aimé, de vivre à fond comme enfants de Dieu, créés à son image, appelés à le voir tel qu’il est et à lui ressembler de plus en plus. La joie du ciel n’a pas de mesure et elle nous est promise. Entrons aujourd’hui dans la joie des bienheureux !

