Homélie du 3e dimanche de l’Avent, 13 décembre 2020
{joomplu:374} Jean-Baptiste nous permet de sentir quelque chose de l’irruption de Dieu dans la vie humaine et dans l’histoire humaine. « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas » (Jn 1,26), dit Jean. Il est bon de prendre le temps de s’étonner de cela : quand Dieu vient, il est quelqu’un que nous ne connaissons pas et qui est là.
Ce n’est pas comme le dieu que nous nous serions fabriqué, comme on le fait souvent quand on parle à Dieu sans considérer qui il est ni ce qu’il veut, mais seulement ce que nous nous voulons. Alors nous prions en disant Ô Dieu, faites qu’il m’arrive ceci ou cela. Et si cela se passe ainsi, nous disons que notre croyance est renforcée, tandis que si cela ne se passe pas comme nous le voulons nous nous mettons à douter ou nous disons que nous perdons la foi.
En fait, tant que nous en restons à ce niveau, nous n’avons jamais eu la foi au vrai Dieu. Car il ne fonctionne pas comme cela. Croire en Dieu et prier, ce n’est pas essayer de se mettre dans la manche d’un grand organisateur de l’univers. Croire en Dieu et prier c’est accueillir celui qui vient à nous, qui vient à nous car il nous aime, et que nous devons apprendre à connaître en le fréquentant. « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas » et ça serait trop dommage de dire « je le connais déjà et il ne m’intéresse pas » alors que nous ne le connaissons pas. Et il ne faudrait pas non plus dire « Où est-il ? Quand sera-t-il utile de m’intéresser à lui ? » alors qu’il est au milieu de nous et que c’est maintenant que nous devons le côtoyer pour le connaître.
Jean-Baptiste était témoin du Christ. Il a voulu préparer les cœurs à la rencontre du Seigneur, et a dû se réjouir de voir deux de ses disciples, Jean et André, devenir les disciples de Jésus. Jean rendait témoignage à la lumière, et sa joie était grande de voir la lumière accueillie. Nous-mêmes, nous sommes heureux lorsque nous voyons des personnes choisir la lumière en s’attachant au Christ. Au contraire, nous les plaignons quand nous les voyons se mettre à vivre sans lui. Celui qui marche avec le Seigneur Jésus peut avancer sans crainte, il aura la lumière de la vie.
Ce dimanche nous avons proposé aux enfants de la catéchèse une interview d’une enfant de 10 ans qui en 2014 avait dû fuir sa ville de Qaraqosh en Irak suite aux exactions de l’État islamique. Quand on lui demandait ce qu’elle ressentait envers ceux qui les ont chassés, elle disait : « je ne leur ferai rien, je demanderai juste à Dieu de leur pardonner. » Quand le présentateur lui parlait de son retour à la maison, elle disait : « si Dieu le veut. Pas ce que nous voulons, mais ce que Dieu veut, parce que lui sait. » Elle disait aussi : « Jésus ne t’abandonnera jamais. Si tu le crois vraiment, il ne t’abandonnera jamais ».
Nous sommes tous abasourdis et blessés par les mesures irrationnelles du Gouvernement qui limite à 15 l’assistance à la messe alors que nous avons un protocole qui en fait une activité avec très peu de risque. Ce n’est pas comme aller à la piscine sans masque, ou au super-marché plein de gens surexcités. Nous sommes peut-être tristes et perplexes de voir que les évêques acceptent tout cela sans broncher, comme si nous devions être honteux d’être catholiques. En plus, certains d’entre nous ont perdu quelqu’un de proche ou sont inquiets pour sa santé, et nous devons vivre cela dans un certain isolement. Notre cœur a bien des raisons d’être sombre. Alors réagissons en aspirant à la seule lumière qui illumine l’intérieur de nous-mêmes : celle de Dieu, celle que lui seul peut donner quand nous durons dans la prière.
Seigneur, viens illuminer nos cœurs ! Viens nous visiter et fais de nous tes témoins, pour que les autres non plus ne se contentent pas des ténèbres de l’amertume et du découragement.