homélie du jour de Pâques, 31 mars 2013

Hier soir nous entendions que Pierre, après avoir constaté que le tombeau était vide, s’en était retourné chez lui perplexe. Il avait pourtant aussi entendu le récit des femmes et le rappel de l’annonce par Jésus de sa résurrection. Aujourd’hui nous apprenons qu’en plus de cela un autre disciple vivait les choses à un autre degré : Jean, dont on dit : il vit et il crut. Il vit le tombeau vide que les autres avaient vu eux aussi, et il cru, c’est-à-dire qu’il prit au sérieux ce que Jésus avait annoncé de lui.

Plus tard il y eut des apparitions du Seigneur aux apôtres, et nous apprenons en les entendant qu’à ce moment-là aussi « certains eurent des doute » (Mt 28,17). De tout cela nous comprenons que la foi ne naît pas d’une constatation seulement, mais qu’il faut qu’un certain signe soit accompagné d’une disponibilité du cœur et d’une adhésion du cœur.

La foi c’est accepter que la réalité soit changée par ce que Dieu fait. C’est éviter de dire : Christ est ressuscité — et alors  !, pour dire : Christ est ressuscité, ma vie est changée ! Je regarde ma vie autrement. J’accepte que les réalités d’en haut viennent changer mon regard sur ma vie.

Moi qui me demande si souvent ce que les autres pensent de moi, si je suis aimé, si je suis accepté dans mon travail, mon école, si je suis aimé dans ma famille, par mes amis… Moi qui me demande si souvent ce que je vaux, ce que j’ai de spécial, ce que j’ai pour être aimé… Moi qui suis tenté de me déprécier, de me considérer comme moins que rien, ou comme trop abîmé par la vie… Je suis invité à porter un autre regard sur moi-même, à me regarder à partir des réalités d’en-haut : je suis vraiment un enfant de Dieu bien-aimé de lui ; j’ai pour mon Créateur une valeur inestimable, au point qu’il a envoyé son Fils pour moi comme pour mon frère et ceux que j’ai du mal à aimer. Le Christ vient à moi, il me dit qu’il me choisit, qu’il a donné sa vie pour moi. Je suis baptisé, la vie de Dieu est en moi et j’y suis adapté. C’est ainsi que nous devons nous regarder, spécialement dans les moments de désarroi intérieur où nous nous demandons ce que nous valons ou comment va se passer notre avenir.

Vivre de foi c’est laisser les réalités d’en-haut changer notre regard sur ce qui compte vraiment. Alors nous serons capables d’une vraie conversion. Nous pourrons prendre distance par rapport à l’argent, à la séduction, au goût du pouvoir, à l’inquiétude de ne pas être aimé. Alors notre cœur sera vraiment libre pour se mettre au service de tous, des pauvres surtout, et de tous ceux qui ont besoin de notre amour. Alors nous connaîtrons un bonheur que nul ne pourra nous ravir.

Amen.