homélie du 3e dimanche de l’Avent, Notre-Dame d’Igny
Heureux{joomplu:489} Jean, qui es pris pour le Christ ! C’est parce que tu ouvrais un chemin d’espérance pour tous ceux qui venaient à toi, tous ceux qui croyaient que leur vie était dans l’impasse à cause de leurs fautes et qui pouvaient de nouveau espérer la miséricorde de Dieu. « Produisez donc des fruits qui expriment votre conversion », leur disais-tu. Non pour mériter, comme une compensation du mal commis, comme une monnaie d’échange pour un Dieu qui serait commerçant ou guichetier. Mais pour mériter, comme la trouvaille d’un cœur qui cherche, qui se détourne de ce qu’il a cherché de mauvais pour s’unir à Celui qui peut le combler.
Ceux qui viennent à Jean peuvent enfin chercher Dieu car il vient à eux. La nouveauté du Nouveau Testament n’est pas qu’on y parle enfin de miséricorde, car dès la Première alliance Dieu annonce sa tendresse au pécheur. Mais ce qui est nouveau c’est que Dieu a fait désormais tout le chemin pour que cette miséricorde atteigne son but : l’union de l’homme à Dieu. Jean n’est pas le Christ, mais il peut le désigner et dire : voici l’Agneau de Dieu ! Le Messie vient, baptiser dans l’Esprit et le feu, baptiser dans l’Esprit d’amour qui l’unit au Père. Le Christ vient offrir la communion que la conversion préparait.
De là la joie de ce jour : elle est la joie de l’amour retrouvé. Tu m’aimes, Seigneur, et je peux t’aimer : l’amour de mon cœur tiède et inconstant, l’amour de mon cœur vite découragé, peut atteindre ton cœur car tu es venu toi-même dans notre nuit, car tu es le Sauveur. Et ainsi tu amasses le « grain » de mon amour dans ton « grenier ». Pour aujourd’hui, donne-moi de vivre dans la foi, de placer mon cœur face à toi que je ne vois pas, de t’offrir du temps et de l’attention, d’être généreux envers ceux que tu me donnes comme prochain.
Prions que personne ne se contente d’être la « paille », ne se dise : c’est assez qu’il y ait la miséricorde, il n’est pas nécessaire de produire du fruit, il n’est pas nécessaire de vivre dans la justice, il n’est pas nécessaire de répondre à cet amour par mon amour actif ; la miséricorde me permet de vivre comme je veux puisqu’il m’aime quand-même ; aimer le Seigneur, suivre ses chemins est facultatif puisqu’il est bon pour tous. Mais celui qui néglige de vivre dans l’amour, de répondre à l’amour par un amour de plus en plus fidèle, comment tiendra-t-il devant le « feu » de l’amour ?
Que le Seigneur nous donne d’entraîner les autres dans la joie profonde, la joie de se donner soi-même, la joie de faire de sa vie une offrande qui réjouit le cœur de Dieu. Dieu veut que par sa miséricorde cela soit accessible à chacun, quelle que soit sa situation.