homélie du 2e dimanche de l’Avent, 6 décembre 2020
{joomplu:552} Une petite vingtaine d’années avant que Jean n’offre le baptême de conversion au désert, un garçon de 12 ans avait impressionné les docteurs de la Loi par sa sagesse vive et perçante. Certains ont dû se demander si le Messie n’était pas venu dans le monde. Et puis, plus rien. Silence du côté de Dieu… Les années passent… Que fait le Seigneur ? Ne nous a-t-il pas abandonnés ? Paraîtra-t-il bientôt ? Il devait y avoir une réelle attente du Messie pour que les gens se ruent ainsi au baptême de Jean, « toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem ».
Quand Celui qui est plus grand que Jean s’est mis à parler et à agir, un certain nombre de Juifs n’ont pas trouvé qu’il répondait à leurs attentes, tandis que d’autres lui on ouvert leur cœur et sont devenus disciples, de près ou de loin. Quand les apôtres et leurs successeurs ont annoncé Jésus dans tout le monde de leur époque, certains ont voulu les faire taire à tout prix car ils dérangeaient l’ordre de la société qui leur convenait ou qu’ils aimaient. Mais d’autres ont accueilli leur parole et se sont mis à en vivre. Ils l’ont fait d’autant plus ardemment que l’Évangile leur venait comme une libération par rapport à la violence ou au mépris dont ils souffraient, par rapport aux ténèbres contres lesquelles ils étaient fatigués de lutter. Et c’est ainsi que l’Évangile a gagné de plus en plus de cœurs, tandis que d’autres lui restaient fermés — bien qu’à une époque ces gens fermés au Christ étaient quand même répertoriés parmi les « chrétiens ».
Aujourd’hui, les cœurs sont-ils disponibles pour le Messie comme ils l’étaient alors ? Sans doute que oui, comme à toute époque : ni moins, ni plus. Il y a ceux qui sont satisfaits et n’ont pas besoin que Dieu s’approche d’eux, car il serait plutôt une menace pour leur style de vie. Mais il y a aussi ceux qui n’en peuvent plus et qui cherchent une vraie consolation. Souvent, ils l’ont d’abord cherchée dans toutes les propositions ésotériques qui sont sur le marché. Ils ne pensaient pas la trouver dans le christianisme, mais s’ils ont rencontré un témoin authentique du Christ cela a pu toucher leur cœur. Ces jours-ci, les frères et sœurs de Tibériade sont allés donner un coup de main à l’aumônerie de Jolimont, et j’entends dire que bien des cœurs ont été touchés et ont envie de se remettre à chercher le Christ.
Ceux qui viennent ou reviennent à Jésus, ceux qui lui font une place en eux, et nous qui voulons revenir à lui en cet Avent, tous nous recevons une lumière d’amour et nous sommes consolés. Les textes de la liturgie de tous ces jours sont une telle consolation, une telle espérance ! Mais ensuite, nous avons tous besoin de deux choses que les textes nous rappellent aujourd’hui.
Nous avons besoin de conversion, de préparer dans notre vie les chemins par où le Seigneur pourra continuer à venir nous rejoindre. Sans un cœur qui cherche à retrouver sa pureté, comment continuer d’avoir du goût pour le Seigneur ? Sans chasser l’inquiétude par la confiance, comment redevenir enfant de Dieu ? Sans grandir dans l’humilité, comment aimer notre prochain comme nous-même ? Oui, les chemins du Seigneur se préparent, afin qu’il ait un plein accès à notre intériorité. Si nous ne les préparons pas, nous serons comme ces routes encombrées où les secours ne savent pas circuler pour sauver ceux qui sont en danger. Il ne faut pas que le Seigneur soit pris dans nos embouteillages intérieurs.
Enfin, la lumière et la consolation de Dieu se fixent en nous par la persévérance, comme nous y exhortait saint Pierre. Bien des fois nous serons tentés par le découragement. Nous dirons que le Seigneur tarde, encore plus que le déconfinement. Mais si pour le premier ministre une semaine est comme un jour, pour le Seigneur c’est mille ans qui sont comme un seul jour. Ne restons pas fixés sur ce qui ne va pas. Même si nous nous sommes lamentés, ne nous lamentons plus sur notre vie. Veillons à creuser notre désir plutôt qu’à réduire nos attentes. Ainsi notre cœur restera brûlant même quand il ne se passe rien en apparence. Car le Seigneur vient !