homélie du 2e dimanche C, 19 janvier 2025

Ce lundi à la rencontre des fiancés, nous avons lu ce texte d’Isaïe 62 où Dieu présente son peuple comme l’épousée qu’il chérit. C’était une bonne occasion de leur faire sentir que leur mariage concernait toute la vie du peuple de Dieu et leur donnait une responsabilité spéciale dans la relation de Dieu à son peuple. Nous allons pouvoir approfondir cela car aujourd’hui ce texte nous est donné pour comprendre l’enjeu de ce qui se passe dans l’Évangile des Noces de Cana (Jn 2).

On pourrait n’y voir qu’un problème domestique que Marie aide à surmonter, nous encourageant à recourir nous aussi à elle quand nous buttons sur des problèmes, car on voit bien qu’elle a le bras long auprès de son Fils. Je ne suis pas sûr que cette interprétation soit correcte, et tout à l’heure nous verrons le vrai rôle de Marie envers nous.

Dans ce moment de la vie du Christ, le mariage où il n’y a plus de vin c’est l’union de Dieu avec l’humanité, c’est la première Alliance que Dieu avait tissée avec son peuple, qui avait apporté de nombreux bienfaits mais qui, finalement ne correspond pas aux besoins de l’humanité car elle est comme de l’eau pour un mariage — l’eau dont les serviteurs rempliront les jarres servant à la purification rituelle prévue par cette première Alliance. Le signe que Jésus va faire en changeant l’eau en vin au cours de noces indique qu’il accepte que son heure soit venue, comme il dit : l’heure de donner sa vie toute entière pour que nous puissions boire un bon vin, un vin inégalé, signe d’une joie de Dieu débordante pour tous ceux qui entrent dans cette nouvelle Alliance.

Quelle est la source de cette joie ? Jésus est venu pour nous donner le vin le meilleur, l’amour de Dieu. Le rapport de Dieu à son peuple est connu par tout juif comme celui d’un jeune homme épris de sa fiancée et qui conclut un mariage de bonheur avec elle. Maintenant que Jésus a donné sa vie pour que l’engagement de Dieu avec nous soit indissoluble, le mariage en a reçu une nouvelle signification, et l’union indissoluble de l’homme et de la femme est de grande estime dans l’Église, bien qu’elle soit tellement fragilisée de nos jours. Tous ne peuvent pas vivre ce signe, mais tous peuvent vivre ce qu’il indique : l’union au Christ, source de toute joie.

Le Seigneur ne nous a pas seulement apporté de bonnes dispositions et valeurs pour vivre fraternellement sur la terre, bien que cela soit très important. Ça, c’est ne boire que de l’eau. Mais il nous a apporté l’amour de son cœur. Et nous pouvons vivre dans cet amour tout au long de notre journée, en laissant notre esprit ou notre voix dire au Seigneur l’amour que nous lui portons en retour de son amour posé sur nous. Vivre en présence du Seigneur heure par heure n’est pas une activité réservée aux mystiques, mais c’est le propre du chrétien. Jésus nous a demandé de veiller, le cœur dans l’attente. Ce n’est pas que pour le dimanche, mais chaque jour.

Vivant avec le Seigneur heure par heure, nul désarroi ne nous renverse, nulle crainte ne nous emporte, car nous sommes sans cesse fixés en Dieu. Jésus qui aujourd’hui change l’eau en vin nous dira ensuite comment nous pouvons faire de même : demeurez en moi, comme moi en vous ! (Jn 15,4) Et Marie aussi donne la recette pour que nous puissions changer nous-mêmes l’eau en vin dans notre vie : « faites tout ce qu’il vous dira ! » Cette parole adressée aux serviteurs nous arrive et nous encourage. Marie sait que c’est le chemin du vrai bonheur ; un chemin difficile, mais le seul vrai. Lisons l’Évangile et mettons-le en pratique, convertissons sans cesse notre vie pour qu’elle soit fondée sur les promesses du Christ. Cessons de ne boire que de l’eau ou de la piquette !