homélie du Christ Roi de l’univers, 23 novembre 2025

Dieu n’a pas créé l’humanité dans un moment de distraction, pour ne plus s’en préoccuper ensuite. Et, s’il s’en préoccupe, ce n’est pas seulement en dictant de haut sa volonté. Il s’est fait proche. Il veut nous conduire avec intimité, non de loin. Celui que nous reconnaissons comme Fils de Dieu, le Christ, est le Messie, le roi de justice attendu par les prophètes, le roi meilleur que David qui fut pourtant un roi souvent pris comme référence.

Les apôtres les premiers ont reconnu Jésus comme le Messie. Ils se demandent comment il est roi, et juste avant l’Ascension ils demandent : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » — « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité », leur répond-il (Ac 1,6-7). Oui, il y a un règne du Christ, mais les apôtres doivent encore comprendre et expérimenter de l’intérieur comment le Christ est roi.

Comment l’est-il ? Pas en exigeant ni en s’imposant, mais en servant, et en servant jusqu’à donner sa vie. C’est ainsi qu’il prend le pouvoir réellement sur le mal, tandis que la plupart disent : si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même… et nous avec !

Nous sommes toujours déroutés par la façon dont Dieu remporte la victoire. Cela a pour nous l’apparence d’une défaite. Mais en profondeur le monde est retourné par la croix du Christ, l’humanité est retournée et devient capable de servir. Tout, par l’offrande du Christ, est réconcilié avec le Père. Il a fait « la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel » (Col 1,20) Il transforme un monde de méfiance et d’accusation en un monde de confiance et de joie.

Les chrétiens sont témoins de cette humanité nouvelle. Alors que le monde semble s’endurcir de plus en plus, le Christ a commencé à régner visiblement au milieu de nous, même s’il reste des zones d’ombres qui progressent ou régressent. Nous sommes son peuple, le peuple qui veut accueillir son règne et s’y convertir sans cesse : l’Église. Nous disons : sois notre roi ! Sois la tête de ton Église qui est ton corps ! Que nous soyons unis indéfectiblement à ton Corps qui est l’Église, avec joie et avec amour.

Pour accueillir le règne du Christ dans notre vie et que notre vie soit comme un avant-poste de ce règne nous faisons deux types d’efforts. Le premier, pour accueillir son règne dans notre vie en orientant nos choix de plus en plus selon son évangile. Nous disons de plus en plus sincèrement : Jésus, sois mon chef et mon ami ! Un chef à la manière d’un ami, de sorte que je fasse ce que tu aimes, et rejette ce que tu n’aimes pas.

Nous faisons aussi effort pour accueillir son règne en habitant sa manière d’être roi. Nous aussi faisons l’expérience de notre faiblesse, d’être rejetés, etc. et nous le prenons pour de l’échec. Mais « heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. C’est ainsi que vos pères ont traité les prophètes. Votre récompense sera grande dans les cieux ». Le Royaume avance aussi, sinon plus, dans les peines de l’Église, dans la persécution des chrétiens. « vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1,8).

Le bon larron avait bien compris que Jésus rejeté, humilié, était en train d’inaugurer son règne. Il voyait déjà sa vie réussir dans ce règne de Dieu. Nous aussi, cessons de nous cramponner à des sécurités qui ne peuvent que filer entre nos doigts, sécurités de santé, d’argent, de notoriété, etc. Prenons comme seule sécurité le cœur du Christ, qui est toujours ouvert pour nous, qui est le refuge où notre vie s’épanouit à l’abri de la fureur du monde. Là nous trouvons la lumière et la joie, pour toujours.